© A. Orlov / A. Kouzmine / Renault Group
Le groupe automobile français a fait savoir mercredi soir qu'il mettait immédiatement en pause ses activités industrielles sur le territoire russe sans toutefois annoncer l'abandon de ce marché d'ampleur pour l'entreprise.
La décision a été prise en conseil d'administration. Mercredi 23 mars, au 28e jour de conflit entre la Russie et l'Ukraine, le constructeur automobile français Renault Group a annoncé par voie de communiqué « suspendre les activités de l'usine Renault de Moscou » et « évaluer les options possibles concernant sa participation dans Avtovaz [la marque Lada, ndlr] tout en tout en agissant de manière responsable envers ses 45 000 salariés en Russie ».
Sous pression depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, le groupe automobile français avait été cité plus tôt dans la journée par Volodymyr Zelensky lors de ses échanges avec le Parlement français. S'exprimant en visioconférence, le président ukrainien avait alors exhorté l'entreprise – ainsi qu'Auchan et Leroy Merlin – à « cesser d'être sponsor de la machine de guerre de la Russie [...] et arrêter de financer le meurtre d'enfants et de femmes, le viol » rappellent nos confrères de l'AFP.
Dans la foulée, son chef de la diplomatie, Dmytro Kuleba, appelait à un boycott mondial des véhicules et services produits par Renault Group.
« Renault refuse de se retirer de Russie.[...] J'appelle les clients et les entreprises du monde entier à boycotter le Groupe Renault » , pouvait-on lire dans un messageRenault refuses to pull out of Russia. Not that it should surprise anyone when Renault supports a brutal war of aggression in Europe. But mistakes must come with a price, especially when repeated. I call on customers and businesses around the globe to boycott Group Renault. pic.twitter.com/STFeafnCoi
— Dmytro Kuleba (@DmytroKuleba) March 23, 2022
La Russie, deuxième marché d'ampleur pour Renault
D'après les résultats commerciaux de Renault Group présentés début 2022, le groupe automobile français a écoulé 482 264 véhicules (VP+VU) l'an dernier en Russie. S'octroyant ainsi 28,8 % de part de marché dans le pays. À titre de comparaison, en France, ce sont 521 710 véhicules issus des différentes marques (Renault, Alpine, Dacia, ...) qui ont été immatriculés, pour 24,9 % de parts de marché.
À noter que la présence de Renault en Russie remonte à 1916 « avec la création de la société Rousski Renault, fournisseur du Tsar Nicolas II », rappelait il y a encore quelques années le constructeur français dans ses communications concernant cet important marché. Une première implantation qui n'aura toutefois pas duré longtemps en raison de la révolution russe de 1917.
Le Losange a dû attendre le début des années 1990 pour faire son retour sur le territoire russe. Un retour couronné de succès puisqu'il a donné naissance à la société Avtoframos, formée par la contraction des mots « Auto », « France » et « Moscou ». « Une entité possédée au début à parts égales entre Renault et la Mairie de Moscou. Cette dernière apportant en outre des bâtiments et des terrains à l'ensemble et Renault du capital ».
Mais, c'est plus particulièrement au cours de la période 2003-2008 que les choses se sont accélérées pour Renault en Russie entre le lancement de la production de la Dacia Logan et la signature d'un partenariat stratégique avec Avtovaz – plus connue sous la marque commerciale Lada – alors premier constructeur russe. Un plan qui sera renforcé un peu plus tard avec la participation de Nissan.