Entretien

BMW : « Rouler à l’hydrogène, c’est rouler électrique sans trop de contraintes », Dr Jüergen Guldner

BMW : « Rouler à l’hydrogène, c’est rouler électrique sans trop de contraintes », Dr Jüergen Guldner

Le Dr. Juergen Guldner occupe le poste de general program manager hydrogen technology chez BMW Group.

© Dpa / Sven Simon

En marge de notre essai du BMW iX5 Hydrogen, nous avons rencontré le Dr Jüergen Guldner, responsable de cette technologie de pointe chez BMW Group. Historique, avantages et inconvénients, son éclairage est précieux.

L'Automobile & L'Entreprise : Depuis combien d’années BMW Group travaille-t-il sur la technologie hydrogène ?

Dr Jüergen Guldner : Cela fait au total près de 45 ans que nous travaillons sur cette nouvelle technologie, puisque notre premier prototype s’appelait BMW 520h en 1979 et fonctionnait avec un moteur thermique alimenté en hydrogène liquide. Puis, nous avons dévoilé notre première pile à combustible en 1997. Chez BMW, nous essayons de commencer très tôt avec la technologie pour être prêts lorsque les marchés le seront.

L'Automobile & L'Entreprise : Je crois que vous collaborez avec le Japonais Toyota sur cette technologie. En quoi consiste ce partenariat ?

Dr Jüergen Guldner : Nous collaborons sur l'ensemble du système. Et nous travaillons dans différents groupes de travail, avec un retour d’expériences entre les ingénieurs. Toyota est très fort sur la partie cellules individuelles et nous apportons notre expertise sur le groupe motopropulseur.

L'Automobile & L'Entreprise : Qu’apporte l’hydrogène par rapport à des modèles électriques conventionnels ?

Dr Jüergen Guldner : Le principal avantage est le ravitaillement rapide. L’hydrogène est mieux adapté à l’usage classique, que les voitures électriques dont la charge est trop longue. Nous pensons tout spécialement aux clients qui ne peuvent pas recharger leur voiture régulièrement, mais aussi aux flottes de taxis qui réalisent de nombreux trajets au quotidien, et enfin à ceux qui résident dans les régions froides, où l’autonomie des voitures hydrogène se maintient à un bon niveau. Enfin, pour ceux qui tractent, la technologie hydrogène n’est pas trop pénalisée par la masse de poids supplémentaire. Contrairement à l’électrique traditionnel.

L'Automobile & L'Entreprise : À quand une commercialisation pour le public ?

Dr Jüergen Guldner : Entre cinq et dix ans. Quelque part entre les deux probablement Nous n'avons pas encore décidé exactement quel modèle et quelle date, mais nous pensons que la seconde moitié de la décennie serait propice à notre premier modèle hydrogène de série. Cela dépend beaucoup du développement, des coûts, mais aussi de l'infrastructure de ravitaillement en hydrogène.

L'Automobile & L'Entreprise : Les détracteurs de cette technologie pointent du doigt les risques d’explosion et les grandes quantités d’énergies fossiles nécessaires à son exploitation. Que leur répondez-vous ?

Dr Jüergen Guldner : Pour la partie explosion, on ne pense pas que les réservoirs puissent exploser. Nous les avons testés lors de crash-tests. Nous les avons testés lors d'essais avec des armes à feu. Vous pouvez tirer sur le réservoir et vous assurer que rien n'explose. Nous pensons donc que la technologie est sûre. L'autre argument que vous avez mentionné était l'efficacité énergétique. Si vous devez importer de l'énergie hydrogène avec une déperdition d’environ 30 % ce n’est pas très rentable, ni vertueux. Il importe plus de savoir comment vous produisez l'énergie renouvelable avec des parcs éoliens comme sur le site Lhyfe basé à Bouin.

L'Automobile & L'Entreprise : Des modèles plus modestes en performances et en prix sont-ils prévus dans un avenir proche ?

Dr Jüergen Guldner : Nous n'avons pas encore décidé du déploiement de nos futurs modèles. Cela dépend vraiment de l'évolution de la situation et de l'évolution du marché avec les voitures électriques. Nous pensons qu'une voiture comme le iX5 est bien adaptée. Il se vend beaucoup, notamment auprès des grands rouleurs et s’avère bien adapté au remorquage. Cette technologie s'adapte à tous les modèles et bien sûr pour une berline traditionnelle comme la Toyota Miraï.

L'Automobile & L'Entreprise : Faire le plein d’hydrogène est encore difficile. Comment développer les infrastructures dans l’Union européenne ?

Dr Jüergen Guldner : En ce moment, nous sommes en contact avec de nombreuses entreprises qui construisent des stations. Renault et Stellantis travaillent sur la même technologie et amèneront le réseau de stations-service. Par ailleurs, la réglementation de l’Union européenne sur les voitures à hydrogène est en train de se finaliser et l’on estime à près de 600, le nombre de stations opérationnelles avant la fin de la décennie. En Allemagne, nous avons déjà 100 stations et vous pouvez pratiquement voyager partout (NDLR : en France, il y a plus de 50 stations à date, dont 6 sur Paris).

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