Les négociations entre Stellantis et le syndicat UAW sur les conditions de travail aux Etats-Unis sont sous haute tension.
© Stellantis
Carlos Tavares et Stellantis vont au bras de fer avec le syndicat américain UAW. Le dirigeant de l’UAW estime que les propositions de Stellantis pour réduire les coûts du travail sont une gifle en plein visage. Alors que la deadline du 14 septembre 2023 se rapproche, la situation est dans une impasse.
On sait que Stellantis peut être adepte de la manière forte dans les négociations avec ses partenaires, ses fournisseurs et ses salariés, mais aux Etats-Unis, les négociations sur les conditions de travail et les salaires tournent au vinaigre. Après une réunion avec le top management américain de Stellantis, Shawn Fain, président du puissant syndicat UAW, a affirmé sur les réseaux sociaux que les propositions du groupe étaient assimilables à une gifle en plein visage. Joignant le geste à la parole, il s’est filmé en jetant les propositions de nouveau contrat à la poubelle : « c’est là qu’elles doivent être car c’est vraiment un document poubelle ».
La situation s’envenime dans les négociations Stellantis-UAW
Mark Stewart, qui supervise les activités de Stellantis en Amérique du Nord, a d’abord évoqué des discussions constructives avant de pointer que les exigences de l’UAW n’étaient pas réalistes et venaient menacer l’emploi au sein du groupe, notamment pour la marque Chrysler. Les accords actuels, en vigueur depuis quatre ans avec Stellantis, Ford et GM, expirent le 14 septembre 2023 et la deadline approche donc à grands pas.
Mark Stewart, dirigeant de Stellantis Amérique du Nord.
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Réactions fortes de Shawn Fain, président de l'UAW
Shawn Fain fustige la volonté de Stellantis de réduire le nombre de congés des futurs employés, de tailler dans les prestations de couverture médicale et dans les évolutions attendues des rémunérations. Il dénonce une précarisation des ouvriers du groupe, à l’image du souhait de Stellantis d’augmenter le seuil de recours à des travailleurs intérimaires. Sans parler du sujet toujours sensible des retraites et de leur financement.
Les maux sociaux du véhicule électrique
Pour justifier ses décisions, Stellantis s’appuie sur le discours bien rôdé de Carlos Tavares qui consiste à dire que l’électrification des véhicules voulue par les états implique une réduction des coûts fixes. Une réduction des coûts qui doit être significative car le véhicule électrique devient inaccessible pour de nombreux clients. Rappelons que selon Jato, le prix catalogue moyen d’un véhicule électrique en Europe était de 56 000 euros en 2022, contre 32 000 euros en Chine. La direction de Stellantis veut aussi s’attaquer au problème de l’absentéisme qui lui coûte 197 millions d’euros par ans, ou 16 000 véhicules non produits.
Le spectre des grèves plane de nouveau sur les usines automobiles de Detroit
De quoi faire bondir Shawn Fain : « A mesure que nous nous engageons dans cette voie vers l’électrification, les constructeurs nous servent toujours le même scenario, qu’il faut faire de nouveaux efforts pour rester compétitifs, ce qui revient à dire qu’ils n’ont pas d’autre choix que de verser des salaires de misère ».
Dès lors, l’UAW n’exclut pas des débrayages, voire des grèves, chez Stellantis, GM et Ford. Ces frictions sont de surcroît rehaussées par le contexte électoral américain, avec la présidentielle de 2024. Joe Biden a demandé aux constructeurs et aux syndicats de trouver rapidement un accord équitable. Le patron de l’UAW ne le prend pas pour argent comptant et n’appelle pas à soutenir Joe Biden : « Nous menons un combat contre trois grands constructeurs automobiles et nous devons savoir sur qui nous pouvons vraiment nous appuyer. Donc notre soutien se mérite ». Il y a quelques jours, il ajoutait que les trois de Detroit ne faisaient toujours pas de propositions sérieuses et que la situation n'évoluait guère. Ambiance.