T&E qualifie le biocarburant "d'expérience ratée" et de "gâchis pour la planète".
© Transport & Environment CP
Dans une étude publiée le 9 mars 2023, Transport & Environment atomise les biocarburants utilisés en Europe. L'ONG rappelle que cette essence est « un gâchis pour la planète » et que les 9,6 millions d'hectares utilisés en Europe pour les produire auraient été d'une meilleure utilité pour nourrir les populations ou séquestrer du carbone.
Tandis que la fin de la commercialisation du véhicule thermique a été stoppée par l'Allemagne et quelques autres pays comme l'Italie réclamant l'utilisation d'un carburant synthétique, l'ONG Transport & Environment (T&E) profite de son étude pour déconstruire complètement le biocarburant développé depuis plusieurs années en Europe. Tout le monde s'accorde dire aujourd'hui qu'au-delà d'un certain seuil de développement, le biocarburant peut avoir un impact important sur les terres cultivables et la nourriture. T&E va plus loin dans son étude en qualifiant cette énergie non fossile de « gâchis pour la planète ».
Nourrir 120 millions de personnes en lieu et place du biocarburant
L’Europe gaspille actuellement 9,6 millions d’hectares, une superficie équivalente à celle de l’Irlande, pour la production de biocarburants, ce qui constitue un obstacle à la lutte contre le changement climatique. L’étude commandée par T&E montre que, si elles retournaient à l’état naturel, ces terres absorberaient deux fois plus de CO2 que ne le permet l’utilisation des biocarburants en remplacement des énergies fossiles. La surface utilisée pourrait également permettre de nourrir 120 millions de personnes, ce qui renforcerait considérablement la sécurité alimentaire.
40 fois plus de surface pour alimenter une voiture thermique
En parallèle, il serait possible de consacrer une petite partie des terres à des fermes solaires. Une solution efficace d’un point de vue énergétique. Selon l’analyse de T&E, il faut 40 fois plus de surface pour alimenter une voiture utilisant des biocarburants qu’une voiture électrique alimentée par l’énergie solaire. Pour produire la même quantité d’énergie, l’énergie solaire ne nécessiterait que 2,5 % des terres actuellement consacrées aux biocarburants, le reste étant disponible pour rester à l’état naturel ou pour la culture de denrées alimentaires. Rappelant que selon les Nations unies, 50 millions de personnes sont en « situation d'urgence ou d'insécurité alimentaire aiguë ».
« Les biocarburants sont une expérience ratée, conclut Maik Marahrens, responsable du secteur biocarburants à T&E. Continuer à brûler des aliments comme carburant alors que le monde est confronté à une crise alimentaire mondiale, c’est presque criminel. Des pays comme l’Allemagne et la Belgique discutent déjà de la limitation des biocarburants issus de cultures vivrières en réponse à cette situation. Le reste de l’Europe doit faire de même ».