Le nouveau bonus automobile vise à stimuler la production française et européenne.
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Le Plan Industrie verte d'Emmanuel Macron va créer un nouveau dispositif pour le bonus automobile en faveur de la production française et européenne. En attendant la publication de la liste des voitures électriques exclues de l'aide gouvernementale, nous pourrions assister à une véritable guerre des prix, tout en observant les effets d'aubaine pendant la période transitoire avant la mise en place effective de cette nouvelle mesure.
Dans son plan Industrie verte, Emmanuel Macron a annoncé un changement majeur pour le bonus automobile, qui sera transformé en une mesure protectionniste. Un projet de loi sera présenté le 17 mai prochain, dans lequel les aides financières pour l'achat d'une voiture électrique prendront en compte l'empreinte carbone de la production du véhicule et de sa batterie. Cette mesure favorisera la production française et européenne, au détriment des constructeurs chinois ou de Tesla.
Le « carbone score » : un critère complexe et indéfini
Le nouveau critère de CO2, appelé « carbone score », qui sera utilisé pour évaluer les modèles exclus du bonus écologique de 5 000 euros, est encore flou à ce stade. Il devrait prendre en compte l'origine de la batterie, la construction du moteur, l'acier utilisé dans le véhicule, ainsi que l'utilisation de matériaux recyclés ou biosourcés. Bien que la date d'entrée en vigueur n'ait pas été précisée par le président de la République, si elle est fixée au 1er janvier 2024, cela pourrait entraîner un boom des ventes pour les modèles prochainement exclus du bonus automobile.
Une liste des véhicules exclus difficile à définir
La liste des véhicules qui seront exclus du prochain bonus automobile est encore difficile à déterminer. Tous les véhicules produits en Chine seront impactés, notamment la Dacia Spring, la petite citadine 100 % électrique la plus vendue en France. Les marques chinoises MG, Seres, Leapmotor T03 et Aiways, si ce dernier parvient à se redresser, seront également concernées. En ce qui concerne la marque américaine Tesla, le Model 3 produit en Chine fera très probablement partie de cette liste, mais l'inclusion du Model Y, produit à la fois en Chine et à Berlin, reste incertaine. D'autres modèles tels que la smart #1, la nouvelle Mini électrique et le Volvo EX30 pourraient également être exclus. Il reste à voir si les productions japonaises et coréennes des marques Kia et Hyundai seront également touchées. De plus, il est à noter que les véhicules produits en Allemagne pourraient ne pas répondre à ce critère CO2, étant donné que les usines allemandes n'utilisent pas exclusivement des sources d'énergie décarbonées.
La privation du bonus pour la Dacia Spring est jugée marginale
Jean-Dominique Senard, interrogé sur la réforme du bonus annoncée par Emmanuel Macron, estime que cela va dans le bon sens, même si les détails des mesures restent à préciser. Le fait que la Dacia Spring soit privée du bonus est considéré comme « totalement secondaire » par le dirigeant, car cela représente une part marginale de l'activité du groupe Renault, qui se concentre sur des modèles tels que la Megane E-Tech et les Alpine électriques, ainsi que sur la production de 700 000 véhicules électriques dans le nord de la France. Cependant, la Dacia Spring est actuellement le modèle électrique le plus vendu du groupe et fait partie des leaders du marché électrique français.
Risque de guerre des prix sur les voitures électriques
Selon Jean-Paul Lempereur, l'introduction d'un critère CO2 dans la production et la réforme du bonus écologique compliquent considérablement le secteur automobile. Ces nouvelles mesures, combinées aux problèmes d'approvisionnement des voitures et à la transition vers l'électrique, pourraient pousser les vendeurs automobiles passionnés à quitter le secteur. Il estime également que cette réforme va relancer une guerre des prix pour les voitures électriques, d'autant plus que des groupes tels que SAIC, BYD et d'autres implantés en Europe disposent de ressources financières qui pourraient contrecarrer ces mesures. Il se pose également la question de savoir si cette disposition est spécifique à la France, ce qui permettrait d'importer des modèles MG depuis la Belgique. Si d'autres pays européens proposent des primes, cela incitera les acheteurs à se tourner vers ces marchés.
Renault mise sur la France
À l'instar de Stellantis, Jean-Dominique Senard insiste sur le fait que Renault mise sur la France, soulignant que les usines françaises du groupe recommencent à être bien chargées et qu'il y aura des embauches à la clé. Il affirme que le groupe n'a pas attendu que certaines mesures soient prises pour agir, car il serait alors trop tard. Son approche pragmatique consiste à remplir les usines françaises du groupe au maximum avant de parler de compétitivité.