Les distributeurs des marques de Stellantis estiment qu'ils ne sont pas associés aux bénéfices record du groupe en 2022.
À la lecture des résultats 2022 du groupe Stellantis, fort d’un bénéfice net de plus de 16 milliards d’euros, les distributeurs des quatorze marques du groupe ont eu une réaction plutôt mitigée. Plusieurs d’entre eux s’estiment lésés et oubliés. La grogne est palpable chez les investisseurs…
Quand un constructeur gagne de l'argent et publie des bénéfices record, il est logique que son réseau de distribution exprime également sa satisfaction. Lors de l'annonce des résultats record du groupe Stellantis, le 22 février dernier, par son CEO, Carlos Tavares, les choses ne sont pas déroulées ainsi... Bien au contraire !
Les distributeurs : les grands oubliés du partage
Dans les rangs des concessionnaires et investisseurs des quatorze marques du groupe Stellantis, c'est plutôt une réaction de grogne qui s'est rapidement installée. Comme un sentiment d'avoir réalisé une excellente année sur un plan commercial pour le constructeur sans être associé du tout aux résultats et aux bénéfices.
« Le succès n’est pas partagé et cela nous pose des problèmes », déclare un investisseur. « Nous ne sommes pas rétribués à la hauteur de nos engagements et de notre estime pour les marques ». Le ton est donné.
« Tout est fait pour que le réseau ne gagne pratiquement rien »
D'autres distributeurs soulignent également que « le prix des voitures a augmenté, mais les marges de la distribution ont diminué et surtout les marges arrières ont été placées avec des standards difficilement atteignables ». Et d'ajouter : « Tout est fait pour que le réseau ne gagne pratiquement rien. Nous sommes les grands oubliés du partage. Il est difficile d’expliquer aux personnes qui travaillent dans nos concessions que les salariés ne touchent pas les 4 300 euros d’intéressement. N’oublions pas que c’est nous qui vendons les voitures », déclare un autre investisseur.
Aucune rentabilité au sein des réseaux Opel, Citroën et Fiat
Parmi les marques du groupe Stellantis, trois d'entre elles sont pointées du doigt par les distributeurs pour l'effondrement de leur rentabilité et l'absence de vision pour les prochaines années. L'inquiétude est palpable pour Opel, Citroën ou encore Fiat. Le réseau Peugeot semble mieux loti même si une rentabilité estimée entre 1,2 et 1,4 % est tout juste acceptable au regard des efforts fournis dans un contexte de crise. Lors de la publication des résultats de Stellantis, le nouveau patron d'Opel France, Igor Dumas, annonçait une rentabilité de 0,14 % pour le réseau après quatre années de perte. « On ne peut pas se satisfaire que la moitié du réseau Opel perde de l'argent », rappelle un distributeur.
Baisse de la rémunération dans les réseaux
Plusieurs distributeurs des marques du groupe Stellantis font état d'une baisse de la rémunération. Outre le déficit du plan produits pointé chez Opel ou encore Citroën, voire Fiat, les investisseurs rapportent une baisse de la rémunération faciale sur la vente d'un véhicule tout en ayant des marges arrières complexes et pratiquement impossibles à atteindre. Alors que les contrats d'agence sont encore en discussion dans les réseaux du groupe Stellantis, une grogne s'installe chez les distributeurs. Une grogne de plus en plus palpable.
À noter ce distributeur qui n'attend plus rien du constructeur... « La méthode Tavares de réduction des coûts nous amène à réfléchir sur notre dépendance vis-à-vis du constructeur. C'est certainement le seul point positif ! Nous n'allons plus attendre les primes, mais il est urgent de diversifier nos activités et nos investissements ».
Un bénéfice net de 16,8 milliards d’euros
Pour rappel, le 22 février dernier, Stellantis a présenté de très bons résultats financiers à l’issue de l’année 2022. Le chiffre d’affaires du constructeur a augmenté de 18 %, pour atteindre un montant de 179,6 milliards d’euros. Une hausse due à l’inflation mais aussi à une politique de prix nets fixes et élevés, ainsi qu’un mix véhicule favorable selon la firme.
Le résultat opérationnel s’est élevé à 23,3 milliards d’euros, soit une progression de 29 %. La marge a atteint 13 %, soit un point de plus que l’objectif prévu pour 2030. Le bénéfice net a également augmenté de 26 %, pour atteindre 16,8 milliards d’euros.
Rappelons enfin que la firme a soumis un dividende par action de 1,34 euro, soit un montant global de 4,2 milliards d’euros. Un programme de rachat d’actions jusqu’à 1,5 milliard d’euros réalisable d’ici à la fin de l’année 2023 a été approuvé par le conseil d’administration. Enfin, une somme de 2 milliards d’euros a également été attribuée à la totalité des collaborateurs de Stellantis, ce qui devrait représenter une contribution individuelle minimale de 4 300 euros pour les salariés français du groupe selon le constructeur.