Fin du thermique en 2035 : Emmanuel Macron veut une dérogation pour les véhicules hybrides rechargeables
Alors que la Commission européenne annonçait en juillet dernier son ambition d’aboutir au zéro carbone pour l’automobile en 2035, en interdisant de fait la vente des véhicules thermiques, y compris hybrides, Emmanuel Macron compte bien tenir sa promesse et demander une « dérogation » pour la vente des véhicules hybrides rechargeables.
Présenté le 14 juillet dernier, le nouveau paquet climat de la Commission européenne, baptisé « Fit for 55 » (ajustement à 55, NDLR), vise une réduction de 55 % des émissions de CO2 en 2030 (par rapport à 1990). Le texte contient pas moins de douze projets de règlements et de directives visant à mettre l’Europe sur la voie de la neutralité climatique d’ici à 2050 : de l’agriculture aux transports aériens en passant bien évidemment par l’automobile. Là, l’accélération est encore un peu plus importante puisque la Commission européenne vise le zéro carbone en 2035, en autorisant seulement la vente de véhicules zéro émission à partir de cette date et en interdisant de fait la vente des véhicules thermiques, y compris hybrides, pour les voitures et les camionnettes. Radical, cet engagement devra être voté par le Parlement européen et les États membres, dont la France.
Quid alors de l’initiative prise par notre gouvernement, à travers la loi d’orientation des mobilités (LOM), de bannir les moteurs thermiques à l’horizon 2040 ? Quid du déploiement de l’infrastructure de recharge pour véhicules électriques et des 50 000 emplois en jeu pour la filière aval ? Quid enfin de la promesse d’Emmanuel Macron qui, le 12 juillet dernier, s’engageait devant les représentants de l’ensemble de la filière automobile à défendre l’hybride au niveau européen ?
À en croire, Nicolas Osouf, sous-directeur de la sécurité et des émissions des véhicules au ministère de la Transition écologique, le président de la République ne l’aurait pas oubliée. S’exprimant ce matin sur les différents outils de politique publique favorisant le renouvellement du parc automobile français, lors d’une table ronde organisée par le MAP (l’observatoire des experts de la mobilité), ce dernier a rapidement évoqué l’intention d’Emmanuel Macron de porter une demande de dérogation au niveau européen afin que les véhicules hybrides rechargeables puissent continuer à être vendus en France entre 2035 et 2040.
Une position qui sera sans nul doute difficile à défendre pour la France, qui occupera la présidence de l’Union de janvier à juin 2022. Plusieurs pays européens, dont l’Allemagne, sont en effet favorables au nouveau paquet climat pour l’automobile. Les constructeurs allemands n’étant pas aussi dépendants de l’Union européenne dans leurs ventes au contraire de Stellantis et Renault Group. Ce qui leur ouvre la voie à une commercialisation de leurs véhicules thermiques aux États-Unis et en Chine notamment.