Reportage

Le groupe Favret : une histoire d’Hommes

Yelen BONHOMME-ALLARD
Le groupe Favret : une histoire d’Hommes

Dans son portefeuille de marques, le groupe Favret compte Suzuki, Hyundai, Subaru et SsangYong.

© Yelen Bonhomme-Allard

Au cours des quatre dernières décennies, le groupe Favret est parvenu à s’imposer dans le paysage local avec seulement deux sites grâce à son savoir-faire, sa relation privilégiée avec les clients, mais aussi à la stabilité de ses équipes et de son portefeuille de marques.

Le parcours de Patrick Favret dans l’univers de l’automobile se résume en deux mots : passion et rencontres. Originaire de Sallanches (74), le chef d’entreprise a toujours travaillé au cœur des montagnes et ne les aurait quittées pour rien au monde. La première rencontre qui a déterminé son avenir a eu lieu un jour d’octobre 1972, lorsque son père le fait engager au sein du garage GrandJacques à Saint-Gervais afin d’aider le propriétaire à réparer la Jeep Willys familiale. « J’avais 16 ans et j’adorais la mécanique en général. J’avais toujours les mains dans le cambouis, en particulier sur les remontées mécaniques car mes parents en assuraient la gestion, mais c’est grâce à cette Jeep que j’ai mis les pieds dans un garage » se remémore-t-il, quarante-neuf ans plus tard. C’est donc tout naturellement que ce bolide à la carrosserie kaki, symbole d’une vie, trouve sa place aujourd’hui dans son propre établissement. En février 1981, l’enfant du pays décide de se mettre à son compte en devenant agent Audi et Volkswagen du concessionnaire Jean Lain à Ruffieux (73). Après quatre années en Savoie, il revient sur le lieu de ses débuts où il rachète l’établissement GrandJacques. Comme un signe du destin.

Sa deuxième rencontre professionnelle se prénomme André Chardonnet. L’importateur de Lancia en France se présente à l’improviste un jour de 1988 pour lui proposer de vendre la marque. « Un camion m’a livré une Lancia Delta 4wd neuve pour que je l’essaye. Les plastiques de protection étaient encore dessus. C’est impensable de faire ça de nos jours ! J’adore les voitures italiennes et le rallye automobile, alors j’ai craqué ! ». Les milliers de miniatures, livres et autres objets exposés dans son bureau sont les témoins de cette passion dévorante. Après une année d’activité, Patrick Favret devient officiellement le premier concessionnaire Lancia de France avec un taux de pénétration de 2,1 %. « De mémoire en 1989, j’ai vendu 83 Lancia neuve à Saint-Gervais, sans hall d’exposition. J’avais seulement un atelier et je louais un parking souterrain pour y entreposer mes voitures. La bonne marque, au bon endroit, au bon moment comme on dit ». Ce mariage avec la marque italienne s’est poursuivi jusqu’en 2016, après une séparation de dix ans entre 1998 et 2008.

L’aventure avec Suzuki

Après trois années économiques difficiles (conséquences directes de la guerre du Golfe), Patrick Favret est sollicité en avril 1993 par Jean-Luc de la Ruffie, président et directeur commercial de Suzuki France, afin d’intégrer le réseau de distribution de la marque. « Il connaissait mes résultats avant ces trois années et m’a fait confiance. Sans lui, mon entreprise n’existerait plus aujourd’hui. Je lui dois beaucoup ». Depuis 29 ans, les deux partenaires ont tissé une collaboration solide, passant de 26 immatriculations la première année à 518 en 2021. Avec seulement deux points de vente installés à Sallanches et Thonon-les-Bains, le groupe Favret domine le classement de Suzuki avec 5,77 % de part de marché pour la région Rhône-Alpes, et occupe la deuxième place sur le territoire national derrière le concessionnaire International Garage à Gap (5,89 %) alors que la moyenne nationale est de 1,38 %. L’année de tous les records restera 2006, avec 641 véhicules neufs vendus et 16 % de taux de pénétration sur le département. Depuis 2012, le groupe Favret compte également Hyundai dans son portefeuille de marques, ainsi que Subaru et SsangYong repris en octobre 2019.

Se démarquer auprès des clients

Après 41 ans d’existence, et le côtoiement de seize marques en tant qu’agent ou distributeur, Patrick Favret ne cherche plus à faire croître son entreprise par la croissance de marques, mais songe à s’appuyer sur le développement d’autres infrastructures. Par exemple, il est en train d’aménager sept bornes de charge indépendantes badgées « Favret Energy » sur le site de Sallanches (possibilité de doubler en fonction de la demande), accessibles 24h/24, 7 jours sur 7. Trois bornes équiperont également le site de Thonon-les-Bains, mais ne pourront être utilisées qu’aux heures d’ouverture de la concession. Montant global de l’investissement : 200 000 euros. Seul distributeur à proposer ce type de service dans le secteur, le dirigeant croit en ce projet, d’autant « que si on veut vendre des véhicules électriques, on se doit se proposer aux clients des solutions pour les recharger ». Par ailleurs, pour se démarquer de la concurrence et accroître sa notoriété, Patrick Favret fait également le choix de renouveler chaque année plusieurs partenariats avec des offices du tourisme, des clubs sportifs ou des événements culturels et la marque Suzuki. Le festival Mont-Blanc d’Humour de Saint-Gervais, les stations de ski des Contamines-Montjoie, Saint Gervais et Combloux, l’équipe de hockey Les Pionniers de Chamonix, La Grande Odyssée Savoie Mont Blanc, l’Open de tennis des Contamines ou encore les pistes de ski indoor à Sallanches en sont quelques exemples.

Entouré par des concurrents sérieux comme les groupes Maurin (6e groupe de distribution en France) et Jean Lain, l’entreprise Favret perdure dans le paysage local grâce au dévouement de son fondateur et à la relation de proximité qu’il entretient avec ses clients. Une singularité dont ont conscience ces derniers. « Si je dois prendre mon camion pour aller dépanner un client, je le fais sans hésiter. Après 40 ans de métier, les clients sont devenus des amis. Mon bureau est toujours ouvert, ils viennent frapper à ma porte pour discuter. Mais l’entreprise Favret, ce n’est pas seulement Patrick Favret, c’est toute une équipe. On n’a pas beaucoup de turn-over. Mon chef d’atelier vient de partir à la retraite au bout de 30 ans d’ancienneté. Cela rassure le client, il a affaire aux mêmes personnes, ils nous appellent par nos prénoms. C’est un esprit familial, un peu à l’image de Suzuki. C’est la culture de la marque je pense ». De fait, cet esprit familial est véritablement l’ADN de ce groupe. Patrick Favret s’est entouré de sa sœur et de sa femme pour gérer la compatibilité de ses activités et depuis décembre 2019, sa fille Océane s’occupe des marques Subaru et Suzuki. Agée de 21 ans, cette dernière n’exclue pas de reprendre un jour le flambeau et poursuivre ainsi cette aventure humaine dictée par la passion et les rencontres.

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