Le chiffre d’affaires des fabricants de bornes de recharge devrait progresser au rythme de 20 % par an en moyenne d’ici à 2025, après un bond de 40 % en 2022, selon les experts de Xerfi Precepta.
Sur fond de croissances des ventes, le marché des véhicules électriques reste suspendu à l’infrastructure de recharge qui peine à se développer.
L’électrification du marché automobile français avance à grands pas. Selon les études réalisées par Xerfi Precepta, les ventes de véhicules électriques (VE) et hybrides rechargeables (VHR) devraient en effet s’envoler pour atteindre 700 000 immatriculations en 2025, puis 1,4 million en 2030 (contre plus de 343 000 fin 2022) et ainsi représenter 40 à 50 % du marché total. Le cadre réglementaire particulièrement favorable devrait faire de l’Hexagone l’un des pays les plus avancés dans ce domaine. En toute logique, le réseau tricolore de bornes de recharge électrique devrait suivre. Et pourtant, avec seulement 106 bornes de recharge électrique pour 100 000 habitants, le réseau français est bien moins dense que celui de l’Allemagne, par exemple. Malgré le soutien massif des pouvoirs publics, le pays ne comptait que 71 630 bornes accessibles au public fin septembre 2022, réparties entre les parkings (35 %), les commerces (34 %) et la voirie (27 %). Espéré fin 2021, l’objectif des 100 000 points de recharge publics installés ne sera pas atteint avant juin 2023. Le cap du million de bornes privées (plus de 600 000 chez les particuliers et plus de 500 000 sur les parkings des sociétés) a lui été franchi l’an dernier. Au final, d’après les experts de Xerfi Précepta, le parc français devrait compter respectivement 300 000 infrastructures publiques et cinq millions de recharges privées d’ici à 2030.
Sauf que si le parc de bornes de recharge s’apprête à changer d’échelle, les perspectives de rentabilité s’éloignent pour les exploitants. La faute aux coûts de déploiement et d’exploitation mais aussi à l’envolée des prix de l’électricité. Dans ces conditions, nombre d’entre eux ont revalorisé leurs tarifs. C’est le cas du Néerlandais Allego (+ 50 % en quelques semaines à l’automne 2022) ou encore de Tesla (+ 30 % avant de réviser ses tarifs à la baisse en novembre). Dans un marché encore très atomisé, un mouvement de consolidation semble dès lors inéluctable. C’est d’autant plus vrai que la nécessité d’atteindre une taille critique est un prérequis pour amortir les coûts de développement du réseau.
À l’évidence, la consolidation profitera aux acteurs dotés de moyens financiers conséquents pour acquérir des emplacements stratégiques et supporter d’être déficitaire sur une période incertaine. C’est le cas de Bouygues, EDF ou encore TotalEnergies mais également des constructeurs automobiles. Des opérateurs locaux seront aussi de la partie, à l’instar des syndicats d’énergie départementaux sans oublier les start-up, en particulier celles qui se sont attaquées à des segments peu couverts.