La Dacia Spring vendue sous pavillon français est produite en Chine.
© Antonin Moriscot / Auto Infos
Dans le cadre de la préparation du contrat stratégique de filière 2023-2027, le gouvernement réfléchit à la possibilité de conditionner le bonus écologique à la production du véhicule sur le sol européen. Une mesure qui pourrait exclure la championne française du véhicule électrique : la Dacia Spring.
Dans le cadre du LAB de la filière auto organisé par la Plateforme automobile (PFA) le 19 avril 2023, était posée la question de la défense des intérêts européens face aux mesures protectionnistes des acteurs internationaux. Rappelons que la réflexion est en cours au niveau européen et français depuis plusieurs mois suite à la mise en place de cette mesure protectionniste aux États-Unis, les Américains n'accordant leur bonus écologique qu'aux véhicules produits sur le sol américain.
Fermer le bonus aux véhicules non produits en Europe : une possibilité selon la PFA
Lors de cette conférence, Marc Mortureux, directeur général de la PFA, a évoqué « la possibilité d'un bonus destiné aux seuls véhicules fabriqués sur le sol européen ». « C'est une option que nous examinons », a-t-il ajouté, évoquant les travaux conduits dans le cadre de la préparation du contrat stratégique de filière 2023-2027. Un projet qui serait calqué sur l'Inflation Reduction Act (IRA) américain. La décision finale entre les mains du gouvernement français risque d'être complexe à prendre car elle exclurait de fait un véhicule français mais produit en Chine !
La Dacia Spring, produite en Chine, en ferait les frais
Dans la balance des avantages et inconvénients d'une telle mesure protectionniste, cette décision se retournerait, en effet, contre un constructeur français, le groupe Renault, qui commercialise le véhicule 100 % électrique Spring via sa marque Dacia. Rappelons que la Dacia Spring est l'un des véhicules électriques les plus vendus en France en raison de son prix autour de 20 000 euros. Face à la Spring, seules les marques chinoises parviennent à rivaliser en France.
Aucune offre pour les petits véhicules électriques pas chers
Pour réussir la transition vers le zéro carbone en 2035 et favoriser ainsi l’achat de véhicule à batterie électrique, c’est bien l’offre qu’il va falloir changer en profondeur. À la différence de la Chine où le véhicule électrique à moins de 20 000 euros existe déjà, les constructeurs automobiles vont devoir trouver des solutions pour commercialiser des petites citadines compactes électriques et bon marché. Pour faire face à des investissements colossaux dans l'électrique, les constructeurs automobiles se sont concentrés sur une offre de véhicules dans les segments les plus élevés et les plus rentables. Une offre complètement inadaptée à une forte demande de masse comme l'exige la réglementation sur les zones à faibles émissions (ZFE). Commercialisés en moyenne entre 30 000 et 50 000 euros, ces véhicules full électriques demeurent de 30 à 40 % plus chers que le thermique. Ils sont inaccessibles.
Seul le petit véhicule chinois et pas cher pourra répondre à la demande
Pour parvenir à passer cette échéance de 2025 pour les voitures en Crit'Air 3, le véhicule électrique doit être abordable et de préférence à moins de 20 000 euros. À ce jour, une seule offre existe en France : c'est la Dacia Spring, voiture produite en Chine. Volkswagen tente de rattraper son retard en proposant, dès 2025, l'ID.2 avec un prix de départ inférieur à 25 000 euros. Le constructeur allemand travaille d'ores et déjà sur une petite citadine compacte à moins de 20 000 euros. En réalité, cette première marche vers le zéro carbone en 2025 devrait ouvrir la porte aux voitures électriques produites en Chine. Les seules capables de répondre à cette transition vers l'électrique à des prix abordables.
