Fusion Renault et FCA : le rapprochement est annulé
La fusion à l’étude entre le constructeur italo-américain et son homologue français n’aura pas lieu. Constatant que les conditions politiques n’étaient pas actuellement réunies, Fiat Chrysler Automobiles (FCA) a décidé de retirer son offre.
Comme nous le laissions entendre le 3 juin dernier, cette fusion annoncée à 50/50 entre le groupe Renault et FCA n’avait que peu de chance d’aboutir et n’était en fait qu’un écran de fumée qui n’aura duré que quelques jours
FCA retire son offre suite au dernier communiqué de Renault
Dans un dernier communiqué, le 6 juin, à 0 h 32, le groupe Renault a tout d’abord rappelé qu’il « n’a pas été en mesure de prendre une décision en raison du souhait exprimé par les représentants de l’État français de reporter le vote à un conseil ultérieur ». Dans la foulée, une heure plus tard, FCA a retiré sa proposition de fusion avec le groupe Renault. Dans un communiqué, le conseil d’administration de Fiat Chrysler Automobiles, réuni sous la présidence de John Elkann, précise qu’il « a décidé de retirer avec effet immédiat son projet de fusion présenté au groupe Renault ».
FCA ne remercie pas l’État français
« FCA demeure fermement convaincu du rationnel industriel fort et de la nature transformante d’une proposition largement reconnue depuis qu’elle a été soumise et dont la structure et les termes ont été soigneusement équilibrés pour offrir des bénéfices significatifs à toutes les parties prenantes, dit ce communiqué du constructeur italo-américain. Cependant, il est clairement apparu que les conditions politiques en France ne sont pas actuellement réunies pour qu’un tel rapprochement puisse être mené à bien ».
FCA exprime également « ses sincères remerciements au groupe Renault, en particulier à son président et à son directeur général, ainsi qu’aux partenaires de l’Alliance chez Nissan Motor Company et Mitsubishi Motors Corporation, pour leur engagement constructif dans tous les aspects de la proposition de la FCA ».
Un échec pour Jean-Dominique Sénard
Dans cette affaire, on peut légitimement s’interroger sur la légèreté et l’inexpérience du nouveau président du conseil d’administration du groupe Renault, Jean-Dominique Sénard, qui n’avait pas pris en compte plusieurs paramètres avant de rendre officielle la négociation entre FCA et son groupe. Le premier étant la position de l’État français, actionnaire majoritaire, qui ne pouvait accepter que la famille Agnelli prenne la main, tant à la gouvernance qu’au niveau de l’actionnariat sur Renault. Le second paramètre, le plus inquiétant certainement, c’est la mauvaise analyse des forces en présence et du fossé qui sépare aujourd’hui le groupe Renault de FCA au niveau de l’électrique. Le constructeur italo-américain est, en effet, en très mauvaise posture en Europe risquant de lourdes amendes liées au CO2 en Europe dès la fin de l’année 2020.
Le respect des normes d’émissions de CO2 l’emporte sur la course aux volumes
Cet échec prévisible de la fusion entre Renault et FCA prouve encore une fois que la course aux volumes n’est plus le premier critère pour bâtir un constructeur mondial. Le premier critère est désormais le respect des nouvelles normes de rejet de CO2, très drastiques en Europe dès 2020 et un peu partout dans le monde. La mauvaise analyse de Pierre-Dominique Sénard sur ce plan est inquiétante et pourrait, à court terme, lui coûter sa place à la tête du constructeur français s’il ne réussit pas la nécessaire fusion avec Nissan.