© Kleuster
Beaucoup de projets sont encore dans les cartons, mais ceux-ci s’entr'ouvent et on commence à voir et à comprendre comment et pourquoi le vélo-cargo va être une pièce maitresse dans les politiques de mobilité mise en œuvre par les distributeurs automobiles.
Le vélo-cargo est en train de prendre une place de plus en plus importante dans la livraison du « dernier kilomètre ». La mairie de Paris est la première à encourager la cyclo-logistique et des dizaines de start-ups participent déjà à son développement. La Poste, de son côté, vient d’intégrer 45 vélos-cargo dans sa flotte « décarbonée » aux côtés de ses fourgons compacts 100 % électriques. Ces nouveaux modes de mobilité intéressent désormais les réseaux de distribution automobile. Toyota ne s’y est pas trompé qui a signé un partenariat stratégique avec Douze cycles. Ce spécialiste français des vélos-cargos modulaires et configurables est devenu en dix ans, un acteur incontournable du secteur, en concevant et en assemblant des vélos et leurs accessoires de haute qualité en Bourgogne. « Concrètement, explique Matthieu Piccon, chef de marque « Innovation » chez le plus Français des constructeurs japonais, notre réseau France va assurer la commercialisation et l’entretien des vélos-cargo. Chacun apporte son expertise : Douze Cycles développe et fabrique le produit, Toyota met en jeu son savoir-faire industriel et son réseau de distribution qui est très demandeur : le vélo-cargo, même s’il n’est pas fabriqué par Toyota, est un véhicule de plus dans la gamme des produits qu’ils proposent ».
Douze Cycles adopte les schémas de production et de distribution Toyota
« Nous avons proposé à Douze Cycles de les accompagner dans leur montée puissance, raconte encore Matthieu Piccon. Et ils ont accepté pour pouvoir adopter, dans les meilleures conditions possibles, les mêmes schémas de production et de distribution que pour les véhicules automobiles afin de faire face tout à la fois aux nouveaux besoins et aux nouvelles contraintes ». Toyota vise aussi bien la cible des professionnels que celles des particuliers avec un objectif : 2 000 vélos-cargo dès la deuxième année, en 2024, 3 000 en 2025. Pour Matthieu Piccon, le vélo-cargo va s’imposer et il pourrait parfaitement entrer dans les flottes dans les entreprises en autopartage ? « Nous creusons une autre idée, révèle-t-il : le proposer en vélo-partage dans le cadre de Kinto, notre système de mobilité ».
D’autres constructeurs automobiles suivront-ils Toyota ? Le groupe BMW a présenté il y a quelques années un concept de vélo-cargo à trois-roues pour la micromobilité, Dynamic Cargo. Aucune suite n’a été donnée pour l’instant à ce projet, mais on voit bien que tout bouge très vite. C’est ainsi que Volkswagen a déjà présenté à l’IAA 2018, le Cargo e-Bike. Ce véhicule 100 % électrique, le plus petit modèle de la gamme Volkswagen Véhicules Utilitaire jamais construit, est-il toujours d’actualité ? La question reste sans réponse dans l’immédiat, mais si le projet voyait jour le Cargo e-Bike pourrait être produit à l’usine de la marque Volkswagen Véhicules Utilitaires à Hanovre. Attendons, mais il ne faut d’espérer de rien car la concurrence annonce bien plus que des projets, des réalisations.
Freegones séduit Renault Trucks et Jean Lain
Renault Trucks a désormais un temps d’avance avec Freegônes, le vélo-cargo créé par l’entreprise lyonnaise Kleuster, qui est assemblé dans son usine de Vénissieux. Ce triporteur à assistance électrique est distribué au travers des 200 sites de Clovis location, le réseau de location de véhicules utilitaires et industriels de Renault Trucks en France, mais également dans le réseau européen du constructeur « Renault Trucks et Kleuster veulent apporter ensemble une réponse à leurs clients qui opèrent en milieu urbain et recherchent des solutions pour accéder aux zones sans émission », expliquent d’une même voix Bruno Blin, président de Renault Trucks, et Gérard Têtu, fondateur et dirigeant de Kleuster.
« Basé sur un châssis unique, le Freegônes est le seul vélo-cargo du marché à proposer cinq modules, commente Gérard Têtu. La cellule sèche affiche une capacité de 350 kg de charge utile et 2 m3 de volume utile, la cellule frigorifique est une cellule froid positif et froid négatif homologuée ATP pour une plage de température comprise entre -25 à +4°C et le module « benne à déchets » peut se déverser de manière automatique, en moins de 20 secondes, dans un camion benne ou un container ». Le Freegônes s’adresse à une multitude de cibles, et c’est peut-être ce qui a séduit aussi le groupe de distribution automobile Jean Lain. Solidement ancré en Auvergne-Rhône-Alpes, ce groupe qui a développé des services de mobilités, a proposé à Kleuster de le rejoindre en 2020. Objectif : permettre aux équipes de Jean Lain e-city de fournir aux professionnels comme aux particuliers, des solutions alternatives pour simplifier leur mobilité urbaine… et le Freegônes en est une.
De nouveaux entrants
En fait, les partenariats se multiplient à l’image de celui qui lie le Suédois Volta Trucks avec Cake. Le premier lance un 16t 100 % électrique, le second développe des vélos-cargo. Le service de livraison qu’ils ont mis au point, fait la différence grâce à des batteries amovibles pleines stockées dans le Volta et qui peuvent remplacer en quelques secondes une batterie vide. Enfin, preuve supplémentaire que le vélo-cargo a le vent poupe, on attend de savoir avec qui Galian Cycles passera des accords de distribution pour le Capitaine Cargo. Les 150 premières unités de ce vélo-cargo premium à assistance électrique innovant parce qu’il permet de transporter deux enfants dans la box avant ou des marchandises en plus d’un adulte à l’arrière du pilote seront livrées dans quelques mois. Quant aux vélos de série, ils seront produits dès 2024, sur le site de La Janais, au sud de la métropole rennaise, un site Stellantis qui n’est pas sans suivre du coin de l’œil Galian Cycles.