CNPA : pleins phares sur le contrôle technique
« Sortir des préjugés sur le contrôle technique » ! Telle est l’ambition affichée par Francis Bartholomé, président du CNPA, à la présentation ce matin de l’étude réalisée par le Gerpisa (groupe d’étude et de recherche permanent sur l’industrie et les salariés de l’automobile).
Grâce à cette enquête, le syndicat professionnel entend tordre le cou à certaines idées reçues tout en mettant en lumière les vertus d’une prestation qui souffre parfois d’une image négative auprès des automobilistes. Le CNPA ne s’en cache pas : l’objectif est également de soumettre à l’épreuve des faits la position dogmatique d’un législateur qui s’est souvent opposé à l’évolution du CT en raison de la charge excessive qu’elle ferait peser sur les ménages les plus modestes.
Pour mener à bien ce projet, le Gerpisa a fait appel à un système statistique qui permet d’étudier les différences de comportement automobile des ménages en croisant deux critères : le revenu des ménages (pour lequel la population a été divisée en cinq catégories) et les zones d’habitation (du monde rural aux grandes villes).
À noter que cette étude, qui « met en lumière la réalité des chiffres du contrôle technique », sera intégrée au pacte de mobilité qui sera proposé par le CNPA au ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie en fin d’année. Ses données contribueront également à la rédaction d’un livre blanc, dont la publication est prévue en novembre prochain.
Des automobilistes égaux face au contrôle technique ?
Le premier enseignement de l’étude concerne le poids économique du CT. Pour les 14 millions de visites et 2,8 millions de contre-visites réalisées chaque année, le secteur génère aujourd’hui 2,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires : 1 milliard au sein des centres de contrôle et 1,6 milliard en après-vente (travaux réalisés en amont ou en aval du CT).
Le Gerpisa s’est ensuite interrogé sur les charges réelles que fait peser le CT sur les ménages. Résultat : les coûts indirects « aval » sont étonnamment assez faibles, de l’ordre de 65 euros par véhicule contrôlé. « La réalité des chiffres est souvent différente de celle perçue par l’automobiliste, qui ne garde en mémoire que ses contrôles invalidés » observe Bernard Jullien, directeur du Gerpisa. En revanche, la facture moyenne s’élève à 290 euros par véhicule refusé.
Autre conclusion : le coût annuel subi pour chaque véhicule par la première catégorie de population, c’est-à-dire la plus modeste, est de 12 euros au-dessus de la moyenne alors que celui que subissent les ménages du cinquième quantile (les plus riches) est de 10 euros inférieur. « Les écarts de valeur sont plutôt limités. L’inégalité des Français face au contrôle technique est moins importante que prévu », note Bernard Jullien.
Contrôle anti-pollution : un surcoût de 80 euros
Fort de ces premiers résultats, le groupe d’étude s’est ensuite attaché à simuler le surcoût éventuel que représenterait l’annualisation du contrôle technique. Selon le rapport, ces dépenses supplémentaires s’élèveraient en moyenne à 34 euros par an et par véhicule. Dans le détail, 40 euros pour les catégories les plus modestes et 22 pour les plus aisées. Un surcoût que le Gerpisa juge « relativement limité ».
D’autant que l’étude estime que l’annualisation du CT aurait, à terme, des conséquences bénéfiques sur le portefeuille des automobilistes. « Des études britanniques ont révélé qu’un contrôle technique annuel permettait aux ménages modestes d’entretenir plus régulièrement leurs véhicules et d’éviter ainsi les réparations lourdes, plus coûteuses. Autrement dit, les dépenses après-vente ne sont plus curatives mais préventives », affirme Bernard Jullien.
Dernier point étudié par le Gerpisa : le surcoût provoqué par le renforcement du contrôle des émissions polluantes. S’appuyant notamment sur les données de l’UTAC-OTC, l’enquête révèle que l’effort consenti par les automobilistes se chiffrerait à environ 80 euros par véhicule et par an. Des frais non négligeables mais justifiés au regard des bénéfices qu’induirait un contrôle plus efficace de la fonction pollution sur la qualité de l’air selon le Gerpisa.