Le marché est largement mâture que cela soit en matière de business et de technologie.
© Corteco
Entre les conjonctures géopolitiques et celles liées spécifiquement au monde de l’automobile, le marché aftermarket de l’étanchéité subit une tendance de fond à la baisse.
Un marché en décroissance, mais qui n’a pas dit son dernier mot. Entre la crise sanitaire, le conflit russo-ukrainien, l’inflation ou encore la mutation du marché des véhicules ont entraîné le vieillissement du parc automobile, en passant d’un âge moyen d’un véhicule en Europe de 9,3 ans en 2020 à 10 ans en 2022. Et le vieillissement vient favoriser le problème de l’étanchéité et ainsi soutenir un marché déjà mature technologiquement et en termes de business. Cependant, le ratio prix du joint et de la main-d’œuvre peut être économiquement absurde par rapport à la valeur du véhicule, sauf lorsqu’il s’agit d’un poids lourd. Que cela soit Corteco, Ajusa, Elring ou encore Payen, les équipementiers sont unanimes : le marché de l’étanchéité est flat, et tend même à baisser. Le vieillissement du parc est donc une bonne opportunité. Certaines pièces sont plus ou moins concernées, par exemple les joints de culasse ou collecteur sont en baisse, quand le joint dynamique jouit d’une orientation à la hausse. Les conjonctures actuelles ont également installé l’inflation dans la durée. En ce qui concerne le marché de l’étanchéité, celle-ci a augmenté ses prix entre 3 et 6 % en fonction des familles, voire 7 % en deux ans, en incluant le coût matière et transport. Le marché a aussi connu des pénuries, notamment sur les bagues, et il a fallu remettre en marche les usines, et espérer un retour à la normale en 2023.
Comme le souligne Miguel Rodriguez, directeur général Ajusa France : « Le secteur de l’automobile est en pleine mutation ». Et d'ajouter : « Il faut garder à l’esprit que le changement technologique signifie qu'à moyen et long terme en Europe la disparition des moteurs à combustion interne sera un fait. Cette réalité fragilise le secteur aftermarket et plus particulièrement toutes les familles de produits liés au moteur, comme c’est le cas des produits d'étanchéité. » Cependant, comme le confirme Pierre Baulu, directeur commercial de Corteco, les équipementiers continuent d’étoffer la famille étanchéité. La marque dédiée à la rechange du groupe Freudenberg enrichit ses gammes de produits en commercialisant plus de 30 nouvelles références en étanchéité. Dans le détail, la gamme étanchéité est dotée de trois bagues d'étanchéités VAG « first to market », avec une bague pour boîte de vitesses manuelle, une bague pour boîte automatique et une bague de différentiel. À cela, s'ajoutent les joints de queue de soupape (pour Dacia Dokker/Duster ou Renault Clio IV/Scénic IV) et le joint de culasse (pour le moteur Renault H4M). À ce jour, Corteco propose 5 408 références en joints et pochettes, 4 998 références de bagues, 305 de joints de queue de soupape, 227 de vis de culasse, et couvre ainsi 85 % du parc automobile européen.
L’étanchéité face à la transition énergétique
Certes, l’arrivée des véhicules électriques ternit légèrement l’avenir du marché, mais les équipementiers, par logique économique, restent présents sur l’étanchéité auprès des constructeurs et s’assurent des opportunités dans la rechange des véhicules électriques et hybrides. Ils estiment que l’étanchéité a encore un bel avenir devant elle, comme le prouve leur expérience en première monte. L’important, selon Pierre Baulu, est de proposer une offre cohérente par rapport aux besoins du parc. Le marché de l’étanchéité mérite d’être défendu. Il y a de la place pour tout le monde.
Côté Elring, l’objectif pour 2023 est de doubler le stock. Avec la transition énergétique en cours, l’équipementier a injecté 30 millions d’euros dans son département R&D en 2021 et 2022, notamment dans l’idée de maîtriser la technologie des batteries lithium-ion, en plus de l’étanchéité et de la vidange. Ainsi, malgré un marché qui peut sembler sans allant, les équipementiers peuvent se rassurer : il y aura toujours besoin de joints dans un véhicule électrique, ce qui prolonge « les opportunités de business », comme l’indique Pierre Baulu. Miguel Rodriguez (Ajusa) le confirme : pour les années à venir, les perspectives ne sont pas aussi noires qu'il n'y paraît et il y aura toujours des opportunités. Le plus important : plus la durée de vie de la voiture est longue, plus le besoin de réparation sera important et plus importante sera l'activité des fabricants de pièces détachées, des distributeurs et des mécaniciens.
Enfin, Corteco entend s’appuyer sur son dynamisme en première monte en ce qui concerne les applications pour véhicules électriques et hybrides, qui seront disponibles courant 2024 sur le marché de la rechange. L’objectif des équipementiers, à l’instar de Corteco, est ainsi de poursuivre le développement des familles dédiées à l’électrique afin de répondre à leurs besoins et de s’assurer une pérennité, tout en pensant aux ventes additionnelles liées aux évolutions des véhicules.
[Dossier complet dans le magazine n°177]