Moins bonne nouvelle en revanche, en ce qui concerne l’usure des pneumatiques : tous les réseaux constatent une durée de vie qui est de 20 % inférieure, à gamme équivalente par rapport à un véhicule thermique.
© Norauto
À première vue, l'entretien des véhicules électriques est moins cher que celui des voitures thermiques. Mais ce poste de dépense important pour les flottes automobiles présente également de nouveaux défis liés à l'usure spécifique de certaines pièces et à des opérations d’atelier plus nombreuses.
L'entretien des véhicules électriques offre des avantages économiques indéniables par rapport aux voitures thermiques. Grâce à l'absence de composants tels que l'huile et les filtres, le coût est presque deux fois moins élevé. Cependant, de nouveaux défis se posent, notamment en ce qui concerne l'usure des pneumatiques et des pièces spécifiques.
Un entretien moins cher
Comme avec le thermique, les réseaux indépendants ont accès aux plans d’entretien des constructeurs même si une bataille juridique, arbitrée à Bruxelles, a permis d’imposer une facturation de ce droit d’accès aux informations qu’ils contiennent. « Les constructeurs ont prévu des échéances kilométriques, de 30 000, 40 000 ou 50 000 km ou de durée avec des intervalles de temps », résume Jérôme Bonnaire, responsable commercial de Norauto qui forme des électrotechniciens dans son « Academy » située à Villeneuve d’Ascq. Hormis des recrutements externes, ce spécialiste a formé une première vague de 80 électrotechniciens avec l’objectif d’en avoir au moins un par centre pour répondre à la demande.
« Le coût d’entretien est quasiment deux fois moins cher car il n’y a pas d’huile ni de filtres », explique le responsable commercial. Une bonne nouvelle qui concerne aussi les freins, moins sollicités en raison du freinage régénératif. « On constate une usure bien moindre mais, avec le kilométrage, on voit apparaître des grippages d’étriers », témoigne Antony Alves, leader technique chez Norauto. Trop peu sollicités, les freins ne chauffent plus assez pour éviter l’accumulation de condensation. Même type de constat chez Feu Vert qui assure l’entretien sous garantie d’Aiways depuis 2021. « Les freins d’origine peuvent faire 120 000 km mais nous remplaçons parfois des plaquettes parce qu’elles ont tendance à se « glacer » en étant trop peu utilisées. C’est parfois le cas des disques également », observe Thomas Delome, responsable technique à la direction des opérations de Feu Vert.
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Des opérations d’atelier en plus
Moins bonne nouvelle en revanche, en ce qui concerne l’usure des pneumatiques. Tous les réseaux constatent une durée de vie qui est de 20 % inférieure, à gamme équivalente par rapport à un véhicule thermique. Le poids élevé des véhicules électriques, combiné à un couple moteur important dès le démarrage, se ressent comme l’a observé Norauto dans les pays nordiques, où ces modèles sont très répandus. « Le poids a une influence sur les trains roulants, que ce soient les rotules, les triangles, les bras de suspension, les biellettes, les barres stabilisatrices », reconnaît Antony Alves. Plus surprenant, certaines opérations, telles que le remplacement des rotules de direction, gagnent en fréquence. « Avec les progrès en fiabilité et l’amélioration des routes, nous en faisions beaucoup moins or cette activité réapparaît », affirme Thomas Delome, chez Feu Vert. Même chose pour les cardans, « or les constructeurs ne les ont pas intégrés comme des pièces d’usure », ajoute cet expert. Ce qui ne manquera pas de susciter des tensions commerciales quand le parc concerné augmentera.
Face à cette usure des trains roulant, Feu Vert a réintroduit dans son protocole d’entretien la pratique, quasi disparue, de l’essai routier. « Chaque centre effectue une boucle locale d’un quart d’heure pour déceler des problèmes de comportement, des bruits ou des claquements provenant des trains roulants », affirme Thomas Delome. Ce temps a un intérêt préventif : maintenir la sécurité du véhicule et éviter son immobilisation ultérieure. D’autant que le délai pour obtenir des pièces de rechange s’est significativement allongé. Sur ce point, l’électrique ne fait pas exception.