Entre la construction des deux plateformes PR, l’opérateur a inauguré fin 2020 son usine de reconditionnement de VO à Bruz (35).
Monomarque du groupe Renault, l’entreprise familiale bretonne a conquis progressivement l’ouest de l’Hexagone au point d’y imposer son leadership. Elle est aujourd’hui à la tête de 35 points de vente, une usine de reconditionnement de véhicules d’occasion et deux centres logistiques de pièces de rechange.
Fondé en 1926 par Pierre Bodemer, le groupe s’est développé autour de la distribution automobile en 1988 sous l’impulsion de son fils, Claude. Si la troisième génération incarnée par Alain Daher officie toujours au poste de président, la quatrième, représentée par Manon Daher et Thibaud Carissimo, se partage le poste de directeur général adjoint depuis deux ans. Très attachés à cette entreprise, les deux cousins sont déterminés à la faire évoluer et perdurer. Aux côtés d’Alain Daher, ils ont priorisé un développement basé sur la mobilité et l’industrialisation des activités. Ce premier point s’est matérialisé en 2019 à Saint-Caradec (22) avec l’ouverture d’une plateforme de distribution de pièces de rechange où sont regroupées 20 000 références. « Ce modèle a beaucoup d’effets vertueux, explique Manon Daher. La centralisation de l’ensemble du stock nous a permis de récupérer des mètres carrés en concession et de réduire notre coût immobilier. En parallèle, nous avons une meilleure optimisation et rotation du stock, mais également des délais de livraison plus courts ».
Face à ce premier succès, le distributeur a décidé de réitérer l’opération en Normandie. Située dans la zone d’activités de Guilberville, dans la Manche, la plateforme logistique de 7 000 m2 est stratégiquement positionnée entre Cherbourg (50) et Alençon (61). À l’instar de Saint-Caradec, exclusivement dédiée à la plaque bretonne, le site normand desservira uniquement les huit concessions de sa région. 13 000 références de pièces multi-marques et 10 000 pneumatiques y seront stockés. Grâce à ce second site, opérationnel à compter de la mi-avril, le groupe espère encore gagner en compétitivité en matière de délais de livraison.
L’activité de reconditionnement
Entre la construction des deux plateformes PR, l’opérateur a inauguré en décembre 2020 son usine de reconditionnement de véhicules d’occasion à Bruz (35). Cette structure lui permet de maîtriser ses coûts et ses délais de remise en état. « La digitalisation de notre secteur nous oblige à être de plus en plus réactifs, tant sur la mise en ligne de nos véhicules que sur nos capacités de livraison. Mais jamais au détriment de la qualité », poursuit la directrice générale. Cette dernière garantit la monopolisation d’un véhicule pendant quinze jours, entre son transport et sa remise en état complète. L’objectif étant de réduire ce parcours à dix jours. Dans un premier temps, seuls les véhicules d’occasion vendus par le biais de la plateforme en ligne Briocar étaient pris en charge à Bruz. Lancée en 2017, celle-ci écoule 2 000 VO par an. D’ici à cinq ans, Manon Daher aimerait atteindre les 10 000 unités : « Nous aimerions gagner 20 % de développement supplémentaire chaque année. On n’est pas sur une notion de rentabilité mais de prise de part de marché. L’idée est de gagner en rentabilité, donc de travailler sur la pénétration en financement et la qualité des ventes au-delà du volume. Notre but n’est pas du tout de concurrencer des acteurs comme Aramisauto ».
Lors du premier semestre 2021, l’opérateur a intégré les concessions Renault de Saint-Brieuc (22) et Vannes (56) à l’usine de Bruz, avant de l’ouvrir à l’ensemble des sites bretons en fin d’année. La Normandie sera quant à elle prise en charge au second semestre 2022. D’ici à cinq ans, Manon Daher vise les 10 000 unités sur la partie BodemerAuto avec un passage à 7 000 en 2023. Les véhicules électriques seront intégrés aux prévisions et activités l’année prochaine. Contrairement à la plateforme PR, l’opérateur ne prévoit pas de créer une usine de reconditionnement en Normandie : « On estime notre seuil de rentabilité autour de 5 500 à 6 000 véhicules par an donc cela n’aurait pas de sens d’en créer une spécifiquement à cette région. Par contre, nous faisons toujours attention à ce que la Normandie ne soit pas défavorisée, c’est la raison pour laquelle mon coût de transport est le même que pour la Bretagne. Aucune différence n’est faite en fonction de la distance ». De plus, lorsque l’usine aura trouvé son rythme de croisière, BodemerAuto prendra en charge les véhicules de clients extérieurs.
L’axe de la mobilité
Pour garantir ses anticipations, l’entreprise familiale n’a d’autre choix que d’étoffer ses effectifs recensés à 1 400 sur l’ensemble du groupe. Une mission délicate puisque la main-d’œuvre qualifiée manque cruellement dans ce secteur. En 2019, le groupe avait d’ailleurs organisé une journée de recrutement sur Paris. Pour séduire de nouveaux collaborateurs, il a également recours à l’alternance (10 % minimum de la masse salariale), les primes de cooptation, l’intérim ou encore le dispositif HOPE (accompagnement vers l'emploi des réfugiés grâce à une formation professionnelle à des métiers en tension).
Par ailleurs, l’entreprise bretonne intensifie aussi son développement vers la mobilité. « Le fait d’être mono constructeur est une vraie force en termes de synergies, mais on est tributaire de nos constructeurs. Si la marque va bien, le groupe aussi et inversement. L’enjeu a été de développer d’autres activités pour pouvoir équilibrer le groupe ». Ainsi, celui-ci a lancé son activité de location longue durée (LDD) pour les professionnels sous le nom BLC Automotive en 2014. Plusieurs pistes comme l’autopartage BtoB, l’ouverture de points relais Briocar ou encore l’installation de bornes de recharge sont actuellement expérimentées à petite échelle avant d’être potentiellement déployées ultérieurement.