Fin du thermique en 2035 : la France exhorte l'Allemagne à soutenir le projet européen

Christophe CARIGNANO
Fin du thermique en 2035 : la France exhorte l'Allemagne à soutenir le projet européen

La France et l'Allemagne se déchirent au niveau de la fin du véhicule thermique en 2035.

© Commission européenne

Après l'échec du vote européen sur la fin du thermique en 2035 en Europe, en raison de l'opposition de l'Allemagne, la réaction de la France ne s'est pas fait attendre. Le ministre des Transports, Clément Beaune, a exhorté l'Allemagne à rentrer dans le rang et à soutenir le projet européen. 

Le bras de fer entre la France et l'Allemagne existe depuis plusieurs mois au niveau de l'énergie et de la trajectoire zéro carbone en Europe. Ce conflit entre les deux pays apparaît désormais au grand jour après le blocage par l'Allemagne de la législation sur la fin des moteurs thermiques en 2035. L'issue de cette crise n'est pas dans l'automobile mais dépend désormais de l'introduction du nucléaire dans l'hydrogène bas carbone en Europe.

Alors que le Parlement européen a déjà approuvé l'interdiction de la vente de voitures neuves à essence et diesel dans l'Union européenne à partir de 2035, il appartenait au Conseil européen de donner son approbation définitive, le 7 mars, avant sa publication au Journal officiel. Mais rien ne s'est passé ainsi... L'Allemagne ayant bloqué son vote dans une drôle d'alliance avec l'Italie.

« Cette crise diplomatique souligne une évidente absence de consensus, non pas sur la trajectoire de décarbonation mais sur le choix d’une technologie unique pour atteindre des objectifs extrêmement ambitieux dans un agenda très contraint », déclare Xavier Horent, délégué général de Mobilians à cette occasion. « Elle pointe également, et peut-être surtout, la mésentente franco-allemande sur la place du nucléaire… indispensable à la production d’hydrogène et de carburants synthétiques dans la perspective de l'objectif de neutralité carbone en 2050. Paris a raison d’être ferme sur ce point ».

Une réaction française ferme à la hauteur de l'opposition actuelle avec l'Allemagne

La réaction française ne s'est pas fait attendre. Et comme on pouvait s'y attendre, la France a livré un message de fermeté. Clément Beaune, ministre chargé des Transports, a déclaré sur LCI « qu'il regrettait une forme de fronde de Berlin. Il faut garder cet objectif. Il est très important, y compris pour nos industriels, en France, en Allemagne », rappelant que cette fronde émanait des libéraux du FDP, dont le ministre des Transports Volker Wissing est membre. Et d'ajouter : « Il y a des inquiétudes, je crois qu'il y a des discussions internes à la coalition allemande, pour être très clair aussi un peu de positionnement politique ».

« Nous serons balayés sur le plan industriel et écologique » 

Jouant la carte de la décarbonation, le ministre français a mis en garde l'Allemagne: « Si on ne garde pas cette ambition nous serons balayés sur le plan industriel et écologique (...) ce n’est pas en donnant des contre-signaux que l’on va réussir à créer cette voiture électrique accessible à tous ».

Tension entre la France et l'Allemagne autour du bas carbone et du nucléaire

Cette opposition entre la France et l'Allemagne en Europe a pour origine, non pas l'automobile, mais la directive sur les énergies renouvelables. Défendu à Stockholm par la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, l'hydrogène bas carbone reste minoritaire. Rappelant que pour parvenir à l'objectif de neutralité climatique en 2050, il est nécessaire de compter sur le nucléaire. L'Allemagne défendant le seul hydrogène vert produit à partir de l'éolien et du photovoltaïque, excluant le nucléaire français.

À la demande de Rome et Berlin, les 27 avaient en effet intégré au texte un possible feu vert à l'avenir pour des technologies alternatives comme les carburants synthétiques (e-carburants) si celles-ci permettent d'atteindre l'objectif de supprimer totalement les émissions de gaz à effet de serre des véhicules. La France n'est pas entrée dans ce débat, et on comprend pourquoi, laissant l'Allemagne assumer une minorité de blocage.

Pour faire du carburant de synthèse, il faut de l'hydrogène vert

Rappelons que ce carburant de synthèse répond à un procédé chimique obtenu sans pétrole. Il est produit en combinant du dioxyde de carbone capturé dans l'atmosphère et de l'hydrogène vert. Ce même hydrogène que défend l'Allemagne contre la France. À noter que le constructeur Porsche a été le premier à miser sur cette technologie. Une première usine est en construction depuis l'an passé au Chili en partenariat avec Siemens Energy ou encore ExxonMobil et l'italien Enel.

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