Avec Stellantis et Renault, le pétrolier saoudien Aramco mise sur le carburant synthétique

Avec Stellantis et Renault, le pétrolier saoudien Aramco mise sur le carburant synthétique

Aramco anticipe la baisse de la demande de pétrole avec la fin annoncée des voitures thermiques en Europe.

© Aramco China

Depuis quelques mois, le géant Aramco (Saudi Oil Company) multiplie des partenariats stratégiques sur carburants synthétiques et l'hydrogène vert, avec des constructeurs européens dont Renault ou encore dernièrement Stellantis. Anticipant la fin des voitures thermiques en 2035 en Europe, le premier pétrolier mondial, propriété de l'Arabie Saoudite, amorce un virage stratégique pour garder un pied dans l'industrie automobile malgré l'avènement de la voiture électrique. 

 

Plus discret médiatiquement et moins connu que TotalEnergies, le pétrolier saoudien Aramco, détenu à 90% par l'Arabie Saoudite, n'en reste pas moins la plus grande compagnie pétrolière au monde. Devant faire face à une situation conjoncturelle complexe, le pétrolier a vu ses bénéfices chuter de 38% au premier semestre 2023. Bien sûr, c'est anecdotique quand on se souvient des bénéfices record du pétrolier en 2022 à l'instar de ses concurrents sur la planète.

En cause pour expliquer ces mauvais résultats en 2023 : la baisse de la consommation pétrolière de son premier client la Chine. L'économie chinoise a ralenti tandis que la transformation vers la voiture électrique dans ce pays doit commencer à peser sur la demande en énergie fossile.

Anticiper le "Peak Oil" et la voiture électrique

Pour les dix prochaines années, le géant saoudien cherche donc à anticiper deux basculements : la fin de la commercialisation de la voiture thermique en Europe et l'avènement de la voiture électrique ainsi que le fameux "Peak Oil". Pour rappel, le "Peak Oil" est cette fameuse date à laquelle la demande en pétrole aura atteint son pic mondial. L'industrie pétrolière l'annonce désormais pour 2028, mais le développement rapide de la voiture électrique en Europe et en Chine pourrait encore modifier la donne.

A l'instar de l'Arabie Saoudite qui s'ouvre au monde occidental à travers le football ou encore le tourisme, le gérant Aramco cherche à anticiper ce reflux économique attendu dans les énergies fossiles en pariant sur l'avenir via des accords multiples avec des constructeurs automobiles.

Les accords avec Renault et Stellantis jettent les bases de l'avenir

Rappelons qu'en mars dernier, Aramco a signé une lettre d’intention pour prendre une participation dans la nouvelle entreprise que les groupes Renault et Geely vont créer pour développer des groupes motopropulseurs thermiques et hybrides.

« L'investissement d'Aramco serait utilisé pour soutenir la croissance de la société et contribuer à la recherche et au développement, notamment en ce qui concerne les solutions de carburants synthétiques et les motorisations hydrogènes de future génération. Il est prévu que Geely et Renault Group conservent des parts égales dans la nouvelle société indépendante », précise le communiqué du pétrolier saoudien.

A travers ce projet Horse, issu de la division thermique du groupe Renault, Aramco aurait ainsi la possibilité de développer des carburants synthétiques et l'hydrogène.

Le carburant synthétique dans le viseur d'Aramco

« Ce partenariat avec Aramco va permettre de faire passer à la vitesse supérieure l’activité de groupes motopropulseurs que nous développons avec Geely Group. Il va lui donner une longueur d'avance dans la course à la technologie thermique à très faibles émissions. L'entrée d'Aramco apporte un savoir-faire unique pour développer des innovations de rupture en matière de carburants synthétiques et d’hydrogène », complétait Luca de Meo, CEO de Renault Group.

Plus inattendu début septembre : l'accord entre Stellantis et Aramco qui ont confirmé la compatibilité de 24 familles de moteurs du constructeur avec les eFuels développés par le pétrolier saoudien. Même si Stellantis est résolument engagé vers la voiture électrique sans retour possible vers le thermique, le constructeur n'en cherche pas moins à préserver le parc roulant de ses voitures thermiques.

Des eFuels à base de CO2 et d’hydrogène vert

Pour rappel, les eFuels développés par Aramco sont basés sur un mélange de CO2 et d’hydrogène. Le CO2 est capté dans l’air ou récupéré sur des sites industriels, tandis que l’hydrogène doit être produit ou récupéré de manière durable. Aramco dispose actuellement de deux usines de démonstration. Le pétrolier travaille avec Enowa sur l’essence de synthèse et avec Repsol sur le diesel synthétique. Si la récupération de CO2 ne parait pas trop complexe, la production ou l’exploitation d’hydrogène vert reste plus délicate. Aramco n’avance aucune capacité de production pour le moment.

Stellantis veut préserver ses moteurs Euro 6

Cette collaboration technique avait été initiée depuis plusieurs mois entre les deux entreprises. Le résultat se révèle donc particulièrement intéressant pour les deux firmes. En effet, les moteurs concernés sont nombreux. Ils sont Euro 6 et datent pour les plus anciens de 2014. Selon le constructeur, 28 millions de véhicules en circulationpourraient donc fonctionner sans aucune modification avec les carburants de synthèse testés dans le cadre de ce partenariat technique.

Un gain de 400 millions de tonnes de CO2

Stellantis estime le gain potentiel en émissions de CO2 à 400 millions de tonnes entre 2025 et 2050, dans le cadre d’une utilisation sur ces 28 millions de véhicules en circulation. Les points testés concernaient la fiabilité, la capacité de démarrage, les émissions à l’échappement, la dilution de l’huile, la durabilité du réservoir, des durites, des filtres à carburant, ainsi que les performancesde ces carburants dans des conditions froides et chaudes. Les résultats précis restent confidentiels mais les deux entreprises se montrent optimistes. Pour Ned Curic, Chief Engineering and Technology Officer de Stellantis, ces carburants de synthèse « offrent à nos clients une solution facile et abordable pour diminuer leur empreinte carbone : aussi simple que choisir une pompe à essence différente dans une station-service, et sans aucune modification supplémentaire de leurs véhicules ».

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