Fin du thermique et nucléaire : la France essuie deux revers importants face à l'Allemagne

Fin du thermique et nucléaire : la France essuie deux revers importants face à l'Allemagne

À partir de 2035, le e-carburant remplacera l'essence fossile dans les véhicules thermiques.

© pixabay

La France a subi deux revers importants lors du Conseil européen des 24 et 25 mars derniers. L'Allemagne a réussi à faire adopter l'intégration du e-carburant dès 2035 pour accepter de mettre fin aux véhicules thermiques. De plus, à la demande de l’Allemagne toujours, le nucléaire serait exclu du plan Net Zero Industry Act. Un second revers majeur pour l'industrie française.

Les temps sont durs pour la France en Europe ! L’Allemagne ne laisse aucune miette aux autres dans le déploiement de sa souveraineté énergétique au mépris de l’environnement et du changement climatique, tout en piétinant l’avenir énergétique de son principal partenaire en Europe, à savoir la France.

Deux sujets occupaient toutes les conversations du Conseil européen de Bruxelles en fin de semaine dernière : la question de la fin des véhicules thermiques en 2035 et l’intégration officielle du nucléaire dans l’hydrogène bas carbone. Les deux sujets étant liés autour de la question de l'hydrogène.

Emmanuel Macron acte l’introduction du carburant synthétique (e-carburant)

Sur le premier point : la législation actant la fin des véhicules thermiques en 2035, bloquée par l’Allemagne depuis le 7 mars 2023, la France a rapidement rejoint la position de Berlin visant à introduire le carburant synthétique (e-carburant) comme solution complémentaire au tout-électrique. Rappelons que considérée comme actée dans l’Union européenne, l’interdiction de vendre des véhicules thermiques à partir de 2035 a été remise en cause par un groupe de pays emmené par l’Allemagne. L'Europe semble changer son cap si on en croit un texte en préparation qui a incidemment, bien entendu, fuité. Ce texte prévoit d'autoriser les véhicules thermiques mus par des carburants synthétiques post-2035. « Il ne s’agit pas de faire grossièrement volte-face, mais d’autoriser, post-2035, les carburants synthétiques dans la mesure où ils prouvent leur vertu de zéro émission », expliquait le gouvernement du chancelier allemand Olaf Scholz. 

Dès son arrivée à Bruxelles, Emmanuel Macron déclarait rapidement : « Nous avons eu une très bonne discussion ce matin avec le chancelier allemand, qui nous a permis de revenir sur les éléments de neutralité technologique. (...) Je pense que nous trouverons l’accord, nous sommes en train de le trouver sur l’hydrogène comme sur les autres sujets pour conserver la neutralité technologique et permettre, ce qui je crois est un objectif partagé par tous qui est de décarboner notre économie. Et en la décarbonant, de pouvoir répondre à nos objectifs climatiques et de maintenir à la fois compétitivité et souveraineté : le nucléaire et le renouvelable le permettent. L’utilisation de tout ce qui est charbon ou gaz ne le permet pas. »

E-carburant : une absurdité énergétique, environnementale et économique

Sur le fond, ce carburant synthétique ne changera pas grand chose en 2035. Il sera difficile de trouver des automobilistes ou des entreprises volontaires pour payer un carburant synthétique à un tarif à la pompe compris entre  4 et 10 euros le litre ! Un vrai luxe de rouler en thermique ! Ce e-carburant ne freinera en rien la fin de la commercialisation des véhicules thermiques en 2035.

En revanche, l’introduction de ce e-carburant dans la législation européenne intéresse au plus haut point les équipementiers spécialisés dans les moteurs thermiques, la plupart d'entre eux étant basés en Allemagne. Ce texte suggère d’imposer sur ces véhicules une solution technologique qui interdirait leur fonctionnement si le carburant n’est pas synthétique, zéro émission donc. Une solution technologique, boîtier et logiciels, qu’il faudra ainsi mettre en œuvre sur l’ensemble des véhicules thermiques commercialisés à partir de 2035… Quelle belle idée !

e-carburant : entre 4 et 10 euros le litre !

Rappelons que le carburant synthétique est une vieille histoire, sorte d'utopie que l'on cherche à développer en vain depuis la crise pétrolière de 1974. Bilan : il a toujours été un échec cuisant, tant sur le plan économique qu'énergétique. Pourtant, plusieurs tentatives ont été faites pour en produire. On aboutit toujours au même résultat : trop cher en énergie pour le produire et une rentabilité énergétique très faible de moins de 15 % quand on fait rouler une voiture thermique avec ce type de e-carburant contre 75 % pour une électricité dépensée dans une batterie électrique. Autre problème et non des moindres : le carburant synthétique émet autant de NOx qu’un carburant fossile.

Pour produire du carburant synthétique, il faut commencer par un processus d’électrolyse afin de séparer la molécule d’eau (H2O) en hydrogène et en oxygène. Pour réaliser cette réaction chimique, il faut évidemment beaucoup d’énergie. L’hydrogène est ensuite mélangé au dioxyde de carbone (CO2) pour créer un carburant synthétique liquide.

L’hydrogène gris en Europe à hauteur de 95 % de la production

Côté hydrogène, ce n’est pas très glorieux. En effet, 95 % de la production d’hydrogène en Europe est de l’hydrogène gris, défendu par l’Allemagne. C’est une technique utilisant le gaz méthane, ce qui fait qu’un kilo d’hydrogène gris émet 10 kg de CO2. L’hydrogène bas carbone, défendu par la France en utilisant l’énergie nucléaire, ne pèse que 1 %.

Dans la foulée, le commissaire européen à l’Environnement, trop content de sauver sa législation sur la fin du thermique en 2035, présentait cet accord sur son compte Twitter afin d’éviter tout nouveau revirement au niveau européen ! « Nous avons trouvé un accord avec l’Allemagne sur l’utilisation future des carburants de synthèse dans les voitures », a-t-il écrit. « Désormais, nous allons travailler à faire adopter le règlement sur les normes de CO2 des voitures dès que possible ».

Aucune aide pour le nucléaire dans le plan européen Net Zero Industry Act

En cédant sur le e-carburant, Emmanuel Macron espérait sans doute un geste de l’Allemagne sur l’introduction du nucléaire dans le plan européen Net Zero Industry Act. Et ainsi obtenir des crédits européens sur la décarbonation de l’énergie au même titre que l’éolien ou le photovoltaïque.

Peine perdue, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a refroidi les espoirs de la délégation française en se faisant porte-parole de l’Allemagne.

« Le nucléaire peut jouer un rôle dans notre effort de décarbonation, c’est important », a-t-elle simplement concédé. « Mais seules les technologies à zéro émission que nous jugeons stratégiques pour l’avenir – comme les panneaux solaires, les batteries et les électrolyseurs – ont accès à l’ensemble des avantages et des bénéfices », a aussitôt ajouté la présidente allemande de la Commission.

Un coup dur pour l’industrie française

C’est une très mauvaise nouvelle pour l’industrie française qui devrait se passer des milliards de soutien du fonds européen alors que dans le même temps l’Allemagne continue d’investir dans le charbon et l’hydrogène gris avec le gaz.

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