Alliance Renault-Nissan, thérapie de couple

Alexandre Guillet

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Alliance Renault-Nissan, thérapie de couple

Jadis stratégique, l'Alliance Renault-Nissan (avec Mitsubishi) devient beaucoup plus prosaïque, pour un bail de quinze ans.

Le 6 février 2023, l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi entre dans une nouvelle ère avec un plan stratégique de quinze ans. Les rêves de grandeur ont fait long feu et il faudra se contenter d’une logique d’épicerie où on raisonne en euros et en yens sonnants et trébuchants.

Toute la scène est en noir et blanc, pas de couleur. Et les grands patrons, Jean-Dominique Senard en premier lieu, n’arrivent pas à donner le change, à grands coups de « if I may ». L’alliance Renault-Nissan, augmentée avec Mitsubishi, entre dans une nouvelle ère, un « new normal » fait de juristes et de banquiers, l’ordinaire pour l’industrie. Le communiqué de presse avait été envoyé plus de deux heures avant la conférence, un signe qui ne trompe pas.

Comme annoncé et validé par les états français et japonais, les participations croisées des deux groupes seront figées à 15 % dans un nouvel ensemble qui sera établi avant la fin de 2023. Renault, qui détenait jusqu'à présent 43 % de Nissan, va placer les 28,4 % de Nissan qu'il compte céder dans une fiducie, avec un droit de « première offre » pour le groupe japonais lorsque son partenaire français décidera de vendre des titres. L'objectif pour Renault est de monétiser ses actions quand il le souhaitera, sans peser sur le cours de Bourse de Nissan.

Des objectifs concrets à l'agenda

En marge de l’Alliance, Nissan investira jusqu'à 15 % dans Ampere, la future entité dédiée aux véhicules électriques de Renault, qui doit être introduite en Bourse, avec un espoir de valorisation de 10 milliards d’euros. Mitsubishi, troisième membre de l'Alliance, songe à y investir aussi. Le montant de l'investissement de Nissan ou même un engagement ferme du groupe japonais à investir dans Ampere n'ont pas été précisés. « La valeur d’Ampere, c’est le marché qui va la fixer », avance, volontiers évasif, Luca de Meo, directeur général de Renault, qui se veut prosaïque pour l’occasion : « Je dois m’assurer que mon projet soit attractif, pour que Nissan et Mitsubishi veuillent y mettre leur argent. Ils ne sont pas obligés de le faire et il y a des offres concurrentes ».

Des projets opérationnels sont évoqués en Amérique latine, au Mexique, en Inde et en Europe. Makoto Uchida, président de Nissan, et Takao Kato, président de Mitsubishi, resteront aussi très concrets, mettant en avant des marchés, des sites de production, comme la Turquie, et des modèles, comme de nouveaux SUV, pick-up ou compactes pour Nissan en Europe.

Ambiance de thérapie de couple post-adultères

Les dirigeants n’évitent même pas la métaphore du vieux couple : « L’Alliance était arrivée à un point où il y avait trop de compromis. Du rouge, du jaune, on faisait toujours de l’orange. Or la compétition interne peut être positive, au niveau de l’ingénierie, du design… ». Ou encore : « Comme dans un mariage qui dure, il y a eu des moments difficiles, mais aussi des moments heureux ». Ambiance de thérapie de couple post-adultères… « Nous allons réaliser des centaines de millions d’économies en synergies, nous sommes condamnés à travailler ensemble », sic.

L’intrigant chinois n’est pas oublié. Geely est venu à la rescousse de Renault en Corée du Sud, c’est Luca de Meo qui l’affirme. C’est donc Geely qui donne le tempo. Et Nissan n’est pas intéressé par Horse. On assure aussi que Geely n’entrera pas au capital d’Ampere, ne pas raviver la querelle des brevets et de la prime à l’innovation.

Deux certitudes s’invitent à la fin d’une conférence qui s’est tenue à Londres, City oblige. Jean-Dominique Senard a évité le fracas et sauvé ce qui pouvait encore l’être de l’Alliance, son mérite est immense, il faudra le rappeler. La chute de Carlos Ghosn, si romanesque, n’a pas livré tous ses secrets, loin de là. Enfin, sur les places de marché, l'action de Renault ne frémissait pas...

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