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Les chiffres d’une récente enquête montrent que si la France, maintenant en tête des pays européens sur ce point, a beaucoup progressé en triplant, dans les quinze dernières années, le taux d’emploi des salariés de 55 à 60 ans, elle reste cependant très en dessous de la moyenne européenne pour le taux d’emploi des salariés au-delà de 60 ans. Ce dernier résultat peut interroger sur la cohérence de la tendance liée à la volonté d’augmenter la durée du travail et la faisabilité réelle des mesures actuellement présentées. Cependant, en approfondissant la lecture, on comprend qu’au-delà de la pénibilité et de l’usure physique liée à certains postes, que personne ne remet en question, il existe bien une usure dite mentale, traduite par une baisse sensible chez certains de la motivation et du goût pour le métier exercé. Ces cas se retrouvent notamment chez les salariés avouant avoir perdu le sens de la mission, attestant se sentir privés de perspectives, ou plus suffisamment accompagnés par leur management, en particulier dans les programmes de formation.
Heureusement le phénomène n’est pas universel et certains trouvent mieux que d’autres les raisons de maintenir leur intérêt professionnel dans le tumulte des tensions que déclarent généralement subir tous les collaborateurs. La conclusion de l’enquête laisse entrevoir que l’empilement des plans d’entreprises pour l’emploi spécifique des seniors, ne serait pas la solution universelle et qu’il serait préférable pour plus de résultats de veiller à permettre à chacun de mieux poursuivre son épanouissement professionnel.
Du point de vue des entretiens que nous réalisons avec les candidats concernés, il apparaît que le rôle du manager est encore une fois déterminant. Les managers qui réussissent le mieux à contribuer à plus de sérénité dans la vie professionnelle de leurs collaborateurs seniors sont décrits comme s’efforçant de maintenir les contacts, même virtuellement, avec tous, pour que personne ne se sente isolé. Partager et créer des liens avec les autres reste pour l’être humain un besoin fondamental, qu’il faut satisfaire au même titre que manger ou dormir. D’autre part, les plus appréciés des « n+1 » sont perçus comme positifs, souples et prompts à rebondir pour affronter le changement. Ils sont reconnus pour réussir à se concentrer sur les aspects positifs de la vie plutôt que sur ce qui ne va pas et rendre chacun plus forts sur le long terme. La gratitude qui peut en résulter est citée comme extrêmement bénéfique pour mieux faire face aux baisses de moral et d’activité.
Le maintien de la qualité de vie au travail passe enfin par un management qui sait Identifier les limites de la performance du collaborateur, afin de ne pas le pousser à trop les dépasser. Notamment chez ceux qui éprouvent des difficultés à scinder temps de travail et temps libre. Savoir rétablir des règles pour pouvoir se déconnecter et se détendre, quand les enjeux professionnels sont en passe d’être atteints, permet de retrouver de l’énergie et fait aussi partie des bonnes pratiques souvent citées.
Pour terminer, selon les avis recueillis, il est notoire qu’il appartient finalement à chacun de rester actif et garder une bonne hygiène de vie. La santé mentale et physique sont interdépendantes et l’exercice régulier est extrêmement bénéfique pour le bien-être au même titre qu’une alimentation équilibrée.
L’épanouissement au travail passe par l’échange et le soin qu’on apporte aux autres et à soi, et les seniors dans l’entreprise n’échappent pas à cette règle. Si le bien-être semble être reconnu comme source d’efficacité, alors cette prise de conscience pourrait aider à préserver plus longtemps les talents expérimentés et la mémoire des entreprises.