« Ivresse des profondeurs et manque d'oxygène » : le marché automobile VP en 2022 par Marc Bruschet Mobilians

« Ivresse des profondeurs et manque d'oxygène » : le marché automobile VP en 2022 par Marc Bruschet Mobilians

Après la crise de l'offre, le secteur automobile connaît une crise de la demande qui pourrait s'accélérer en 2023.

L'analyse du marché automobile des voitures particulières par la branche des concessionnaires VP de Mobilians montre non seulement une crise de l'offre mais aussi une crise de la demande depuis le second semestre 2022. En cause : l'inflation des prix des voitures en hausse de 20 % depuis 2019 tandis que les portefeuilles de commandes ont été artificiellement gonflés par les constructeurs. L'impact sera réel en 2023 sur le marché des particuliers et sur celui des sociétés.

L’analyse du marché automobile français des voitures particulières a été réalisée par Marc Bruschet, président de la branche des concessionnaires VP de Mobilians, en s’appuyant sur les données de Dataneo. Une analyse pertinente qui démontre que tous les feux sont au rouge dans le secteur automobile. Pour autant, le marché a-t-il touché le fond en 2022 ? Marc Bruschet reste prudent et il a bien raison car au fond le volume des livraisons n'est plus le premier objectif des constructeurs.

Difficile d’y répondre, en effet, pour cette année 2023 alors que personne n'avait prévu la guerre en Ukraine et les nouvelles difficultés inhérentes à ce conflit.

Le marché VP français plonge encore en 2022

À travers les analyses de la branche des concessionnaires VP de Mobilians, on comprend que plusieurs marques généralistes ont joué avec le feu en 2022 (Peugeot, Citroën ou encore Ford) alors que d’autres (Toyota ou BMW) s’en tirent plutôt bien. Malgré un rebond technique au second semestre 2022, Marc Bruschet qualifie le marché 2022 comme une « plongée dans la fosse des Mariannes ».
Au premier semestre 2022, le marché toutes marques s'est contracté de 16,3 % tandis qu'il a légèrement progressé de 2,8 % au second semestre. Ce qui donne un repli de 7,8 % pour un total de 1 529 059 véhicules immatriculés sur l'ensemble de l'année. Depuis août 2022, le marché français (tous canaux) est repassé chaque mois en positif, avec cependant une rupture de cette « dynamique » en décembre : août (+ 3,8 %), septembre (+ 5,5 %), octobre (+ 5,5 %), novembre (+ 9,8 %) et décembre (- 0,1 %).

Reprise des ventes aux particuliers au second semestre sauf pour les marques Peugeot, Citroën et Opel

« Le rétablissement du marché toutes marques au second semestre 2022 repose principalement sur la reprise du marché du particulier : délivrance (partielle) du portefeuille », analyse Mobilians. « Le passage des ventes aux particuliers en territoire positif au second semestre concerne la quasi-totalité des marques à l’exception notable de celles appartenant au périmètre PSA (Peugeot, Citroën et Opel) lesquelles replongent dans les ventes tactiques, abandonnant ainsi les ventes rentables si importantes pourtant pour Stellantis ». À titre d’appoint, sur les tactiques : conjugaison d’un ralentissement de la contraction des véhicules de démonstration avec une nette expansion de loueurs courte durée.

La forte poussée enregistrée par les tactiques est principalement due aux marques du périmètre PSA... et aux ajustements de fin d’année, pratique courante chez de nombreux constructeurs. En revanche, le marché sociétés (réparti à quasiment 50/50 entre les autres sociétés et la LLD) est resté plombé par les loueurs techniques.

Ivresse des profondeurs pour le marché des particuliers

Au cumul de l’année 2022, le marché des particuliers est en chute de 26 5 % par rapport à 2019 et de près de 30 % par rapport à la moyenne du marché entre 2016 et 2019. « Plus inquiétant, nous clôturons l’année 2022 sur un volume de ventes aux particuliers en repli de plus de 7 % par rapport à 2020, année amputée par trois mois de confinement », ajoute Marc Bruschet.

Manque d’oxygène pour le marché des sociétés

Alors que ce marché avait connu une croissance continue de 2016 (457 789 unités) à 2019 (565 419 unités) et avait tenu le choc en 2020 (467 046 VP) et 2021 (501 294 unités), il s’est fortement érodé en 2022 (454 395 immatriculations). « Comme pour le particulier, nous sommes repassés en dessous du niveau de 2020 (- 3 %). Le décrochage est de l'ordre de 10 % par rapport à la moyenne du marché entre 2016 et 2019 », analyse Mobilians.

Après la crise de l'offre, voici celle de la demande

Toujours selon Marc Bruschet, le marché automobile 2023 devra faire face à de multiples crises.

  • Indicateurs macro-économiques mal orientés (atonie de la croissance, inflation, baisse du pouvoir d’achat).
  • Maintien de contraintes industrielles fortes (crise de l’offre) : pénurie de semi-conducteurs : desserrement au premier semestre avant une normalisation progressive au second semestre. Mais aussi crise des faisceaux : pas de sortie avant le le premier semestre 2024.
  • Poursuite des tensions sur la logistique : au-delà des situations particulières de chaque constructeur, il reste que le secteur continuera d’être lourdement handicapé par la pénurie de chauffeurs (durcissement de la règlementation européenne à partir de février 2022, sans oublier la guerre en Ukraine) et celle des camions.

Selon les analyses de Mobilians, le marché sera confronté à une rupture de la dynamique positive des commandes à partir du mois de mai : passage en négatif, le plus souvent à deux chiffres avec une aggravation au quatrième trimestre. Sur l’ensemble de l’année 2022, le marché des commandes est en repli de l’ordre de 7 à 8 % par rapport à 2021 (- 6,7 % pour le CCFA au cumul annuel et - 8,5 % pour le baromètre de l’Argus). Principale explication : le prix. Pour mémoire, il a augmenté de plus de 20 % entre 2019 et 2022.

Niveau artificiellement élevé des portefeuilles de commandes

Seule bonne nouvelle : le niveau artificiellement élevé des portefeuilles. Estimé à 600 000 véhicules au 31 décembre 2022, soit quatre à cinq mois de ventes. Problème : le gonflement des portefeuilles est dû à un effet stock (allongement des délais de livraison) et pas aux flux (prises de commandes en chute depuis 7 mois). À ce propos, il est frappant de constater que l’accélération du gonflement des portefeuilles (à partir de mai) correspond à la période de chute des commandes mensuelles. Conséquence : si les immatriculations du premier semestre devraient se tenir en 2023, cela risque d’être problématique au second semestre sauf rétablissement spectaculaire des volumes de production accompagné d’une grande modération sur les prix des VN (peu probable, à ce stade), conclut Mobilians, suggérant une réévaluation de la situation en mars prochain.

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