Abonnement, LLD, achat, … : est-ce vraiment plus simple de financer son véhicule en 2023 ?

Abonnement, LLD, achat, … : est-ce vraiment plus simple de financer son véhicule en 2023 ?

© Elisa Riva / Pixabay / CC

Payer comptant son véhicule ou a crédit semble désormais appartenir au passé. Ces dernières années, de nouvelles solutions de financement, d'apparence plus souples, ont fait leur apparition dans les concessions. Où en est-on et vers où va-t-on ? Éléments de réponse. 

Industrie automobile et secteur bancaire sont intimement liés. Sans apport de capital, il est impossible de produire mais surtout de s’offrir un véhicule. Des décennies en arrière, des clients avaient pour habitude de payer « cash » leur nouvelle voiture. Il y a dix ans de cela, acquérir une Renault Clio III d’entrée de gamme mobilisait 4,9 mois de salaire. Désormais, acquérir un exemplaire de la citadine française dans sa version de base demande de consacrer 7,6 mois de salaire, en se basant sur le revenu mensuel moyen établi en France, pour l’année 2022, à 2 340 euros nets, selon l’Insee.

Pour aller chercher les fonds manquants, on pourrait alors croire que les automobilistes ont massivement sollicité leurs banques ou les différents organismes de crédit. Cela a bien été le cas pendant une longue période mais tend à ne plus être la norme. Pour mémoire, permettant d’obtenir jusqu’à 75 000 euros – en fonction de ses capacités d’endettement – et généralement remboursable sur sept ans, le crédit automobile assure à l’emprunteur la pleine propriété du véhicule à l’issue du plan de remboursement. Les mensualités étant dues non pas à la signature du bon de commande, mais à compter de la livraison, c’est-à-dire de l’immatriculation du véhicule.

Selon le baromètre de l’Association française des sociétés financières (ASF), le recours du crédit pour financer un véhicule neuf est de moins en moins un automatisme. L’an dernier, à l’issue du premier semestre, 693 millions d’euros de crédits automobiles avaient été produits par les différents acteurs se partageant le marché. Soit un volume en recul de 17,8 % par rapport à la même période un an auparavant. Dans le même temps, 3,928 milliards d’euros de location avec option d’achat (LOA) ont été financés par ces mêmes organismes en France. Un volume en hausse de 5,6 % sur un an. Voilà donc ce qui a changé. « La part du crédit automobile diminue [en France], du fait de la préférence des utilisateurs pour la LOA », relevait fin 2021 Eurogroup Consulting dans son Baromètre du financement automobile européen.

Un véhicule neuf pour 5 euros par jour

À l’échelle européenne le même constat est posé : « Le nombre de contrats [de crédits automobiles] a chuté en trois ans, s’expliquant par la pénétration de la LOA dans certains marchés ainsi que par les effets de cycle qui peuvent exister sur les marchés automobiles. En trois ans, la part de crédits a significativement baissé pour les véhicules neufs particuliers (- 2 %), d’entreprise (- 2 %) et commerciaux (- 2 %). En revanche, le crédit pour le financement de véhicules d’occasion a augmenté de 6 % tandis que la valeur moyenne financée a augmenté sur les deux segments VN et VO pour les véhicules particuliers – en particulier pour le VN – s’expliquant par une montée en gamme des acquisitions », avancent les auteurs du document.

Avec de plus en plus d’acteurs installés sur le créneau du financement automobile (source de revenus pour l’ensemble du secteur), des formules plus innovantes, souples, flexibles que le simple emprunt ont vu le jour. Facilités de financement jadis réservées aux clients professionnels, le crédit-bail – aussi appelé location avec option d’achat (LOA) – ou la location longue durée séduisent aussi les clients particuliers. De nouvelles offres qui sont aujourd’hui d’ailleurs clairement mises en avant dans les brochures et les communications des constructeurs automobiles. Il suffit simplement d’observer les publicités diffusées ou de faire un tour sur les configurateurs en ligne pour s’en rendre compte.

Il est de plus en plus rare que le prix, au comptant, d’un véhicule soit spontanément mentionné. Celui-ci ayant été remplacé par une mensualité. À titre d’exemple, les campagnes marketing du constructeur low-cost roumain Dacia mettent en avant qu’il est possible d’accéder à ses véhicules à partir de 5 euros par jour (à condition de respecter scrupuleusement les conditions générales de vente, et de se contenter bien souvent des versions de base, sans option).

La LLD pour tous

Selon l’éditeur de logiciels professionnels Cardata, la location longue durée (LLD) s’est popularisée à la fin des années 1980 « où cette nouvelle forme de financement a permis aux entreprises en forte croissance de se munir d’un parc automobile important sans voir fondre leur trésorerie ». On comptait alors environ 10 000 véhicules sous contrat avant d’en dénombrer 1,5 million trois décennies plus tard. Il faut dire que cette formule locative a également su intéresser les plus gros rouleurs, parmi les clients particuliers, contraints de changer régulièrement de véhicules.

