© The Shift Project
Le think tank, engagé en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone, publie un nouveau volet de son Plan de transformation de l’économie française (PTEF) cette fois-ci dédié à l’automobile. Alors que la mobilité des Français a augmenté de 22 % depuis 1990 et que, dans le même temps, le taux d’occupation des véhicules est en baisse de 14 %, le secteur responsable de 21 % des émissions de gaz à effet de serre nationales « doit se transformer en profondeur pour permettre à la France d’atteindre la neutralité carbone en 2050 ».
L’industrie automobile fait face à d’importants défis, sans précédent : il s’agit d’opérer en quelques années une mutation profonde sur tous les plans, du produit au modèle économique, pour être au rendez-vous incontournable de la décarbonation complète des transports d’ici à 2050 et de la raréfaction des énergies fossiles. Dans le but d’aider à atteindre cet objectif et de participer à cette première phase de période électorale dans le cadre de l'élection présidentielle 2022, The Shift Project publie, ce jeudi 18 novembre, une série de propositions et de leviers de décarbonation à actionner pour le prochain quinquennat*. L’objectif étant de réduire les émissions nationales de 5 % par an dès l'an prochain.
« Nous souhaitons engager les discussions pour accélérer une transformation cohérente de la mobilité. Il est essentiel d’ouvrir le débat avec l’ensemble des parties prenantes que sont les acteurs économiques, les associations d’usagers et les décideurs politiques », précise Jacques Portalier, chef de projet industrie automobile.
Trois axes de transformation pour « revenir à l’essentiel »
Dans son rapport, le think tank aborde trois axes de transformations principaux, parmi lesquels :
- le développement et la production en France en grande série des véhicules sobres et bas carbone en passant par la maîtrise des équipements consommateurs d’énergie;
- l’évolution des modes de mobilité avec l’amélioration des taux de remplissage des véhicules et le report modal de la voiture vers des modes moins carbonés (transports en commun, vélos, deux-roues électriques, microvoitures, train).
Le troisième axe, qui a particulièrement attiré notre attention, concerne la réduction de l’empreinte carbone des véhicules en dehors de leur phase d’usage. Pour y arriver, The Shift Project propose notamment d’agir sur le poids des véhicules, alors que les SUV ont le vent en poupe depuis plusieurs années maintenant, et d'en maîtriser les performances, alors que la puissance moyenne est en augmentation sur les trois dernières années. Autrement dit, selon les auteurs de ce rapport, qui sera porté à la connaissance des acteurs du secteur et des décideurs politiques, il s’agit de revenir à l’essentiel, « à ce qui existait dans les années 1990 ».
Les leviers d’action
Dans le cadre de ce troisième axe de travail, le think tank s’est armé d’une série de leviers à actionner. Parce qu’un « véhicule est un moyen de transport avant tout », il propose ainsi de :
- réduire le poids des véhicules de 300 kg (hors batteries pour les véhicules électrifiés) d’ici à 2035 en remettant en question les éléments de confort et consuméristes qui équipent les véhicules (inflation des écrans digitaux et des éléments de modularité, par exemple) ;
- mettre en place un système de bonus indexé sur la masse lors de l’achat des véhicules neufs et revoir à la baisse le seuil de déclenchement du malus au poids qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2022 ;
- maîtriser les performances des véhicules, alors que la puissance moyenne est en augmentation sur les trois dernières années, en limitant notamment la taille des batteries à 50 kWh pour les véhicules légers et 60 kWh pour les utilitaires, ce qui « avec la modération de la masse permettrait d’avoir des autonomies suffisantes pour les longues distances », selon le rapport ;
- supprimer dès 2025 la modulation par la masse du calcul des objectifs de CO2 auxquels sont soumis les constructeurs en Europe (norme CAFE), afin d’inciter l’ensemble des constructeurs à l’allègement, ainsi que le bonus lié aux ventes de véhicules à faibles émissions.
Enfin, The Shift Project estime qu’il faut rendre obligatoire l’affichage de l’empreinte carbone de fabrication des véhicules neufs, et l’indication du ou des pays de production pour orienter l’offre vers des véhicules moins émissifs sur l’ensemble de leur cycle de vie, et produits avec une énergie bas carbone.