L'œil de l'expert : « Construire un catalogue automobile d’entreprise »

Yann Guillaud, expert flotte automobile associé du cabinet Expeliance (réseau Euklead)

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L'œil de l'expert : « Construire un catalogue automobile d’entreprise »

Constituer un catalogue automobile d’entreprise est un exercice dont la difficulté s’est accrue en quelques mois. Il n’est plus possible de privilégier une seule motorisation pour l’ensemble d’un parc.

Nous venons d’apprendre que l’Allemagne ne souhaitait pas ratifier l’accord européen sur l’interdiction de vente des voitures thermiques neuves en Europe à partir de 2035. Sur un plan local, la métropole lyonnaise avait annoncé, courant février, le report de 2 ans (2028 au lieu de 2026) de sa mesure phare d'interdiction du diesel (Crit’Air 2) dans sa ZFE (zone à faibles émissions). Il ne s’agit pas de bonnes nouvelles dans notre lutte pour la qualité de l’air et il est encore trop tôt pour dire si ces reports vont, ou non, faciliter le quotidien des gestionnaires de parc automobiles d’entreprises, soumis à rude épreuve, notamment dans la construction de leurs catalogues.

Dans un même temps, constituer un catalogue automobile d’entreprise est un exercice dont la difficulté s’est accrue en quelques mois. Il n’est plus possible de privilégier une seule motorisation pour l’ensemble d’un parc. De plus, l’approche des échéances règlementaires (2035 : moteurs thermiques - 2025 : ZFE - loi LOM) bouleverse un marché où les constructeurs tentent d’apporter des solutions (plus ou moins pérennes et pertinentes) à leurs clients. L’offre évolue très rapidement, rendant nécessaire la surveillance permanente du marché.

Or, l’offre des constructeurs ne permet pas, aujourd’hui, de couvrir l’intégralité du périmètre. Aucune marque ne couvre l’éventail des principales motorisations existantes (thermique essence, E85 ou eiesel, hybride permanent, hybride rechargeable, 100 % électrique) dans tous les segments (de la micro-citadine au fourgon). Il est donc loin le temps où une entreprise pouvait privilégier, sans risques, une à deux marques pour couvrir l’ensemble de ses besoins.

Au-delà des produits commercialisés, les politiques commerciales des constructeurs, vis-à-vis de leurs clients professionnels, impactent très fortement les choix de ces derniers. Les remises accordées aux entreprises ont fortement chuté, participant ainsi à la flambée des coûts d’utilisation (depuis octobre 2021). Les délais de livraison ont également pris de l’importance dans les critères de décision (12 mois de délai pour une compacte break hybride permanent peut se révéler rédhibitoire). La politique assumée par certains constructeurs d’interdire aux entreprises d’accéder aux stocks disponibles, relègue les détenteurs de flottes automobiles au rang de client de seconde zone. Le problème s’accroît quand le client choisit de financer son parc auprès des loueurs techniques.

Ces différents éléments devraient inciter les entreprises à mixer leur parc entre plusieurs constructeurs, afin de diluer le risque. Nous conseillons d’ouvrir les catalogues d’entreprises pour remplacer, lorsque c’est pertinent, tout ou partie des constructeurs historiques. Cela ne peut se faire qu’en réalisant une veille marché exhaustive. Il s’agit d’un travail chronophage qui nécessite de nouer des relations et d’échanger avec les constructeurs sur l’actualité de leur marque et sur l’avenir proche (facelift, arrêts de production, lancement de nouveaux modèles, de nouvelles motorisations, remises consenties…).

Cet inventaire des motorisations disponibles par segment, par motorisation et par constructeur doit être mis à jour annuellement, voire semestriellement si l’actualité du marché l’impose et si l’entreprise dispose des moyens nécessaires. Pour que l’outil soit utilisable, nous conseillons d’y intégrer des paramètres de délais de livraison, de remises consenties par les constructeurs, de coût de la fiscalité, de coût de maintenance, de maillage des points de vente/d’entretien, de qualité de revente...

Quel que soit le mode de financement choisi, le coût d’utilisation de chaque véhicule sélectionné doit être mesuré. Le gestionnaire pourra alors justifier, pour chaque cas, de la solution optimale. Il apportera de l’information permettant à son entreprise d’infléchir sa stratégie et sa politique achat vers des solutions raisonnées qui participeront à la maitrise des coûts, dans le cadre d’un catalogue évolutif. Le gestionnaire de parc peut ainsi devenir un véritable acteur du changement et contribuer à la professionnalisation de son métier.

Le report de ces échéances légales qui nous apparaissaient comme gravées dans le marbre, nous laisse un peu de temps pour préparer l’avenir plus sereinement et avancer vers la décarbonation. Mettons à profit ces délais supplémentaires qui représentent, pour les gestionnaires de parcs, une opportunité de faire évoluer leur métier.

Yann Guillaud est expert flotte automobile, directeur associé du cabinet Expeliance (réseau Euklead). Il compte plus de 30 ans d'expérience dans le secteur automobile, 20 ans en location longue durée (notamment chez Parcours devenu depuis ALD) et 10 ans en conseil et gestion de parcs automobiles. Il publie chaque mois une tribune dans les colonnes de L'Automobile & L'Entreprise pour vous donner des conseils sur la gestion de flotte automobile.

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