Enquête

Covid-19 : avis de gros grain pour le marché automobile mondial

Alexandre Guillet
Covid-19 : avis de gros grain pour le marché automobile mondial

Covid-19 : avis de gros grain pour le marché automobile mondial

Selon les premières estimations d’IHS Markit, le marché automobile mondial va plonger a minima de 15 % en 2020, avec une production en berne et des ventes dévissant de 12 % par rapport à 2019. Le coronavirus va accentuer un repli qui devait être plus modéré. Détails.

La crise sanitaire du coronavirus a désormais un impact très sévère sur le monde de l’Ouest. L’Europe comme les États-Unis doivent prendre des mesures drastiques pour freiner l’expansion de la pandémie.

Les experts d’IHS Markit suivent les annonces des fermetures d’usines et leur durée prévisionnelle afin de mesurer les conséquences que cela aura sur la production automobile. Les premières décisions prises dans le périmètre de la première monte (constructeurs et fournisseurs, dont les équipementiers Tier One) font état d’un arrêt de la production moyen de treize jours en Europe, même si un prolongement de cette durée est attendu.

La baisse de la production automobile mondiale pourrait atteindre 25 % !

« Les fermetures annoncées en Europe correspondent d’ores et déjà à une réduction de la production de véhicules légers de 880 000 unités. L’Allemagne est le pays le plus touché, avec 256 000 unités en moins, puis viennent l’Espagne (– 140 000 unités) et la France (– 100 000 unités) » souligne Henner Lehne, vice-président « Prévisions automobiles » d’IHS Markit. Avant de préciser que ces valeurs sont susceptibles d’évoluer et qu’elles ne tiennent pas compte des phases de reprise de l’activité et de montée en cadence, durant lesquelles la production reste touchée.

En Amérique du Nord, une situation similaire se profile, même si la durée moyenne de l’arrêt de production était estimée à six jours ouvrés le 20 mars. Mais on parle en fait de dix-huit jours en tenant compte des communications officielles actées. Là encore c’est une vision provisoire, et cette durée est très vraisemblablement appelée à être prolongée. « Dans cette zone géographique, la perte de production est d’ores et déjà de l’ordre de 470 000 unités, dont 336 000 aux États-Unis, 77 000 au Mexique et 64 000 au Canada », pointe Henner Lehne. L’Amérique latine ne sera pas épargnée, et les usines vont aussi débrayer ; une réduction la production de 80 000 unités est déjà anticipée pour le Brésil et l’Argentine.

Rappelons que 89 millions de véhicules légers ont été assemblés dans le monde en 2019. Différents scénarios sont avancés par les cabinets d’experts pour 2020, mais l’effet du coronavirus sera sévère, comme on a pu le mesurer avec précision en Chine en février et sur les premières semaines de mars (une production automobile amputée de respectivement 80 % et 60 %). Au niveau mondial, en 2020, la production devrait être réduite de 15 à 25 %. Les premières estimations modérées perdent en crédibilité, l’effet de rattrapage initialement attendu devenant moins consistant.

Des volumes de vente en net repli

Dans une note du 25 mars 2020 cette fois, Colin Couchman, directeur « Prévisions automobiles » chez IHS Markit, avance les valeurs suivantes pour les ventes de véhicules : « Les conséquences seront plus violentes que lors de la grande crise financière de 2008-2009. Les actions de soutien des Gouvernements seront déterminantes pour la reprise des économies. Les ventes mondiales devraient chuter de 12 % par rapport à 2019, à 78,8 millions d’unités, soit 10 millions de véhicules en moins par rapport à nos prévisions d’avant le Covid-19. »

Dans le détail, la Chine devrait perdre 2,3 millions d’unités pour atterrir à 22,4 millions de véhicules légers (– 10 %). L’Europe (Europe de l’Ouest et Europe centrale) va enregistrer un recul de 13,6 % de ses ventes, pour un total de 15,6 millions d’unités (1,9 million de VL en moins). Les États-Unis seront le marché le plus touché, accusant une baisse de 15,3 % pour 14,4 millions d’unités (perte sèche de 2,4 millions de VL).
Ces estimations seront révisées à l’avenir. Il faudra aussi les mettre en perspective avec la vigueur de la demande sur les différents marchés, l’impact du coronavirus sur les pouvoirs d’achat et son coût social devant encore être affinés.

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