Stéphane Priami, directeur général de Crédit Agricole Consumer Finance et directeur général adjoint de de Crédit Agricole SA et Giacomo Carelli, directeur général de CA Auto Bank.
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Entretien avec Stéphane Priami, directeur général adjoint de Crédit Agricole SA en charge des services financiers spécialisés et directeur général de Crédit Agricole Consumer Finance, à l’occasion de l’annonce de la formation du nouvel acteur européen de la LLD baptisé Leasys en partenariat avec Stellantis. Sur tous les fronts, le Crédit Agricole a validé le rachat de FCA Bank au constructeur et créé CA Auto Bank. Drivalia, société de location et de mobilité, complète cette offre qui doit permettre à la banque française de devenir le champion de la mobilité verte en Europe.
Auto Infos : Comment devient-on un champion de la mobilité verte ?
Stéphane Priami : Comme dans toutes les activités, il faut bien se caler sur un plan. Nous l’avons fait en 2019 après un examen très précis sur ce qui nous paraissait être les évolutions. Nous avons essayé d’anticiper au mieux ; nous ne nous sommes pas trop trompés sur l’évolution du marché automobile. Ensuite, il faut avoir un petit peu de chance. Nous étions en négociation avec Stellantis au moment où nous avons mis en place cette stratégie. Et nous avons pu pousser dans le sens qu’on souhaitait : à la fois créer cette société de location longue durée avec Stellantis et racheter 100 % de FCA Bank. À partir de là, en tant que dirigeant, il faut laisser faire les gens. Nous avons la chance d’avoir Giacomo Carelli, Richard Bouligny ou encore Valerie Wanquet. Chacun va amener sa pierre à l’édifice, ensuite ça déroule avec d’autres opportunités possibles.
Auto Infos : Si l’on résume, vous avez deux activités : vers les professionnels avec la LLD et les particuliers et les réseaux autour desquelles vous avez beaucoup de marques. N’est-ce pas un désavantage ?
Stéphane Priami : Non, parce que je pense qu’aujourd’hui le marché automobile est très ouvert. Les grands groupes de distribution ont quinze, seize ou dix-huit marques. Ça ne les embête pas, ça ne gêne personne. On ne peut plus être sur une seule marque. Sur la LLD, nous sommes avec Stellantis, nous commercialiserons plus de véhicules du groupe. Pour le reste, nous sommes généralistes et nos clients auront accès à toutes les marques, distributeurs et tous ceux qui vendront de la mobilité.
Auto Infos : Quid de la pertinence de garder à la fois Sofinco et Drivalia ?
Stéphane Priami : Nous allons créer des synergies d’outils. Ceux de CA Auto Bank sont aujourd’hui les meilleurs. Nous allons bien sûr les utiliser et nous allons réfléchir à de plus grandes synergies pour marier la puissance de CA Auto Bank et de Sofinco Auto, nous aurions quelque chose de très puissant en France.
Auto Infos : À propos de la mobilité, quelle est votre réaction sur la fin des véhicules thermiques en 2035 au niveau européen ?
Stéphane Priami : Comme tous les acteurs économiques du secteur, nous sommes très pragmatiques. Nous voyons que l’automobile électrique se développe. C’est un mouvement qui ne s’inversera plus. Nous l’avons vu au dernier salon automobile à Paris, il y avait beaucoup d’intérêt des visiteurs à ce niveau. Cela donne une indépendance par rapport à l’essence qui est quand même de plus en plus chère. Ce mouvement prendra plus ou moins de temps, il dépendra aussi des efforts des pouvoirs publics. Comme nous sommes un acteur paneuropéen, je peux vous dire qu’il y a beaucoup de différence d’un pays à l’autre. Plus on va dans le nord plus c'est rapide, plus on va dans le sud plus c’est lent. Nous nous adapterons aux règles des clients.
Auto Infos : Pour être un champion européen, il faut être fort en Allemagne. Où en êtes-vous dans ce pays où les captives des constructeurs allemands sont très puissantes ?
Stéphane Priami : CA Auto Bank y est déjà très présent à travers 250 collaborateurs. Nous allons pousser encore plus en Allemagne avec les constructeurs qui n’ont pas de captive. Comme Stellantis, par exemple, nos marques chinoises ou encore Tesla.
Auto Infos : L’environnement économique européen, l’inflation ou encore une réglementation attendue sur la LOA sont-ils favorables au marché automobile ?
Stéphane Priami : Le marché de l’automobile est cyclique, il est porté par la demande. Ça va durer encore un bon bout de temps. Au niveau du financement, nous poussons la location longue durée avec des modes qui permettent aux clients de payer leur mensualité tous services compris. Nous avons réussi, par exemple, à lancer le véhicule green à 100 euros par mois.
Auto Infos : Pensez-vous que la location avec option d’achat (LOA) sera progressivement remise en question dans les réseaux ?
Stéphane Priami : Dans l’ordre : le crédit classique sera de plus en plus en difficulté. La LOA représente une option d’achat qui n’est pas activée. Avec les véhicules électriques qui vont évoluer en termes de technologies – rappelons qu’en Chine on a déjà des voitures avec plus de 800 km d’autonomie –, les clients ne voudront pas acheter un véhicule mais préféreront changer dans trois ou quatre ans.
Auto Infos : Quid des infrastructures de recharge dont vous ne parlez jamais ?
Stéphane Priami : Non, chacun son métier. Nous sommes entrés au capital d’un distributeur (Cosmobilis) lors d’une opération spécifique. Mais nous ne sommes pas là pour faire un métier à la place des autres. Nous n’avons pas cette vocation.