Sur les questions de choix technologiques à propos des mobilités, la tension monte clairement d'un cran en Europe.
© Iveco / IAA
Gerrit Marx, qui préside Iveco Group, n’a pas mâché ses mots en fustigeant la norme Euro 7, considérée comme tout simplement stupide. Si son principe fait quasiment l'unanimité, la transition énergétique ne sera pas un long fleuve tranquille en Europe.
Président-directeur général d’Iveco, spécialiste des VU, des camions et des bus, Gerrit Marx a haussé le ton en pointant du doigt l’incohérence des objectifs européens qui imposent les technologies électriques mais qui durcissent encore les règles sur les solutions thermiques avec Euro 7. « C’est complètement stupide », a-t-il lâché, évoquant des dysfonctionnements importants dans le système politique avec différents commissaires pour 27 pays qui ont des agendas électoraux domestiques non synchronisés, ce qui engendre immanquablement des conflits. Lors des Iveco Group Days de 2022, Gerrit Marx avait déjà dénoncé certains élus et spécialistes du lobbying qui prospéraient sur les ruines du dieselgate et qui passaient par des « innocentes » ONG pour faire passer des mesures radicales.
Délais intenables et absence de retour sur investissement
Dans la période actuelle, il n’est pas inutile de rappeler que Gerrit Marx est allemand, ses propos sur les véhicules thermiques prenant un relief particulier. « Les moteurs traditionnels à combustion auront une fin, mais la façon dont on tord le bras aujourd’hui à l’industrie n’est pas correcte », avance-t-il. Et de poursuivre : « Et le 100 % électrique n’est sans doute pas adapté aux camions de longue distance et aux bus ». Rappelons que la Commission européenne veut des bus zéro émission pour 2030 et une réduction des émissions de CO2 des camions de 90 % d’ici à 2040. « Techniquement, il y a des choses qui ne peuvent pas être tenues dans les délais impartis et en plus, on nous place sur une voie où il n’y a pas de retour sur investissement », lance-t-il encore.
Euro 7 fait l’unanimité contre elle dans l’industrie
Euro 7 suscite de grandes crispations chez les industriels qui y voient une double peine alors que le choix de la technologie électrique est entériné pour la mobilité de demain en Europe, malgré quelques passes d’armes sur les carburants de synthèse, qui révèlent en fait des bras de fer sur les questions régaliennes de souveraineté énergétique. Carlos Tavares a sévèrement jugé Euro 7 et Luca de Meo, au nom de l’ACEA, a aussi émis des réserves diplomatiques, mais importantes. Le dirigeant de Renault a pourtant aussi réaffirmé que les moteurs thermiques n'avaient pas d'avenir.
(avec Reuters)