Signalé via l'application mobile « Changer, ça rapporte », chaque trajet en voiture évité donne droit à un gain de 2 euros par trajet, soit 4 euros par jour, dans la limite de 80 euros par mois.
© Métropole Européenne de Lille
La preuve avec l'écobonus mis en place par la Métropole Européenne de Lille (MEL). Objectifs : fluidifier le trafic et améliorer la qualité de l'air.
La Métropole européenne de Lille (MEL) lance une expérimentation pour lutter contre la congestion des autoroutes qui desservent son territoire. Depuis le 3 avril, les usagers réguliers de ces axes peuvent se porter volontaires pour ne plus effectuer leurs trajets habituels aux heures de pointe et toucher ainsi un « écobonus ».
Un programme progressif
Dans un premier temps, le programme « Changer, ça rapporte » concernera les autoroutes :
- A1 dès le mois de septembre (sens entrant vers Lille à l’heure de pointe du matin de 7 heures à 9 heures et sens sortant à l’heure de pointe du soir de 16 h 30 à 18 h 30) ;
- et A23 (sens entrant vers Lille à l’heure de pointe du matin de 7 heures à 9 heures et sens sortant à l’heure de pointe du soir de 16 h 30 à 18 h 30).
Signalé via l'application mobile « Changer, ça rapporte », chaque trajet en voiture évité donnera droit à un gain de 2 euros par trajet, soit 4 euros par jour, dans la limite de 80 euros par mois qui seront versés directement sur le compte bancaire des participants. En remplacement, les participants peuvent utiliser les transports en commun tels que le train ou le bus, prendre leur vélo, pratiquer le télétravail, le covoiturage, voire même seulement décaler leurs horaires de travail, sans oublier les modalités dites « hybrides » en utilisant un véhicule pour aller à une gare ou se stationner dans un parking relais.
De la nécessité de fluidifier le trafic pour améliorer la qualité de l'air
L’expérimentation se poursuivra pendant 9 mois, mais les automobilistes qui souhaitent y prendre part ont jusqu’au 12 mai pour s’inscrire sur la plateforme changerçarapporte.fr. Près de 1 000 personnes sont déjà sur la ligne de départ, l'objectif de la MEL étant de recruter 5 000 participants pour un coût estimé à 11 millions d'euros, et obtenir une réduction de 6 % environ du trafic pour fluidifier la circulation sur ces deux axes majeurs. Reliant Lille à Paris, il faut dire que l’A1 est l’autoroute la plus fréquentée de France, et aussi l’une des plus congestionnées : elle draine chaque jour 180 000 véhicules, dont 63 000 poids lourds. Les habitants de la métropole lilloise passent en moyenne 50 heures par an bloqués dans les embouteillages. Or, d’après l’Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie), « en termes de consommation d'énergie et de pollution, les embouteillages constituent la situation la plus pénalisante », ce qui rend nécessaire la mise en place de solutions alternatives.
Une mesure positive, à contre-courant
« C’est une très bonne idée et une mesure pragmatique : on récompense les usagers lorsqu’ils font un geste pour réduire le trafic routier, parce que c’est un effort pour eux de renoncer à leur voiture et de prendre un mode de transport moins pratique ou moins efficace, ou de décaler leur journée de travail, commente Pierre Chasseray, délégué général de l’association 40 millions d'automobilistes. C’est une première en France, le fait qu’on imagine une mesure positive à destination des automobilistes, plutôt qu’une taxe ou une interdiction supplémentaire ! Si les conclusions de l’expérimentation menée sur le territoire de la métropole lilloise s’avéraient probantes, on pourrait envisager de transposer le dispositif à d’autres axes très engorgés, comme le périphérique parisien, ou dans des villes comme Lyon et Marseille, qui sont réputées pour être particulièrement embouteillées. Appliqué à l’échelle nationale, ce genre de mesure pourrait permettre d’assouplir les restrictions de circulation mises en place dans le cadre des Zones à faibles émissions et de proposer des alternatives positives aux usagers », conclut-il.