La Commission européenne s'inquiète de l'expansion de Qualcomm et de son rachat d'Autotalks.
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Craignant un effet néfaste sur la concurrence et sur les prix de certaines puces électroniques, la Commission européenne va ouvrir une procédure d’examen de l’opération de rachat d’Autotalks par Qualcomm. C’est seulement la deuxième fois que Bruxelles fait jouer l’article 22 du règlement européen sur les concentrations.
En mai 2023, le groupe américain Qualcomm avait annoncé sa volonté de prendre le contrôle de l’entreprise israélienne Autotalks pour un montant de l’ordre de 350 à 400 millions de dollars. Autotalks est spécialisée dans les semi-conducteurs, composants de plus en plus névralgiques dans l’automobile, la récente pénurie et ses conséquences encore vives l'a bien mis en exergue.
Elle développe et propose notamment des Systèmes de Transport Intelligent Coopératif (STI-C), des SoC (System-on-Chip) pour la sécurité embarquée, et des puces V2X (pour « vehicle-to-everything »), qui permettent aux véhicules de communiquer entre eux et avec leur environnement routier.
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Procédure d'examen de l'opération de rachat : seulement la deuxième utilisation de l'article 22
Les autorités de la concurrence de quinze pays européens, dont la France, ont décidé d’ouvrir une procédure d’examen de cette opération de rachat, comme elles l’ont notifié le 18 août 2023. Eu égard au montant assez peu élevé de la transaction, cette opération n'était pourtant pas soumise à une notification obligatoire des autorités de concurrence en Europe. C’est seulement « la deuxième fois que la procédure de renvoi via l’article 22 du règlement concentrations d’une opération « sous les seuils » est mise en œuvre par la Commission européenne ».
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Prévenir des effets néfastes sur la concurrence et les prix des puces V2X
Considérant que Qualcomm et Autotalks vendent des systèmes de communication V2X en Europe, notamment en France, la Commission européenne cherche à prévenir des « effets néfastes significatifs sur la concurrence », une « augmentation sensible des prix dans les secteurs en cause », et des « conséquences en matière d’innovation ».
Qualcomm est déjà indispensable à plusieurs constructeurs automobiles
Rappelons que Qualcomm, réputé pour sa plateforme Snapdragon et pour ses technologies de software defined vehicle, a déjà une forte activité dans l’automobile, travaillant avec Stellantis, Volkswagen, Renault, BMW, Mercedes-Benz, GM ou encore Honda. Le groupe américain travaille aussi avec des équipementiers automobiles, Continental par exemple, dont il est parfois concurrent.
Toujours dans le périmètre automobile, début août 2023, Qualcomm, avec Bosch, Infineon, Nordic Semiconductor et NXP ont annoncé la création d’une coentreprise de semi-conducteurs en Allemagne pour accélérer l’adoption de l’architecture RISC-V. Cette architecture open source a ébranlé la concurrence et reçoit l’appui de nombreux groupes chinois, comme Tencent par exemple.