Fusion Renault et FCA : l'enjeu de la gouvernance pose de gros problèmes
Le conseil d’administration du groupe Renault se réunira demain, mardi 4 juin, pour discuter de l’offre de fusion que lui a transmis le constructeur italo-américain.
Suite à la proposition de fusion à 50/50 envoyée par le groupe Fiat Chrysler au groupe Renault le 27 mai dernier, les premiers commentaires favorables et optimistes des experts ont laissé place à de fortes interrogations quant à ce rapprochement.
Problème de gouvernance et répartition du capital
Les discussions se poursuivent en coulisse. Deux éléments de cette fusion posent problème : la répartition du capital de l’entité globale envisagée et la gouvernance. Dans les deux cas, l’entreprise fusionnée serait contrôlée par la famille Agnelli, tant au niveau de la gouvernance que du capital qui posséderait majoritairement 14,5 % de l’ensemble via la holding Exor présidée John Elkann.
Dans sa proposition de fusion, FCA serait valorisée à 17,5 milliards d’euros contre 15 milliards pour le groupe Renault. Une valorisation très contestable sur le seul point du contexte industriel et du retard pris par FCA au niveau des motorisations électriques et hybrides. On comprend aussi pourquoi le groupe italo-américain est pressé de faire affaire car cela ne prend pas en compte la réalité économique du groupe FCA en Europe dans les deux années à venir. Le constructeur devra faire face, en effet, à des amendes de près de 3 milliards d’euros en raison des dépassements de la limite des 95 g de CO2 dans la moyenne de ses rejets dès 2020. Et l’accord de portage de CO2 passé avec Tesla ne devrait pas éviter au groupe de payer de lourdes amendes au niveau européen.
Depuis quelques jours, le doute s’est installé dans cette fusion annoncée entre le groupe Renault et FCA. Difficile d’y trouver un seul avantage pour le constructeur de Billancourt sauf peut-être la course aux volumes. Mais cette course aux volumes n’est plus l’alpha et l’omega pour s’installer au premier rang mondial. Le respect des normes drastiques de rejet de CO2, en Europe notamment, est désormais le premier critère de développement pour un constructeur.
Un écran de fumée pour favoriser une fusion avec Nissan
Suite à ces désaccords importants, FCA aurait répondu que la « proposition était à prendre ou à laisser ». Et comme personne ne peut imaginer que la famille Agnelli puisse prendre le contrôle du groupe Renault, cette vraie-fausse fusion orchestrée par Jean-Dominique Sénard, nouveau président du conseil d’administration depuis quelques mois, pourrait être un écran de fumée qui n’aurait comme seul objectif que de réaliser une vraie fusion entre le constructeur français et Nissan.