Hopium et son vaisseau noir Machina ne sont pas loin de sombrer.
Hopium a publié des résultats 2022 calamiteux, zéro euro de chiffre d’affaires et un résultat net en déficit de 23,8 millions d’euros. La poursuite de l’activité demeurant conditionnée par l’apport de fonds propres, la continuité d’exploitation n’est pas garantie, expliquent les dirigeants du spécialiste de la mobilité hydrogène.
Hopium, constructeur français de véhicules en phase de développement d’un prototype industriel et développeur de technologies à hydrogène, est mal en point depuis plusieurs mois, mais la publication de ses résultats annuels 2022 vient jeter un voile sombre sur son avenir. Logiquement, faute de produits à commercialiser, Hopium n’a pas réalisé de chiffre d’affaires au cours de l’exercice 2022. Plus inquiétant, les charges d’exploitation de 2022 s’élèvent à 24,9 millions d’euros, contre 9,4 millions d’euros en 2021. Les charges de personnels ont explosé, + 309,6 %, à 13,5 millions d’euros, ce que la direction, sous l’égide d’Olivier Lombard, explique par 116 recrutements pour développer les différents projets de la nouvelle marque automobile. Si on se réfère au rapport annuel de 72 pages de 2021, Hopium comptait alors 54 salariés pour une masse salariale brute de plus de 4 millions d’euros.
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La poudre de perlimpinpin du Mondial de l’Automobile a fait long feu
Les autres achats et charges externes s’élèvent à 9,6 millions d’euros au titre de l’exercice 2022, plus du double par rapport à 2021. Hopium « a notamment augmenté significativement ses dépenses de logiciels (1 330 K€), de marketing et de publicité (1488 K€), avec notamment la participation au Mondial de L’automobile, de prestations de conseils (3 465 K€) et de recherche de financement (1 855 K€) », détaille un communiqué.
La direction d’Hopium en profite pour faire un point d’activité qui ressemble fort à un appel au secours. L’entreprise a procédé à une réorganisation « autour de deux pôles (Hopium Technologies et Hopium Automotive), avec l'objectif d’exploiter, dans un premier temps, sa technologie propriétaire de pile à combustible, principal actif de l'entreprise, en ciblant différents marchés de la mobilité (bus, aéronautique, ferroviaire ou encore maritime) ».
La survie d’Hopium est suspendue à des aides extérieures
Hopium a décidé de réduire ses effectifs et table sur 35 départs volontaires pour les ramener à un niveau compris entre 90 et 100 personnes à la fin du mois d’avril 2023. Début 2023, Hopium a procédé à deux tirages de la ligne Atlas Special Opportunities, à hauteur de 5,5 millions d’euros sur une ligne de financement totale de 21,5 millions d’euros.
À court terme, Hopium conditionne la poursuite de son activité à des aides extérieures : obtention d’une subvention dans le cadre de l’appel à projet « Auto Invest » de France 2030, conclusion d’un ou plusieurs accords industriels ou financiers, nouveaux tirages sur la ligne de financement en obligations convertibles conclue avec la société Atlas.
La berline Hopium Machina n’a plus de date de lancement
En cas d’issue favorable, « la nouvelle feuille de route d’Hopium consisterait à lancer la pré-commercialisation de son système pile dès 2024 parallèlement à son industrialisation, et de débuter la phase de commercialisation en 2025 ». Le développement de la berline de luxe Hopium Machina est maintenu, mais sans aucune précision calendaire. Il n’est plus fait mention de la commande de Crédit Agricole Consumer. Et avec une trésorerie exsangue, difficile de se projeter sur la construction de l’usine normande d’Hopium. « La situation est grave et pas loin d’être désespérée », lance un analyste financier et rappelant que le titre a perdu plus de 70 % en un an.
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