Les constructeurs automobiles font tout pour décoller !

Antonin Moriscot

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Les constructeurs automobiles font tout pour décoller !

© The Arsenale / Renault Group

Ces derniers temps, les marques automobiles multiplient les partenariats et projets avec une industrie aéronautique appelée, elle aussi, à rapidement se transformer mais toujours pourvoyeuse croissance. 

Qu’ils préfèrent les livres ou les films, les fans de la saga Harry Potter le savent. Dans le deuxième volet des aventures du célèbre jeune sorcier, c’est à bord d’une Ford Anglia trafiquée et ensorcelée pour voler que ce dernier et son ami Ron se rendent à l’école de sorcellerie Poudlard. Les amateurs de science-fiction ont peut-être davantage en tête le taxi volant de Korben Dallas dans lequel débarque Leloo au début du long-métrage Le Cinquième élément tandis que les baby-boomers se remémorent volontiers la Citroën DS volante qui échappe au Commissaire Juve, incarné par Louis de Funès, dans Fantômas se déchaîne.

Jusqu’alors fictives, les « voitures volantes » pourraient bien devenir réalité dans un futur proche et s’immiscer dans un espace aérien déjà bien encombré. En effet, les constructeurs automobiles multiplient ces derniers temps les partenariats et projets avec une industrie aéronautique appelée, elle aussi, à se transformer.

Coopération technologique ou nouveaux modèles ?

Mi-juin, à la veille de la 54e édition du Paris Air Show, c’est-à-dire du Salon aéronautique de Paris-Le Bourget, Renault présentait dans un hangar éphémère bâti dans l’enceinte de l’aérodrome nord-parisien son nouveau SUV-coupé haut de gamme. Un véhicule appelé… Rafale. Un nom bien connu des militaires et civils passionnés d’aviation puisqu’il s’agit de celui du célèbre avion de chasse signé Dassault Aviation.

Imaginé au milieu des années 1970 et mis en service dans le ciel français, européen (Croatie, Grèce) et international (Égypte, Émirats Arabes Unis, Inde, Indonésie, Qatar) un quart de siècle plus tard. Un hasard qui n’en est pas vraiment un puisque l’ex-Régie utilisait déjà ce patronyme avant-guerre, du temps où son fondateur Louis Renault motorisait et produisait les avions Caudron.

S’il est plus probable de voir le nouveau Renault Rafale évoluer sur une autoroute que sur une piste de décollage, le destin de la future Renault 4 E-Tech pourrait être tout autre.

En 2021, à l’occasion du 60e anniversaire de la Renault 4, les équipes de The Arsenale ont imaginé ce que pourrait donner une version volante de ce petit véhicule culte. Le résultat – AIR4 – est une sorte de gros drone : un VTOL pour « Vertical Take-off and Landing ». C’est-à-dire un avion à décollage et atterrissage vertical.

« AIR4 n’a pas besoin de roues pour se déplacer. Il utilise quatre doubles hélices, une à chaque coin du véhicule. Le châssis est posé au centre du cadre et le conducteur peut prendre place dans l’habitable en le levant. AIR4 est alimenté par des batteries lithium polymère de 22 000 mAh et peut atteindre une vitesse maximale de 26 m/s avec une inclinaison de 45° pendant le vol et peut voler jusqu’à 700 m d’altitude », détaillaient alors ses concepteurs.

Comme l’industrie automobile, l’aéronautique se réinvente

Renault Group collabore également avec l’avionneur européen Airbus depuis 2022 en matière de batteries du futur et de stockage de l’énergie.

« Pour la première fois, deux leaders européens issus de secteurs différents partagent leurs connaissances techniques pour façonner l'avenir des avions hydrides-électriques. L'aviation est un domaine extrêmement exigeant en termes de sécurité et de consommation d'énergie, tout comme l'industrie automobile. Nos équipes d'ingénieurs échangent [ensemble] pour faire converger des technologies transversales qui permettront à la fois d'exploiter des avions hybrides et de développer les véhicules de demain », précisent conjointement Gilles Le Borgne et Sabine Klauke, respectivement directeurs de l’ingénierie Renault Group et Airbus.

Des recherches qui pourraient aussi bien servir la cause de l’industrie automobile ainsi que celle de l’industrie aéronautique, contrainte également de se réinventer sous la pression du réchauffement climatique. Du côté du groupe franco-italo-américain Stellantis, la course aux nuages a également débuté.

S’imposer sur la route comme dans les airs

Voilà deux ans maintenant, le groupe automobile dirigé par Carlos Tavares a pris une participation dans Archer, une jeune entreprise américaine développant l’eVTOL Midnight. Un aéronef 100 % électrique affichant 160 km d’autonomie et capable d’embarquer quatre personnes à bord en plus de son pilote. À présent, « Stellantis et Archer travaillent ensemble à la construction du site de production de l’aéronef », indiquent les deux partenaires.

« Avec une surface initiale de 32 000 m² et une capacité de production allant jusqu’à 650 aéronefs par an, l’usine peut être étendue de plus de 51 000 m² supplémentaires pour soutenir une production qui pourra atteindre jusqu’à 2 300 aéronefs par an », ajoutent-ils. En outre, Stellantis va apporter « jusqu’à 150 millions d’euros en fonds propres qu’Archer pourra utiliser à son appréciation en 2023 et 2024, sous réserve de la réalisation de certains objectifs », indique un communiqué financier.

Selon Carlos Tavares, « le renforcement de notre partenariat avec Archer en tant qu’investisseur stratégique et nos plans visant à développer notre participation au capital de l’entreprise sont la preuve que Stellantis ne cesse de repousser les limites pour offrir à tous des solutions de mobilité éco-responsables, sur la route comme dans les airs ».

Un marché évalué à 1,3 billion d'euros

Ce marché de la mobilité durable aérienne est évalué à 1,3 billion d’euros d’ici 2040 par Morgan Stanley. Un secteur qui aiguise donc l’appétit d’autres constructeurs.

Le groupe coréen Hyundai Motor Group, disposant d’une division mobilité aérienne nommée Supernal, a ainsi signé un accord avec le motoriste aéronautique Rolls Royce Holdings portant sur le développement de moteurs à hydrogène et la conception d’un avion, ou taxi volant, carburant à l’H2 dont les premiers essais sont attendus courant 2025.

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