© Hyvia
Seulement neuf mois après sa création, la joint-venture entre Renault et le spécialiste des piles à combustible, Plug Power, inaugure sa première ligne de montage et de test, au sein de l'usine emblématique de la marque française située à Flins. Les premiers véhicules à hydrogène, sur la base du Renault Master ZE, devraient arriver sur les routes françaises au deuxième semestre de l'année. Trois modèles seront proposés : City Bus, Van (L3H2) et Châssis-cabine.
Au sein de la Refactory, l'usine du Losange pour l'économie circulaire située à Flins, se dresse désormais un nouveau logo : celui d'Hyvia. La co-entreprise, fruit d'une collaboration entre le constructeur et l'américain Plug Power initiée en juin 2021, a investi en un temps record un ancien bâtiment logistique de 3 000 m² laissé à l'abandon. De gros travaux ont permis d'établir sa première ligne de production où sont désormais assemblées et testées les piles à combustibles qui équiperont les futurs Master H2 Tech. « Cette technologie sera d'abord disponible sur les versions City Bus, Van et Châssis-cabine pour la France et l'Allemagne, a précisé David Holderbach, P-DG d'Hyvia, lors d'une visite de l'usine organisée ce mardi 15 mars. Viendront ensuite le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Les véhicules seront proposés dans le réseau Renault Pro mais aussi, à terme, directement par Hyvia. » Son objectif : 30 % de parts de marché du véhicule utilitaire à hydrogène en Europe d'ici à 2030.
De gauche à droite : Heinz-Jürgen Löw, SVP Business Unit VUL chez Renault ; David Holderbach, PDG d'HYVIA.; et Andy Marsh, P-DG de Plug Power.
1 000 piles à combustible par an
Depuis la création de la jeune entreprise, 70 personnes ont été recrutées, dont 15 sont dédiées au périmètre de la fabrication et de l'ingénierie de production. Les équipes ont été formées à Flins mais surtout aux États-Unis, par Plug Power, afin de maîtriser totalement la technologie. La ligne industrielle, telle qu'installée, affiche une capacité de montage de 1 000 piles à combustible chaque année. « C'est un début. La ligne est entièrement manuelle, flexible et agile afin d'augmenter la capacité en fonction de l'augmentation de la demande », affirme Olivier Cormier, vice-président manufacturing chez Hyvia.
Une équipe hautement qualifiée d'environ 15 collaborateurs (opérateurs, cadres et techniciens) travaille sur la ligne d'assemblage.
Avec 450 composants et 250 kg , il faut entre huit et dix heures pour assembler une pile dont le cœur du système provient actuellement des États-Unis. À terme, Hyvia souhaite davantage d' intégration verticale . Elle devrait être capable de produire et de monter le cœur de la pile à combustible – la stack – sur place. « Cela demande de lourds investissements et nous sommes actuellement en attente de financement à travers des programmes d'accompagnement de l'Europe », précise David Holderbach. Outre la pile à combustible, cette nouvelle usine est aussi capable d'assembler et de tester des stations de ravitaillement. Dans un second temps, l'approvisionnement en hydrogène débutera avec l'installation d'un électrolyseur de 1 MW qui fournira l'usine en énergie afin de tester les piles et les stations.
La procédure de test final, entièrement automatisée, nécessite entre 2 et 2 h 30.
Le Master H2 Tech bientôt à la route
Les premiers tests sur route des Renault Master à hydrogène vont démarrer cet été. Dans le processus logistique, une fois la pile assemblée et testée à Flins, elle est ensuite envoyée à PVI, une filiale du Losange basée à Gretz-Armainvilliers (77), qui installe la pile et les réservoirs à hydrogène dans les véhicules arrivés de Batilly, lieu de production du grand fourgon électrique. Dans le détail, l'ensemble est monté dans le toit pour les versions Van et City Bus pour garantir un plancher bas, mais dans le soubassement pour le Châssis-cabine. « Nous pensons que le véhicule à pile à combustible est parfait pour les clients qui n'ont pas le temps de recharger, qui souhaitent disposer d'un véhicule avec plus d'autonomie ou plus de charge utile », souligne Heinz-Jürgen Löw, qui a récemment pris la direction Véhicules Utilitaires pour la marque Renault.
Les versions Van et Châssis-cabine présentées sous forme de prototype.
La pile à combustible de 30 kW génère un flux d'électricité qui alimente à la fois une batterie de 33 kWh et le moteur de 57 kW. Ainsi, Hyvia promet une autonomie « étendue » pour des usages intensifiés de 250 km pour la version Châssis-cabine à 500 km pour le Van, couplée à une vitesse de ravitaillement de quelques minutes... à condition d'avoir une station à proximité ! Enfin, concernant le prix des véhicules , il ne faut pas se faire d'illusions, ce ne sera pas à la portée de toutes les entreprises. David Holderbach estime qu'il y a « encore des efforts à faire ». « Il y a actuellement peu de volumes mais nous pouvons réduire rapidement les coûts à l'horizon 2025, nous a t-il précisé. En revanche, à l'usage, on arrive déjà à une parité avec le diesel du fait de la flambée des prix à la pompe. Sur le prix de l'énergie, nous travaillons pour pouvoir fournir dès l'année prochaine de l'hydrogène vert à un tarif plus compétitif ».