Selon la 3e édition du baromètre de l’autosolisme, 8,5 conducteurs sur 10 en moyenne se déplacent seuls dans leur véhicule dans le cadre de leurs trajets du quotidien.
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Mouvements de grève dans les transports, annonces récentes du gouvernement… on entend beaucoup parler de covoiturage en ces premières semaines de l'année. Si les chiffres, présentés par l’État ou d’autres acteurs de ce secteur de la voiture partagée, semblent mirobolants, d’autres études tendent à montrer que l’autosolisme est en hausse. Comment expliquer ces résultats contrastés ?
Depuis le lancement du plan national covoiturage, soutenus par les multiples grèves contre la réforme des retraites, les chiffres du covoiturage n’ont jamais été aussi bons. Selon le ministère de la Transition écologique, les aides mises en place depuis le 1er janvier dernier pour favoriser la pratique apportent des résultats encourageants. Ainsi, près de 20 000 conducteurs se sont déjà engagés dans l’obtention de la prime de 100 euros pour les nouveaux conducteurs, versée par les plateformes spécialisées. Et en un an, le nombre de trajets en covoiturage courte distance a été multiplié par quatre avec plus de 800 000 déplacements enregistrés pour le mois de janvier contre 230 000 sur la même période l’an passé. Les nouvelles aides mises en place à partir du 1er janvier 2023 auraient ainsi fait progresser le covoiturage courte distance de 30 % en un mois seulement. « Ces premiers chiffres prouvent que les Français se saisissent des mesures prises par le gouvernement pour covoiturer. L’écologie du quotidien, ce sont de nouveaux comportements qui sont bon pour le climat et bon pour le pouvoir d’achat », commente Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.
Pour autant, une récente étude de Vinci Autoroutes apporte des chiffres contrastés : selon la 3e édition du baromètre de l’autosolisme, 8,5 conducteurs sur 10 en moyenne se déplacent seuls dans leur véhicule dans le cadre de leurs trajets du quotidien. Ce résultat est même en hausse de 2,5 % par rapport à l’année précédente (82,6 %). L’autosolisme est, et reste donc, un phénomène bien ancré au quotidien dans les pratiques de mobilité des Français.
Un développement à double vitesse
Il y a pourtant plusieurs facteurs qui peuvent expliquer ces données contrastées. Tout d’abord la temporalité puisque l’étude Vinci Autoroutes a été menée à l’automne, bien avant le lancement du plan covoiturage par le gouvernement. Autre fait et pas des moindres : la localisation des déplacements. Le baromètre analysant plus de 700 000 véhicules se concentre sur les onze axes autoroutiers principaux du pays et non sur l’ensemble du territoire. Ainsi, on s’aperçoit que l'engouement pour le covoiturage touche davantage les trajets courts, qui se situent principalement en ville et en dehors des grands axes routiers, permettant un accès facilité au stationnement.
Le covoiturage apparaît ainsi comme une solution écoresponsable et économique, plébiscitée lorsque les infrastructures sont adaptées. Dans le cadre d’une enquête réalisée tous les deux ans auprès des utilisateurs des parkings de covoiturage situés à proximité du réseau de Vinci Autoroutes, 97 % des utilisateurs interrogés se disent satisfaits par ce type d’infrastructures gratuites. 37 % reconnaissent même avoir adopté cette pratique grâce à la possibilité qui leur est offerte de se garer facilement et gratuitement pour covoiturer.
L’ensemble de ces résultats ne peut qu’alerter sur l’urgence de renforcer l’offre de services et d’infrastructures dédiées au covoiturage, notamment pour les trajets domicile-travail empruntant un trajet autoroutier, pour lesquels l’impact de l’autosolisme est le plus délétère, tant en termes d’émissions de CO2 que de temps perdu dans les congestions.