Les nuisances sonores automobiles : une problématique qui fait grand bruit

Les nuisances sonores automobiles : une problématique qui fait grand bruit

À noter qu’une augmentation de 3 dB seulement correspond à un doublement du bruit, et une augmentation de 10 dB à sa multiplication par dix !

© Adobe Stock

Notre quotidien, encore plus quand celui-ci est urbain, s’émaille de nuisances acoustiques dont la voiture fait partie. Une pollution impactant la santé de tous bien que le véhicule électrique, plus silencieux, soit amené à changer la donne. Nous avons donc prêté l’oreille aux acteurs du secteur...
Le bruit est un problème de santé publique global. En Europe, 20% de personnes se voient exposées à des niveaux sonores trop élevés et dangereux pour la santé. En France, où l’engouement pour le tunning est (fort heureusement !) retombé, plus de la moitié de la population (54 %) considère de son côté que le bruit des transports est la principale cause de nuisances sonores d’après une enquête TNS/Sofres.
Or, selon l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la pollution sonore provoque des dommages sanitaires irréversibles du type stress, fatigue, acouphènes et, à long terme, dépression ou maladie cardiovasculaire. Des complications auxquelles s’ajoute une dimension économique puisque, d’après une étude menée en 2021 par l’ADEME (Agence de la transition écologique) et le CNB (Centre national du bruit), la pollution sonore coûte chaque année 155,7 milliards d’euros à la France, en soins notamment.

Le silence des autos

Par conséquent, « cela fait des années que le secteur automobile s’inscrit en pointe sur l’acoustique. C’est même l’un des domaines les plus avancés sur cette thématique », fait remarquer Ludovic Barbeau, responsable commercial du Cevaa, centre d’essai et de simulations dédié à l’activité vibration et acoustique depuis 25 ans au sein du groupe 6NAPSE. « L’aspect « confort sonore » est aujourd’hui très travaillé», et les constructeurs s’appuient sur les bonnes pratiques développées par chacun », note également l’expert. Des tests phoniques auxquels procède déjà en amont la plupart des constructeurs, comme Skoda.
Pour la marque tchèque, qui dispose de laboratoires et d’installations de pointe en matière d’acoustique, l’insonorisation constitue une véritable science. Pour cause : « toutes les parties d’une voiture peuvent engendrer des vibrations. Nous effectuons donc des simulations de cas et nous testons la voiture en laboratoire avec des équipements reproduisant le roulement de la voiture avant une dernière phase de validation sur route pour vérifier les mesures obtenues. Ces vérifications nous servent ensuite à obtenir le feu vert pour produire un véhicule selon l’homologation de la région », avance Patrik Wertheimer, chef du département technique et responsable de la physique des véhicules chez Skoda.
Au Cevaa, les mesures acoustiques sont, elles, menées dans une chambre semi-anéchoïque. « Le véhicule est positionné sur un tapis reproduisant la route afin de hiérarchiser différents niveaux de bruits et répondre au cahier des charges acoustiques des constructeurs », explique Ludovic Barbeau.

VE et constructeurs : la mélodie du bonheur ?

Pour atténuer les nuisances sonores automobiles, rien ne vaudrait les VE. Ce constat, le programme Advenir, accompagnant l’adoption de l’électromobilité, le dresse au travers d’une ingénieuse et ludique initiative : l’Electric Box.
Itinérante et mobile sur divers salons comme le Mondial de l’Automobile ou la Foire de Paris, cette installation faites de trois caissons « propose des immersions sonores d’anticipation pour prendre conscience du volume sonore en fonction du volume de VE dans le parc roulant » précise Ludovic Coutant, responsable du programme Advenir formations porté par l’Avere-France. « Le sujet n’a en effet rien d’anodin car la voiture est un objet du quotidien qui crée un bruit ambiant pouvant gêner les habitants mais aussi la faune d’un écosystème. Or, les émissions sonores d’un VE s’élèvent à hauteur de 56 dB, soit un lave-vaisselle, ce qui est drastiquement moins que le bruit des thermiques, environ 8 fois supérieur. »
« Effectivement, le véhicule électrique est moins bruyant que son équivalent thermique. Toutefois, on peut noter l’émergence de bruits parasites qui, avant, se trouvaient couverts par le bruit du moteur, à l’image d’une boîte à gants qui claque ou de balais essuie-glace qui couinent », nuance Ludovic Barbeau. Dès lors, « les industriels mais aussi les équipementiers travaillent main dans la main pour convenir aux requis sonores de plus en plus exigeants. De nouveaux composites nous font en effet découvrir de nouvelles propriétés acoustiques au-delà de l’automobile avec des domaines liés au ferroviaire, à l’aéronautique et même dans le secteur de la Défense où l’électrique commence à être évoqué » conclut Marion Duval, responsable communication du Groupe 6NAPSE.

Retrouvez l'intégralité de cette enquête dans le magazine L'Automobile & L'Entreprise n°287

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