Fort d’excellents résultats pour l’année 2018, qui ont permis au groupe PSA de mettre tous ses compteurs au vert et d’afficher une marge opérationnelle courante de 7,7 % à 5,689 milliards d’euros, le constructeur français entame désormais la seconde phase de son plan Push to Pass. Certainement la plus difficile et la plus incertaine au regard des multiples transformations que cela suppose dans un contexte automobile également incertain.
En 2018, le groupe français a commercialisé 3,88 millions de véhicules (+ 6,8 %) et réalisé un chiffre d’affaires de 74 milliards d’euros, soit une progression de 18,9 %. Ce qui permet au groupe d’enregistrer 40,4 % de hausse du résultat net à 3,295 milliards d’euros et 3,501 milliards d’euros de Free Cash Flow. La marge opérationnelle courante pour la seule division automobile PCD (Peugeot Citroën DS) s’établit à 8,4 %, une vraie performance.
La deuxième phase : périlleuse avec des vents contraires
Malgré ces bons résultats, la deuxième phase du plan Push to Pass s’annonce beaucoup plus difficile, tant elle exige une véritable transformation des produits et de la structure des ventes au niveau mondial. « Nous entrons à présent dans la deuxième phase du plan Push to Pass avec confiance, dans un contexte de vents contraires encore plus forts. Nul doute que notre approche agile, centrée sur le client et socialement responsable fera la différence », confirme Carlos Tavares, président du directoire du groupe PSA.
Dépendance à l’Europe : 80 % des ventes
Au cours de la première phase de son plan, PSA a su profiter de la forte croissance des carrosseries SUV en recentrant ses produits autour d’eux avec les succès des 2008, 3008 et 5008. Une stratégie qui lui a permis de faire évoluer son mix produit vers le haut. En revanche, cette croissance s’est faite essentiellement en Europe ce qui a renforcé la dépendance du constructeur pour cette région. L’Europe représente désormais 80 % des ventes du groupe. Or, d’ici à 2021, le groupe souhaite équilibrer ses ventes hors Europe pour atteindre une répartition à hauteur de 50 %.
C’est un véritable défi dans la mesure où les ventes du groupe en Chine ne sont pas au beau fixe tandis que les autres régions ne se développent pas. Sans compter le coup d’arrêt des ventes en Iran suite au nouvel embargo américain en 2018 et 500 000 unités par an envolées d’un seul coup. Pour y parvenir, PSA devra résoudre ses problèmes commerciaux en Chine, ce qui n’est pas une mince affaire, tout en poursuivant ses développements futurs en Afrique mais aussi dans des régions comme les États-Unis avec Peugeot, l’Inde avec Citroën et Opel à l’Est en Russie notamment.
Pilotage du CO2 et WLTP
L’autre challenge, et non des moindres, se situe au niveau européen : la mise en place de l’homologation WLTP, puis de la réglementation CAFE des 95 g de CO2 / km en 2020 vont avoir un impact sur les ventes de SUV. Plus lourd et rejetant plus de CO2, avec un moteur essence notamment, le SUV ne sera sans doute plus autant le bienvenu chez les professionnels. Le groupe PSA étant dépendant à 80 % de ses ventes en Europe, ces modifications réglementaires successives constituent un virage difficile pour le groupe. L’apport des nouvelles motorisations hybrides rechargeables et électriques devra être réussi pour contrebalancer le rapport CO2 plutôt défavorable au groupe aujourd’hui.