Bruno Vanel, directeur de la performance Produit pour la marque Renault.
© Clotilde Gaillard
Les perspectives financières de Renault Group pour 2023 sont impressionnantes, avec une prévision de progression d'au moins un point de sa marge opérationnelle. Mais là n’est pas l’essentiel pour Bruno Vanel, directeur de la performance Produit pour la marque Renault.
Alors que la Renault Clio reprend la tête des ventes de voitures neuves en juin 2023, Bruno Vanel était présent aux essais de cette citadine restylée. Nous avons donc mené un entretien avec le directeur de la performance Produit pour la marque Renault. Une interview dans laquelle se mêlent électrification, économie circulaire, durabilité et attractivité.
L’Automobile & L’Entreprise : Rafale, nouvel Espace, Clio restylée, Renault R5... La gamme de modèles Renault s’étoffe : quelle est l’ambition à terme de cette tendance ?
Bruno Vanel : Au-delà du développement de la gamme, ce que nous voulons proposer, pour un client qui rentre dans un showroom, c'est d’avoir le choix. Le choix entre l’électrique ou le thermique, une Renault 5, une Clio, une Renault 4, un Captur, un Scénic ou un Austral, par exemple. Une offre diverse, ciblée et extrêmement performante pour satisfaire chacun des besoins de nos clients. Par conséquent, quand on est en électrique, on a tout le bénéfice de cette motorisation, c’est-à-dire un bel espace intérieur que permet une plateforme pensée pour les VE. Et quand on est en thermique, on possède les véhicules les plus efficaces et les plus efficients avec les solutions E-Tech, hybrides.
L’Automobile & L’Entreprise : Comment s’organise le travail avec la division dédiée aux VE, Ampere ? N’y a-t-il pas de risque de phagocytage ?
Bruno Vanel : Aujourd'hui, nous travaillons tous dans la même entreprise, en collaboration avec le reste des équipes puisque Ampere va imaginer un certain nombre de produits électrifiés pour le groupe Renault tandis que celui-ci va aussi développer un certain nombre d'éléments que va utiliser Ampere. Au final, les véhicules, qu’ils soient électriques ou thermiques, vont être vendus dans nos showrooms, donc nous devons travailler très étroitement ensemble. D’ailleurs, le but de la création d'Ampere c’est que l’entité acquiert une certaine agilité, une réactivité et une expertise, il n’y a donc pas de raison que cela ne se fasse pas en bonne intelligence car nous avons le même intérêt : développer les véhicules les plus efficients et les plus performants vis-à-vis des demandes de nos clients. Nos intérêts convergent donc.
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L’Automobile & L’Entreprise : Un projet de voiture à moins de 20 000 euros serait dans les cartons du groupe : est-ce une réalité ou un effet d’annonce ?
Bruno Vanel : La question c'est : est-ce qu'une voiture électrique à moins de 20 000 euros a sa place dans la gamme. Moi je dis pourquoi pas, mais je pense qu'on présente suffisamment de projets en ce moment. Une voiture ce n’est pas forcément un objet onéreux, mais je crois qu'aujourd'hui une Clio ou une Twingo thermique, ça coûte moins de 20 000 euros, le but étant d'offrir des voitures que nos clients peuvent se payer.
Au-delà du prix de 20 000 euros, ce qui est très intéressant c'est qu'aujourd'hui la plupart de nos clients achètent des véhicules en leasing, via des formules de location avec option d'achat, notamment les clients flottes intéressés par le loyer mensuel et le coût d'usage de la voiture. On parle de 4 à 5 litres aux 100 km, que cela soit sur Clio ou sur Austral. Que le coût de revient final pour nos clients soit le plus bas possible, c’est donc ce sur quoi nous travaillons par notre politique commerciale qui privilégie la valeur sur le volume, avec l’ambition d'avoir des cotes à l'occasion et des valeurs résiduelles plus élevées.
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L’Automobile & L’Entreprise : Quelle est l'importance donnée à l’économie circulaire dans la stratégie du groupe ?
Bruno Vanel : Il y a deux points que je peux aborder. Le premier, c'est la Refactory, point sur lequel nous nous sommes positionnés très tôt. Nous avons ouvert non seulement une Factory à Flins, mais nous avons aussi un projet en Espagne. Le but c'est vraiment d'industrialiser la remise en état et surtout le retraitement de nos véhicules de manière à leur donner une seconde vie, pas de véhicule neuf, certes, mais d'un véhicule totalement à jour pour nos clients qui ne veulent pas ou ne peuvent pas se payer une voiture neuve. Ça c'est l'objectif de la Refactory et elle fonctionne pleinement. Elle s'inscrit, c'est mon deuxième point, dans un projet plus global qui est « The future is neutral » et qui consiste à mettre en place tous les outils et tous les leviers pour accélérer encore un cycle complet décarboné au maximum avec le minimum d'impact sur l'environnement, voire pas d'impact, de l'ensemble de la chaîne de valeurs.
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Ceci est lié à une prise de conscience environnementale mais c'est aussi une question d'économie circulaire. Bref, c'est beaucoup d'éléments à la fois parce que c’est dans l’ADN du groupe Renault, pour qui il est assez naturel de se poser la question de la responsabilité globale de l'entreprise.
Mais, au-delà de cela, c'est la responsabilité de chacun d’entre nous et je dirais qu'on se sent, et là je vais vous faire une réponse très personnelle, plus à l’aise dans une entreprise qui travaille sur ce type de problème qu'on vit tous. Ce sont des choses qui nous tiennent à cœur donc nous nous sommes positionnés dès le départ dans ce domaine de la responsabilité d'entreprise.
L’Automobile & L’Entreprise : Quels futurs projets prévoit le groupe Renault ?
Bruno Vanel : La stratégie « Renaulution » est en bonne voie et elle fonctionne. La première phase, qui était « résurrection », n’a pas été clôturée mais nous sommes complètement passés dans la deuxième phase qui est la phase de « rénovation » avec le lancement de tous ces nouveaux produits que vous voyez aujourd'hui. Là-dessus, je dirais que la pertinence du plan mené par la direction se voit par les résultats qu'on obtient, pas seulement les résultats financiers mais aussi en termes d’image, les retours qu'on peut avoir malgré le contexte difficile que l'on a pu vivre. Nous sommes aussi en train de mettre en œuvre la troisième phase qui est la phase de « révolution » avec Ampere ou The future is neutral qui organise l'entreprise autour des challenges de demain et de la prochaine décennie. Parce que, finalement, ce qui transmet notre image ce sont les produits, qui doivent être très clairs, très lisibles et porter une dimension de mobilité durable, d'attractivité en termes de design et de modernité technologique, tout ce qu'on peut lire sur la nouvelle Clio. En somme, nous ne racontons pas ce que nous voulons faire, nous le mettons en œuvre dans nos véhicules.