Fin du véhicule thermique : le business des auto-écoles et du permis de conduire remis en question

Fin du véhicule thermique : le business des auto-écoles et du permis de conduire remis en question

La généralisation des voitures électriques, et donc des boîtes manuelles, aura un impact sur le permis de conduire et le business model des auto-écoles.

Remettant en cause bon nombre de business models, la fin du véhicule thermique à l’horizon 2035 n’est pas sans poser plusieurs questions sur le futur de notre mobilité. Celle de la disparition des boîtes mécaniques, par exemple, interroge également sur les implications pour les auto-écoles, le permis de conduire et le marché de l'occasion.

Confirmée par le Parlement européen lors du vote du 14 février, la vente des véhicules particuliers et utilitaires thermiques neufs devra cesser d’ici à 2035 sur le Vieux Continent. Une mesure qui, même si elle ne doit s’appliquer que dans douze ans, a déjà de fortes répercussions sur le parc automobile français et le catalogue des constructeurs. Indirectement, on voit également apparaître de forts enjeux quant à l’apprentissage à la conduite et l’accès au permis de conduire. L’examen devra nécessairement s’adapter à l’évolution des véhicules remettant en cause le business model des auto-écoles, et ce plus tôt que l’on ne le croit.

Vers la fin du permis en boîte manuelle ?

En effet, renouvelant en moyenne leurs véhicules tous les 24 mois – voire moins –, les écoles de conduite vont très rapidement se trouver dans l’incapacité de renouveler leur flotte en boîte manuelle puisqu’aujourd’hui les marques les retirent rapidement de leurs gammes pour les remplacer par des véhicules hybrides ou électriques par définition dotés de boîte de vitesses automatique. « Dans nos réflexions, nous nous attendons à devoir délaisser la boîte mécanique et les formations correspondantes, nous confie Patrick Crespo, directeur du réseau CER. Nous commençons déjà dans certaines agences, à titre expérimental, à travailler uniquement en boîte automatique et sur les dernières heures nous inversons la formation sur la boîte manuelle. » Un virage technologique qui risque toutefois d’être en inéquation avec les besoins réels du marché puisque la part des véhicules en boîte manuelle accessibles sur le marché de l’occasion restera majoritaire encore longtemps. Véhicules accessibles notamment aux jeunes conducteurs, cela nécessitera qu’ils soient formés aux manipulations mécaniques spécifiques pendant encore de nombreuses années.

Des simulateurs de conduite pour accompagner la révolution technologique

Pour les auto-écoles, il devient donc urgent de trouver une alternative à la formation en boîte manuelle puisque dans un avenir très proche les véhicules en boîte automatique seront les seuls disponibles pour assurer la formation pratique. Aussi, qui dit permis de conduire automatique dit moins d’heures de formation, avec un coût moins important et un meilleur taux de réussite. Dans un contexte où le secteur manque cruellement de formateurs et d’examinateurs, l’Arem (Alliance des réseaux d’éducation à la mobilité) y voit donc une opportunité de désengorger le système et soutient une formation de 7 heures sur simulateur de conduite « parfaitement adapté et largement suffisant pour manipuler la boîte de vitesses, utiliser un embrayage et coordonner l’ensemble ». Rappelons que l’utilisation de ces simulateurs est autorisée depuis juillet 2019 à raison d’une heure seulement sur l’ensemble de la formation. Le dispositif pourrait donc, par la force des choses, être étendu joignant aux nombreux bénéfices économiques – prix de formation plus bas, amélioration de la marge pour les agences… – d’indéniables avantages écologiques. Selon l’Arem, « une heure d’apprentissage sur simulateur évite le rejet de 4 kg de CO2. Ainsi, les 880 000 apprentis conducteurs au permis B avaient recours aux simulateurs pour la formation de 7 heures, chaque année ce serait près de 25 000 tonnes de CO2 qui ne seraient pas émises », affirme l’organisation. Ce changement de paradigme dans la formation permettrait ainsi une conversion plus rapide du parc de véhicules auto-écoles en boîte automatique afin d’accompagner également la formation aux Adas.

La révision du permis de conduire est en cours

Alertés sur le sujet, les pouvoirs publics commencent à se pencher sur la question. La Commission européenne a déjà annoncé procéder à la révision de l’actuelle directive relative au permis de conduire adoptée en 2006. Attendue pour 2024, son objectif est d’améliorer la sécurité routière mais surtout de prendre en compte les nouveaux défis en matière de mobilité, en particulier dans le domaine du numérique. Pour l’Arem, c’est « l’occasion d’envisager un nouvel avenir pour l’éducation routière ». Au-delà de l’aspect pratique, l’organisme souhaite que les aspects théoriques liés à l’impact environnemental de la mobilité soient davantage mis en avant dans le cadre de la formation. Pourraient ainsi être abordés :

  • L’utilisation des mobilités douces et les nouveaux outils de déplacement individuels.
  • Les avantages et inconvénients de chaque type de carburant (diesel, essence, GPL, hydrogène, électrique…) d’un point de vue économique, réglementaire et sécuritaire.
  • L’optimisation de la durée de vie d’un véhicule selon son énergie (VE, carburant fossile, hydrogène…).
  • La planification des trajets et les possibilités techniques accessibles pour le faire : applications, calculateurs, sites internet.
  • Les notions techniques qui permettent de bien choisir un véhicule ou un moyen de mobilité adapté à son usage.

Nous vous recommandons

Rétrofit : TOLV livre officiellement son premier Trafic électrique à la ville de Montreuil

En bref

Rétrofit : TOLV livre officiellement son premier Trafic électrique à la ville de Montreuil

La flotte de la municipalité située dans l'est parisien intègre enfin son premier utilitaire converti à la féé électricité.Dans le petit landerneau du rétrofit électrique, TOLV a réussi à se distinguer. L'entreprise iséroise...

Retrofit : Transition-One placée en liquidation judiciaire

Retrofit : Transition-One placée en liquidation judiciaire

Dieselgate : la mise en examen de Volkswagen confirmée en France

Dieselgate : la mise en examen de Volkswagen confirmée en France

Accusés de surfacturer les véhicules électriques, les loueurs longue durée répondent

Accusés de surfacturer les véhicules électriques, les loueurs longue durée répondent

Plus d'articles