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Après avoir enregistré une chute historique en janvier dernier, le marché automobile français poursuit sa dégringolade, toujours plombé par la crise des semi-conducteurs qui empêche les livraisons de retrouver un rythme normal. Et la situation ne devrait pas s'arranger rapidement sur fond de ralentissement économique accéléré par la guerre en Ukraine.
D'après les données AAA Data, l'ensemble des ventes en février sont en baisse de 15,36 % par rapport à l'an dernier. Elles chutent même de 31,68 % si on se réfère à 2019, dernière année pleine avant la crise sanitaire. Dans le détail, les immatriculations de véhicules particuliers (VP) accusent une décroissance de 13 % à 115 386 unités (-33 % vs 2019). Celles des véhicules utilitaires légers (VUL) sont plus durement touchées : -23,72 % avec 28 435 mises à la route (25,34 % vs 2019).
Un mix-énergétique reflet de la fiscalité actuelle
Du côté du mix-énergétique, la chute des motorisations essence (-24 %) et plus encore diesel (-39 %) se poursuit en février alors que les ventes de véhicules électriques font un bond de 60 % pour atteindre 12 % de part de marché. Les hybrides (y compris rechargeables) gagnent 7 % et représentent près d’une vente sur trois (28 %). Sur des volumes plus faibles (5 % du marché), la plus forte hausse concerne les modèles à carburants alternatifs : + 88 %. Il s’agit pour l’essentiel de GPL mais aussi de bioéthanol, des carburants qui bénéficient d’une fiscalité avantageuse et donc d’un prix au litre bien plus faible que celui de l’essence ou du gazole, qui poursuivent leur envolée.
Un début d'année compliqué
Globalement, avec 274 929 VP et VUL immatriculés depuis le début de l’année, la baisse des ventes atteint 16,98 % par rapport à la même période l'an dernier et 31,49 % comparée aux deux premiers mois de l’année 2019. Sur la période les VUL (16,64 %) résiste mieux que les VP (-19,06 %). Dans le détail, seules quelques marques tirent leur épingle du jeu : Tesla (+187,95 %), Hyundai (+10,81 %), Lexus (+10,55 %), Mini (+27,42 %) Cupra (+26,98 %), ou encore Mitsubishi (+22,27 %). Le reste du marché décroît assez fortement : Stellantis accuse une chute de -18,22 % pour une part de marché établie à 37,34 % et son concurrent direct, Groupe Renault, voit ses mises à la route baisser de 24,28 % pour une part de marché à 22,74 %. Certains groupes étrangers se font plus résilients : c'est la cas notamment du Groupe Volkswagen (-16,65 %), du Groupe Toyota (-14,62 %) ou encore de BMW Group (-1,48 %).
L'occasion dévisse aussi
Face à cette nouvelle baisse, on peut se demander combien de temps le filière automobile et la distribution vont encore pouvoir encaisser cette pénurie des véhicules commandés mais non livrés. Une crise qui pèse désormais sur le marché du véhicule d'occasion, les stocks des véhicules récents s'étant largement vidés depuis quelques mois. Et logiquement, faute de véhicules neufs, ils ne pourront pas se renouveler rapidement non plus. Ainsi, pourtant porté par la pénurie de véhicules neufs et en hausse sur 2021, le marché VO montre des signes de faiblesse : -9,6 % en février, soit 448 345 transactions. Ce sont de nouveau les modèles les plus récents de moins de 5 ans qui chutent le plus (- 15 %). Mais les modèles les plus âgés, de 10 ans et plus, qui représentent près de la moitié de ventes d’occasion (46 %), sont eux aussi en baisse (- 4,7 %).