Actuellement, selon les données du Syndicat des Entreprises des Services Automobiles en LLD et des Mobilités (SesamLLD), en France, 1 véhicule sur 3 immatriculé est aujourd’hui rattaché à un contrat de location longue durée. Ainsi, en novembre 2022, sur les 154 868 véhicules mis à la route en France ce mois-là, 47 051 véhicules particuliers et utilitaires l'ont été en LLD. Ce qui représente 30,4 % des immatriculations. « Les immatriculations en location longue durée sont en hausse dans un marché en deçà du niveau d’avant-crise. Malgré une reprise de l’offre automobile, le marché de la LLD conserve une place importante », commentait SesamLLD dans son flash mensuel. L’année précédente, à la même période, sur les 146 328 véhicules livrés, 46 190 l'avaient été avec un contrat de location longue durée. Ce mode de financement représentant alors 31,6 % des immatriculations de véhicules neufs dans le pays.

Si la LLD séduit tant les clients BtoB que la cible BtoC c’est grâce à la souplesse apportée dans les démarches. En effet, dans le cadre d’un contrat de location longue durée, l’utilisateur verse une somme d’argent en échange de l’utilisation du véhicule. Il ne rembourse pas une mensualité auprès d’un établissement de crédit. L’accès à ce mode de financement est donc facilité puisque moins d’opérations de contrôle de la situation financière du conducteur sont nécessaires pour conclure le contrat. De plus l’utilisateur ne sera jamais propriétaire du véhicule et s’engage à la rendre une fois le contrat arrivé à terme. En optant pour la location longue durée (LLD) « une société spécialisée achète le bien et le met à disposition en échange du versement d’un loyer mensuel sur une période définie et de l’utilisation du bien selon les conditions prévues au contrat. En cas d’incident de paiement, le propriétaire peut reprendre le bien », rappellent les services de Bercy (voir encadré ci-après).

L’automobile à la sauce Netflix

Depuis l’an dernier, de nouveaux acteurs – issus de groupes automobiles ou captives financières – sont venus bouleverser cet équilibre : achat, crédit, leasing, LLD. Affichant des prestations similaires aux autres modes de financements évoqués, ils apportent de nouveaux services et avantages aux clients. L’idée principale est de privilégier l’usage à la possession. Et donc de ne payer que pour ce qu’on consomme réellement : c’est-à-dire le kilométrage effectué. Cette nouvelle tendance à un nom, il s’agit de l’abonnement automobile.

Une étude du Boston Consulting Group (BCG) prévoit d’ailleurs que cette nouvelle tendance devrait représenter « un marché de 30 à 40 milliards de dollars et concerner 15 % des ventes de voitures neuves, sur la base d’un volume de 5 à 6 millions de véhicules en abonnement » en Europe, à l’horizon 2023-2024. Ce qui ferait du marché européen la principale zone de développement de cette solution.

En France, ce nouveau schéma de vente a été popularisé lors de l’introduction de la marque Lynk&Co sur le territoire. Propriété de Geely Group, ce constructeur chinois a communiqué sur le lancement de son SUV hybride rechargeable 01 (proche cousin du Volvo XC40) en mettant en avant une mensualité de 500 euros par mois – revue depuis à la hausse – et en refusant de révéler son prix catalogue.

« Ce qui nous différencie [des offres type LLD, ndlr] c’est la notion de "clé en main" avec l’entretien et l’assurance inclus. Chez nous, au bout d’un mois, le client peut résilier son contrat quand il le souhaite. Dans ce cas-là, soit le véhicule est rendu, soit il est acheté [par le client] à un prix calculé en fonction de l’âge et du kilométrage parcouru », expliquait alors Alain Visser, CEO de Lynk&Co International, dans les colonnes de L’Automobile & L’Entreprise (n°269).

« S’adapter au client »

Depuis, plusieurs autres constructeurs s’y sont mis avec pour principal argument de faire payer à leurs clients uniquement l’usage du véhicule et d’aller voir ailleurs s’ils ne sont plus satisfait du modèle utilisé ou de la marque en elle-même. Fiat a ainsi lancé une offre sur la citadine 500 électrique, à partir de 299 euros par mois dont la souscription se fait en ligne. La livraison est ensuite effectuée à domicile ou auprès d’un distributeur Fiat. Ce qui ne satisfait guère le réseau, a-t-on entendu en confidences, ces ventes échappant totalement aux établissements.

