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Fleet & Mobility Managers Club (FMMC) : les JOP de Paris 2024, une vitrine de la mobilité du futur ?

Fleet & Mobility Managers Club (FMMC) : les JOP de Paris 2024, une vitrine de la mobilité du futur ?

De gauche à droite : Jean-Michel Genestier, conseiller délégué de la Métropole du Grand Paris en charge de la logistique et maire du Raincy ; Jean-André Lasserre, directeur du programme InTerLUD, Logistic Low Carbon ; Marc Lamy, directeur des mobilités de la ville d’Antony ; Olivier Koch, directeur France de l'opérateur de parkings EasyPark ; Clotilde Gaillard, journaliste et rédactrice de L’Automobile & L’Entreprise.

© Léa Ferté

La huitième saison du Fleet & Mobility Managers Club s’est achevée par une table ronde portant sur un sujet d’anticipation : les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. L’occasion d’aborder la question de l’organisation des flux de déplacements durant cet événement exceptionnel mais aussi d’imaginer les opportunités induites en matière de nouvelles mobilités.

Un an environ nous séparent de la date de lancement des JO 2024, la cérémonie d’ouverture de ce rendez-vous sportif incontournable étant prévue au pied de la Tour Eiffel le 26 juillet de l’année prochaine. Ces Jeux Olympiques dureront jusqu’au 11 août et seront suivis des Jeux Paralympiques du 28 août au 8 septembre 2024. Après Londres, Paris devient donc la deuxième ville à accueillir les JO d'été pour la troisième fois, à cent ans d'écart puisque la dernière édition s’est tenue en 1924. Historiques à bien des égards, ces Jeux requièrent néanmoins une gestion des flux de visiteurs, qu’il s’agisse des athlètes, des spectateurs ou des médias qui couvriront l’événement. Sans compter les déplacements des Franciliens qui ne seront pas tous en vacances... Une problématique qu’a bien cernée Jean-Michel Genestier, conseiller délégué de la Métropole du Grand Paris en charge de la logistique et maire du Raincy.

« Il faut que les acteurs économiques continuent à mener leurs activités, notamment ceux qui sont dans le domaine des mobilités, afin que la logistique du quotidien puisse se poursuivre même à cette période », a ainsi plaidé l’expert en préambule. Un constat partagé par Jean-André Lasserre, spécialiste du transport et de la logistique et créateur de Logistic Low Carbon, engagé dans le programme InTerLUD. « On se prépare à accueillir un événement qui va représenter 15 millions de personnes dont on estime que 90% viendront de France et 47% de l'Île-de-France. Or, en plus de gérer la logistique liée aux Jeux, il faudra répondre à la question : comment j'approvisionne sans rupture les hôpitaux, les EHPAD, les hôtels, les restaurants, etc. », a précisé celui qui a également participé à la rédaction du rapport de France Logistique 2025.

Peur sur la ville ?

Pour éviter les risques de congestion, « je recommande à tous les automobilistes qui doivent se déplacer en région parisienne pendant les Jeux olympiques et paralympiques d’essayer de reporter leurs déplacements et de s'appuyer sur un autre mode de transport parce que je ne suis pas certain que les infrastructures que nous avons aujourd'hui en place sont capables d'accueillir les 15 millions de visiteurs qui ont été anticipés pour ces jeux », a observé Olivier Koch, directeur France de l'opérateur de parkings EasyPark. Le stationnement étant sous pression et pouvant lui aussi se retrouver saturé, l’intervenant a d’ailleurs soutenu « une réflexion à avoir pour guider les automobilistes vers les places qui sont disponibles en souterrain, surtout quand vous n'avez que 50 000 places qui sont disponibles en voirie pour faire de la rotation. »

