L'année 2022 sera décisive pour l'avenir du newcomer américain Nikola.
© Nikola Motor
Après une année très mouvementée, Nikola a conclu 2021 en livrant ses deux premiers camions électriques Tre. En équilibre instable, le constructeur jouera gros au cours de l’exercice 2022.
Les derniers mois auront été particulièrement éprouvants pour les équipes de Nikola Motor et ses investisseurs. Perte d’un important contrat avec GM, qui garde néanmoins sa participation, relations complexes avec Bosch, frasques de son fondateur Trevor Milton, contraint de s’effacer tout en restant actionnaire, nomination de Mark Russell, par ailleurs actionnaire ce qui crée un sentiment de mélange des genres chez certains investisseurs, amende des autorités américaines (SEC), report de nombreux jalons de développement et de production… la liste est longue et roborative.
Toujours est-il que Nikola a clôturé 2021 sur une bonne nouvelle en livrant les deux premiers exemplaires du camion électrique Tre aux ports de Los Angeles et de Long Beach. À cette occasion, Total Transportation Services Inc. (TTSI) a confirmé sa commande de 100 camions à Nikola, 30 Tre électriques (BEV) pour 2022, et 70 Tre à hydrogène (FCEV) à partir de 2023. Il convient toutefois de noter que les Tre livrés par Nikola sont dégradés, dans la mesure où la pénurie de composants électroniques prive ces derniers de certaines fonctions, dans un premier temps.
Pas idéal pour marquer les esprits, mais la direction de Nikola a déjà les yeux rivés sur 2022, année qui s’avère décisive. Le ramp up de son outil de production sera un premier enjeu majeur et de premières indications sont attendues à la fin du premier trimestre 2022 à Coolidge (Arizona, USA) et à Ulm, en Allemagne. En effet, Nikola bénéficie aussi de commandes en Europe, qui prévoient la livraison de 25 camions Tre (BEV) aux opérateurs du port de Hambourg, via le MOU signé avec Iveco. Heniff Transportation a aussi signé une lettre d’intention d’achat de 100 camions zéro émission, avec une commande initiale de 10 camions électriques (BEV).
Par ailleurs, Nikola devra renforcer ses programmes de développement de la mobilité hydrogène. Enfin, Nikola Motor doit assurer son financement. En septembre 2021, Nikola Corporation et Tumim Stone Capital LLC ont conclu un deuxième accord d’achat d’actions ordinaires, dégageant une enveloppe potentielle de 600 millions de dollars. Le groupe joue aussi sur le levier des equity lines (lignes de financement en fonds propres), par le biais de Kim Brady, son directeur financier. Un levier que certains analystes regardent avec prudence, laissant entendre qu’il est actionné quand d’autres portes se sont fermées. « On sent qu’il n’y a pas beaucoup de marge de manœuvre », lâche d’ailleurs un analyste.