L’Allemagne mène la fronde contre l’interdiction des moteurs thermiques

Alexandre Guillet

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L’Allemagne mène la fronde contre l’interdiction des moteurs thermiques

Pour des raisons qui dépassent la seule industrie automobile, l'interdiction de vendre des véhicules thermiques divise les pays de l'Union européenne.

© Porsche

Alors que l’interdiction des véhicules thermiques neufs en Europe en 2035 semblait actée, l’Allemagne a tout remis en cause, non sans arrière-pensée. Avec le soutien de l’Italie, de la République tchèque, de la Pologne, de la Roumanie, de la Hongrie et de la Slovaquie, le ministre allemand des transports Volker Wissing assure qu’il y a urgence à réviser la position européenne.

Sur fond de luttes pour la souveraineté énergétique, les fleurets ne sont plus mouchetés et l’Allemagne vient de bousculer l’harmonie de façade qui semblait régner dans les instances européennes à propos de l’interdiction de vendre des véhicules thermiques dans l’Union dès 2035.

Pour parvenir à ses fins, l’Allemagne a su s’assurer le soutien de plusieurs pays, soit par conviction, soit via des négociations plus terre à terre. Ainsi de l’Italie, de la République tchèque, de la Pologne, de la Bulgarie, de la Roumanie, de la Hongrie et de la Slovaquie.

À l'image de Porsche, l'Allemagne veut jouer la carte des carburants synthétiques

Les ministères des transports de ces pays se sont réunis le 13 mars 2023 pour partager leurs vues et trouver un consensus au sujet d’une contre-proposition au niveau des instances européennes. « L’interdiction des moteurs thermiques, alors qu’ils peuvent fonctionner dans le respect de la neutralité carbone, constitue à nos yeux une mauvaise approche », assène Volker Wissing, ministre des transports de l’Allemagne.

Cela n’a rien d’un hasard de calendrier et Volker Wissing a immédiatement reçu le soutien d’Oliver Blume, président de Volkswagen Group et de Porsche AG, qui a réaffirmé les ambitions de Porsche dans le développement des carburants synthétiques, saluant au passage le refus du gouvernement allemand d'entériner en l'état la fin des voitures neuves à moteur thermique en 2035 dans l'Union européenne. « Nous pensons que les e-carburants peuvent jouer un rôle complémentaire utile pour un grand nombre de voitures existantes et les segments de niche, comme le très haut de gamme », avait-il déjà déclaré lors de la présentation des remarquables résultats financiers de Porsche.

L'écueil des particules fines

Avec un pool de partenaires, notamment Siemens Energie, Porsche a mis en service en décembre 2022 une usine pilote au Chili produisant une essence synthétique obtenue en combinant de l'hydrogène vert avec du dioxyde de carbone capturé dans l'atmosphère. Ces carburants sont néanmoins remis en cause par des ONG environnementales qui les jugent non seulement coûteux, mais aussi fortement consommateurs en électricité pour leur production, et polluants, car ils ne suppriment pas les émissions d'oxydes d'azote (NOx).

Sur la question du prix, inutile de rappeler les chiffres extravagants du carburant de synthèse de Zero Petroleum, près de 3 000 euros le litre, car l’usage est réservé à la compétition. On peut cependant rappeler que Barbara Frenkel, directrice des achats de Porsche, a récemment affirmé que le e-fuel ne pouvait pas rivaliser avec d’autres technologies de masse dans bénéficier d’aides.

Des élections européennes 2024 indécises

Il convient aussi de garder à l’esprit que les prochaines élections européennes auront lieu en juin 2024, dans un peu plus d’un an. Considérant l’instabilité de plusieurs pays et le faible taux de participation historique à ce scrutin (à peine plus de 50 % en 2019, un bon millésime...), les résultats peuvent réserver bien des surprises, y compris une surreprésentation de certaines sensibilités. Les Allemands en ont pleinement conscience.

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