Située sur la ligne de RER B et retenue comme Centre de préparation aux JOP 2024, « la ville d'Antony est en train de réfléchir dès à présent à la construction d'un nouvel équipement de parking pour février 2024 afin de permettre aux gens de se garer chez nous puis de prendre le RER pour aller jusqu'au Stade de France, sachant qu'effectivement, le stationnement de ce lieu aujourd'hui est devenu beaucoup plus compliqué qu'avant » a quant à lui rappelé Marc Lamy, directeur des mobilités de la ville d’Antony qui fut autrefois chargé de mettre en place le dispositif de circulation et de stationnement de la Coupe du monde de football en 1998. « Autour d'un événement sportif comme celui-là, vous avez l'obligation de mettre en place des périmètres de sécurité », a-t-il confirmé.

Des contraintes qui exigent de « repousser des flux qui ne sont pas nécessaires ou de les retarder », a prôné Jean-André Lasserre. Par conséquent, « nous analysons beaucoup ce qui s'est passé lors des JO de Londres, durant lesquels une entreprise sur deux a revu sa logistique et environ 51%, à la suite des Jeux, ont maintenu cette organisation, avec plusieurs formes de solution de fond comme un recours accru au télétravail. » En somme, « la solution n'est donc pas de fuir, c'est tout simplement de s'adapter, d’anticiper et de coopérer entre tous les secteurs impactés afin que les chaînes logistiques interagissent et se coordonnent. Après l’anticipation, l’autre point crucial est la qualité de l'information », a-t-il ajouté, appuyé par Jean-Michel Genestier. « La Métropole du Grand Paris compte 131 communes et nous souhaitons faire en sorte que les maires soient aussi des vecteurs de communication. En 2018, j’ai initié un pacte logistique métropolitain pour étudier des sujets particuliers en fonction des problématiques des uns ou des autres mais établir des objectifs qui viseront, à termes, une décarbonisation de la mobilité qui soit prise en compte par l'ensemble des acteurs économiques », a fait remarquer ce dernier.

La chimère des taxis volants

Et si les JOP de Paris 2024 constituaient l’opportunité de développer des transports plus propres mais aussi plus innovants ? Alors que des rumeurs de navettes autonomes, de taxis volants – les Velocity – ou même d’utilisation de l’intelligence artificielle pour fluidifier le trafic bruissent de-ci de-là, « nous essayons de voir toutes les alternatives présentent sur le marché pour expérimenter des solutions adéquates et qui puissent répondre aux besoins actuels de déplacement. Ainsi, si les navettes autonomes sont envisageables, d’autres solutions relèvent plus du fantasme difficile à mettre en place et qui demandent des autorisations de survol aérien par exemple », a reconnu Marc Lamy. Jean-André Lasserre, lui, a dévoilé qu’« en ce moment, de façon collaborative avec l'État, nous travaillons sur les itinéraires clés à préserver pour ensuite engager un système visant à les fluidifier. »

Dans cette veine, la pérennisation de projets tels que les voies réservées au covoiturage ou la vitesse à 50 km/h sur le périphérique s’inscrit comme une possibilité. Néanmoins, « n’oublions pas la Seine car, en termes de logistique, le fluvial possède un formidable potentiel de report modal », a fait valoir Jean-Michel Genestier. Tout comme « la cyclo-logistique, une niche qui affiche une croissance exponentielle grâce à l'assistance électrique assurant jusqu'à 200 kilos de charge et permettant de transporter énormément de choses. Certes, ça ne fait pas forcément autant rêver que des objets volants identifiés, mais cela évite l’équivalent de 250 camions sur la route par jour », a promu le maire du Raincy. « Si on ne peut pas toujours réinventer ou inventer, il faut plutôt s’inspirer et considérer ces Jeux Olympiques comme une occasion unique de tester des solutions de mobilité grandeur nature et d’en tirer les leçons pour ensuite les rediffuser dans l'ensemble des territoires », a enfin conclu Jean-André Lasserre.

Retrouvez cet article dans le magazine n°288 de L'Automobile & L'Entreprise

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