Arnaud Pigounides, président de Rev Mobilities.
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Rev Mobilities est engagé depuis 2017 dans la promotion du rétrofit, fait de remplacer un moteur thermique par un moteur électrique à batteries ou à hydrogène. Depuis son autorisation le 3 avril 2020, son président, Arnaud Pigounides, s’active à son déploiement en France et a récemment ouvert un premier site dans le XVe arrondissement de Paris, avec pour ambition de faire connaître la solution rétrofit et ainsi accélérer le développement de la filière en France et en Europe.
Décision Atelier : Cela va faire bientôt trois ans que le rétrofit est légal, où en est son développement ?
Arnaud Pigounides : La décarbonation est devenue une urgence et le rétrofit se positionne comme une alternative économique et écologique pour les particuliers, les flottes ou encore les collectivités locales. Depuis l’arrêté du 3 avril 2020, les véhicules anciens comme récents de plus de 5 ans, utilitaires et poids lourds peuvent être convertis à l’électrique. Avec un cahier des charges industriel, nous proposons des batteries neuves à prix abordables : un véhicule rétrofit coûte la moitié du prix d’un véhicule électrique neuf.
Décision Atelier : Comment Rev Mobilities rend le rétrofit abordable ?
Arnaud Pigounides : Par sobriété, Rev Mobilities propose la quantité de batteries nécessaires par rapport au kilométrage moyen des automobilistes, ce qui couvre 90 % des besoins. Pour la grande majorité, il n’y a pas besoin d’afficher 500 km d’autonomie. De plus, l’État aide financièrement au rétrofit, notamment avec la prime à la conversion ou encore le bonus. De notre côté, Rev Mobilities a aussi créé un écosystème de financement et d’assurance, pour une offre globale et packagée en fournissant également des bornes de recharge. L’objectif est de rassurer les acheteurs de véhicules thermiques et leur dire qu’ils peuvent le rétrofiter. En effet, il n’y a pas assez bornes aujourd’hui pour satisfaire la demande, mais cela va venir et s’accélérer pour alimenter les milliers de véhicules électriques qui circuleront en 2024.
Décision Atelier : Rev Mobilities a récemment inauguré son premier centre, situé dans le XVe arrondissement de Paris. Quelle est sa fonction ?
Arnaud Pigounides : En plus d’être une solution alternative, le rétrofit se constitue en véritable filière industrielle de premier plan, permettant reconversions et créations d’emplois. C’est pour accélérer ce déploiement à grande échelle que le Rev Lab Beaugrenelle s’est implanté dans Paris. Ce « lab » est un lieu d’innovation et de partage : siège social, laboratoire, bureaux, showroom, lieu de formation et lieu évènementiel à destination des thématiques de la décarbonation des mobilités et de la transition environnementale.
Décision Atelier : Comment voyez-vous l’avenir du rétrofit ?
Arnaud Pigounides : Le rétrofit est une réelle alternative, et Rev Mobilities reçoit de plus en plus de demandes. Pour le moment, les batteries viennent de Chine (LG/Samsung), mais pour que la chaîne soit vertueuse, les cellules de batteries seront à terme fabriquées en France. Cela garantira également la pérennité industrielle française et européenne. Par ailleurs, Rev Mobilities prépare le catalogue 2023-2026, un plan produit d’un coût de 40 millions euros qui prévoit l’homologation de 50 véhicules. D’ici à deux ans les véhicules rétrofités représenteront 3 % du parc, et entre 5 et 10 % d’ici à 15 ans. Avec l’objectif de préparer cette transition vers l’électrique, Rev Mobilities travaille avec des acteurs agréés pour installer les systèmes et les maintenir. Au total, 200 ateliers sont partenaires et permettent un maillage du territoire satisfaisant. Rev Mobilities s’appuie également sur les zones de chalandise des CRVO, pour une présence dans les régions de Paris, Bordeaux, Nantes, Bretagne, et du Rhône-Alpes. Nous suivons de très près la feuille de route du plan rétrofit du Gouvernement, et nous avons rejoint Mobilians et sa filière du rétrofit.
Décision Atelier : Quelles sont les clés pour poursuivre le développement du rétrofit ?
Arnaud Pigounides : Avec le rétrofit, Rev Mobilities souhaite attirer une nouvelle génération de mécaniciens, plus technologiques et spécialisés dans l’électrique et l’électronique. La partie centre de formation du lab parisien propose ainsi un programme de formations et comme on dit, sans mobilité, pas de société. Enfin, malgré la peur du changement, les freins invisibles vont se lever : beaucoup d’investissements sont faits dans les usines, la formation, notamment grâce au plan rétrofit du gouvernement. Nous n’en sommes pas encore au stade industriel, mais Rev Mobilities est fier de représenter une priorité nationale.
