47 sociétés appellent la Commission européenne à maintenir sa position et interdire la vente de véhicules neufs thermiques en Europe dès 2035.
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Après l'appel de 30 entreprises à interdire la vente des véhicules thermiques en Europe dès 2030, 47 sociétés – dont Ford, Volvo, LeasePlan ou encore Unilever – se mobilisent et demandent à la Commission européenne de maintenir sa position.
L'Europe ira-t-elle au bout de ses convictions en interdisant la vente des véhicules thermiques neufs dès 2035 ? Alors que la question semblait tranchée il y a encore quelques semaines, aujourd'hui nous ne sommes plus sûrs de rien. Après l'accord trouvé entre les États membres et les élus du Parlement européen en octobre dernier, et confirmé en février 2023, c'est désormais à la Commission européenne que tout se joue. Et alors que l'Allemagne a bloqué un vote censé relever de la formalité, sept autres pays du Vieux Continent (Hongrie, Italie, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, et Slovaquie) s'opposent désormais à la mesure.
Une situation qui a de quoi inquiéter les entreprises et industriels du secteur qui manquent de perspectives stables pour l'avenir. Ainsi, dans une lettre coordonnée par l'organisation internationale à but non lucratif Climate Groupe – à l'origine notamment de l'initiative d'électrification des flottes EV100 –, 47 sociétés appellent la Commission européenne à maintenir sa position et interdire la vente de véhicules neufs thermiques en Europe dès 2035. « Les entreprises de l'Union ont besoin de clarté et d'une grande ambition dans la législation pour soutenir leurs projets à plus long terme de passer aux véhicules électriques », expliquent-elles en rappelant que « les 127 entreprises qui composent le réseau EV100 se sont déjà engagées à décarboner entièrement leurs flottes de véhicules d'ici à 2030 sans utiliser d'e-carburants ».
Dans leur courrier, elles soulignent que « l'annulation de l'interdiction de commercialisation des véhicules neufs à essence et diesel d'ici à 2035 aurait des conséquences néfastes sur l'environnement et la qualité de l'air (le transport routier reste la principale source d'émissions de particules là où les gens vivent et travaillent). L'absence d'un cadre réglementaire fort pourrait avoir des conséquences importantes sur les plans de décarbonation des entreprises. De plus, sans l'adoption du règlement sur les normes d'émissions de CO2 pour les voitures et les camionnettes, l'UE ne sera pas en mesure d'atteindre son objectif de neutralité climatique d'ici à 2050, auquel les États membres se sont engagés. » Et d'insister : « L'appel de l'Allemagne à des concessions sur l'utilisation des e-carburants ne servirait qu'à prolonger la durée de vie du moteur à combustion interne et à retarder le passage aux véhicules à zéro émission. »
Il est à noter que parmi les 47 signataires de la lettre, on retrouve trois constructeurs (Ford, Volvo et Arrival) et le loueur LeasePlan, une majorité de spécialistes de la recharge électrique (ABB, Allego, Chargepoint, EVBox, Fastned, SAP Labs, Wallbox...) ainsi que des grands groupes déjà bien avancés dans l'électrification de leur flotte automobile (AstraZeneca, AnPost, Ikea, Tesco, Unilever...). Pour Sandra Roling, directrice transport de Climate Group, « la certitude législative est vitale pour la planification des activités. Nos demandes sont simples. Tenez-vous en à la date de 2035, et pas de concessions pour les e-carburants. Donner aux entreprises la clarté et la certitude dont elles ont besoin pour investir dans le passage aux véhicules électriques ». Et Jim Rowan, P-DG de Volvo Cars, d'ajouter : « Ce n'est pas le moment de revenir en arrière et de bloquer les objectifs climatiques scientifiques pour notre industrie. Ce n'est pas le moment de faire passer les intérêts politiques nationaux avant la santé et le bien-être de notre planète et des citoyens de l'UE, et même des générations futures. Le moment est venu d'adopter une politique et un leadership forts, décisifs et progressistes. » Enfin, pour Martin Sander, directeur général de Ford Model e Europe, « le débat en cours ne fait que créer de l'incertitude chez les consommateurs et détourne l'attention de nos efforts conjoints pour lutter contre la crise climatique. »