Volkswagen commercialise le contrat « Forfait Volkswagen Flexbilité » sur les SUV Taigo. Une offre réservée aux particuliers, qui permet de restituer le véhicule à n’importe quel moment, revoir son forfait kilométrique à la hausse ou encore changer de modèle en cours de contrat.

Enfin, plus récemment Suzuki a mis au jour Suzuki Flex, en partenariat avec Cetelem : « une location avec option d’achat qui s’adapte au client. Il s’agit d’une offre sans engagement mais qui permet de changer de véhicule au bout de six mois ou de restituer le véhicule » souligne la marque. Dernier constructeur arrivé dans la bataille, Citroën a imaginé, avec Free2Move, l’offre « Citroën On Demand ». Accessible sur le quadricycle Ami, la citadine C3 ou la compacte électrique ë-C4, cette proposition « vient enrichir le programme Citroën Citizen Services avec une offre de location transparente et en toute liberté pour répondre aux besoins de nos clients particuliers ou professionnels lorsqu’ils recherchent un véhicule disponible rapidement pour une durée flexible, quelle que soit leur localisation en France », s’enthousiasme Laurent Barria directeur marketing et communication Citroën.

LOA, LLD, crédit-bail, abonnement, … : de quoi parle-t-on exactement ?


LOA :

La location avec option d’achat (LOA) est aussi plus simplement désignée sous le terme leasing ou encore location avec promesse de vente ou crédit-bail [on privilégiera ce terme sur le marché BtoB, ndlr]. « Il s’agit d’une forme de crédit à la consommation qui permet à tout consommateur d’avoir la jouissance d’un bien en contrepartie du paiement de mensualités et de décider, à la fin du contrat, d’acheter ou non ce bien », rappelle le ministère de l’Économie et des Finances. Ce dernier précise aussi que le contrat proposé à la signature doit obligatoirement faire figurer les éléments suivants :

- les coordonnées du prêteur, de l’emprunteur et de ses éventuelles cautions
- la description du bien concerné
- le prix d’achat au comptant du bien loué
- la durée de l’opération de location
- la somme restant à payer en cas de levée de l’option d’achat à l’issue du contrat
- le montant des loyers et leur nombre
- un avertissement relatif aux conséquences d’une défaillance de l’emprunteur
- l’existence d’un délai de rétractation (14 jours à compter de la signature)
- l’adresse de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et celle de la Direction départementale de la protection des populations (répression des fraudes) compétente en cas de litige.

• LLD :

La location longue durée (LLD) « permet l’acquisition temporaire d’une voiture ou de tout autre bien ». Concrètement, cette formule est indiquée si l’automobiliste n’a pas envie de devenir propriétaire du véhicule mais utilisateur – locataire – pendant une période déterminée (de 12 à 60 mois). « Une société spécialisée achètera le bien et le mettra à disposition en échange du versement d’un loyer mensuel sur une période définie et de l’utilisation du bien selon les conditions prévues au contrat. En cas d’incident de paiement, le propriétaire peut reprendre le bien. À l’issue du délai d’utilisation convenu, le locataire doit obligatoirement rendre le bien au propriétaire et ne peut l’acheter ». Le contrat établi doit faire figurer les éléments suivants :

- les coordonnées du loueur, du locataire et de ses éventuelles cautions
- la description du bien concerné
- le prix d’achat au comptant du bien loué
- la durée de l’opération de location
- le kilométrage autorisé sur la durée du contrat
- le montant et le nombre de loyers à régler
- le montant des pénalités en cas de dépassement du kilométrage autorisé
- le montant des pénalités en cas de retard de paiement ou de non-paiement des loyers
- un avertissement relatif aux conséquences d’une défaillance de l’emprunteur.

• Abonnement automobile :

Relativement récent, l’abonnement automobile consiste à facturer à un client (particulier ou entreprise) l’usage d’un véhicule dont il ne sera pas propriétaire. Ce dernier définit son budget automobile en fonction de paramètres tels que le kilométrage envisagé, la souscription à diverses options, etc. L’abonné a la possibilité de mettre fin à son engagement (de 1 à 12 mois généralement) à tout moment : il lui suffit alors d’informer le prestataire (distributeur, constructeur, loueur, …) qui a le véhicule à sa disposition.

• Crédit-bail :

Comme évoqué plus haut, le crédit-bail est synonyme de location avec option d’achat (LOA). Cependant ce terme est davantage employé auprès de la clientèle BtoB que BtoC. En effet, le crédit-bail est populaire auprès des entreprises qui achètent du matériel (machines, outillage, …) lié à leurs activités. Les véhicules s’inscrivent également dans cette logique.
 

Enquête initialement publiée dans le n°282 (janvier 2023) de L’Automobile & L’Entreprise

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