Le véhicule électrique est-il misogyne ?

Alexandre Guillet

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Le véhicule électrique est-il misogyne ?

En France, les femmes achètent moins de véhicules électriques que les hommes.

© Shell

Selon une récente note de AAA Data, les femmes achètent majoritairement des voitures d’occasion thermiques. Quand elles envisagent une voiture neuve, elles sont pénalisées par les prix élevés des véhicules électriques qui viennent souligner la différence persistante de salaire entre hommes et femmes.

En étant un brin provocateur, on pourrait se demander si le véhicule électrique n’est pas misogyne ? Plus sérieusement, comme tout marqueur social, le véhicule électrique neuf et son positionnement tarifaire élevé éloignent les femmes de l’achat, en venant pointer la différence de salaires entre hommes et femmes qui persiste dans la société française.

« Les femmes achètent moitié moins de véhicules que les hommes. Mais leurs achats restent stables depuis dix ans. Même si leur nom ne figure pas toujours sur la carte grise, il n’en demeure pas moins que les femmes sont considérées comme influenceuses lors de l’achat du véhicule du foyer. L’autre raison réside, bien évidemment, dans la question du pouvoir d’achat, souvent plus faible », explique Marie-Laure Nivot, responsable Intelligence marché chez AAA Data. Et de préciser : « Selon l’Insee, en 2020, les femmes ont toutefois un salaire en équivalent temps plein qui reste inférieur de 14,8 % à celui des hommes. L'écart de salaire reste le plus élevé chez les cadres (16,4 % en défaveur des femmes), même s'il s'est réduit de près de 6 points depuis 2010 ».

L’âge moyen de l’acheteuse française de voitures recule

L’examen des statistiques révèle que les achats des femmes sont stables depuis dix ans. Elles sont peu sujettes aux variations conjoncturelles. « En 2022, elles ont acheté 2,3 millions de véhicules (voitures, motos, cyclos, voitures sans permis, camping-cars…), alors que les achats des hommes sont nettement en baisse, avec – 18 % pour 4,5 millions de véhicules », souligne Marie-Laure Nivot.

Les femmes achètent majoritairement des VO (75 %, contre 66 % pour les hommes). L’âge moyen de l’acheteuse recule et s’établit désormais à 44 ans, sans différence entre zone urbaine et zone rurale, ce qui est intéressant à souligner. « En dix ans, l’âge moyen recule plus chez les femmes que chez les hommes. Il est passé de 41 ans en 2012 à 44 ans en 2022 pour les femmes et de 44 à 46 ans pour les hommes », pointe Marie-Laure Nivot.

Les femmes, cible prioritaire des offres de B-SUV

La nature des achats des femmes a beaucoup évolué au cours des dix dernières années. En 2012, le segment B représentait un achat sur deux pour elles, et les hommes étaient plus sur le segment C, dont les C-SUV. « Aujourd'hui, les femmes achètent davantage de SUV au détriment des berlines classiques. Ainsi, la part des B-SUV est passée de 4 à 21 % de leurs achats. Et les C-SUV comptent désormais pour 13 % de leurs achats contre 8 % précédemment », expose Marie-Laure Nivot. Le montant moyen des achats est directement influencé par cette montée en gamme : 31 000 euros de prix moyen pour un B-SUV en 2023, contre 24 000 pour les modèles du segment B.

Chez les femmes, la Dacia Sandero est sur la première marche du podium devant la Peugeot 208 et la Renault Clio. Chez les hommes, la Dacia Sandero devance le Dacia Duster et le Renault Captur.

Le prix élevé des véhicules électriques éloigne les acheteuses

En neuf comme en occasion, les femmes plébiscitent encore les voitures thermiques, qui représentent 97 % des achats ! La part des achats de voitures neuves électriques chez les femmes est plus faible que chez les hommes (3 % versus 4 %).

Pour Marie-Laure Nivot, l’explication est claire : « Le prix très élevé des voitures électriques neuves, 40 090 euros en moyenne contre 28 232 euros pour une voiture essence, ne les incite pas à en acheter ».

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