Le rétrofit entre dans une phase d’accélération.
Malgré des débuts difficiles, les opérateurs du rétrofit croient en leur avenir. En attendant un soutien du gouvernement, soutenus par leur fédération, Mobilians, ils développent leurs offres et leurs services. La filière promet de se structurer avec une meilleure mutualisation entre opérateurs.
On compte en France une vingtaine d’opérateurs dans le rétrofit, tous convaincus du fort attrait de cette conversion d’un véhicule thermique en un électrique de la part des consommateurs… les carnets de commandes seraient pleins. Reste à ces rétrofiteurs de s’organiser pour répondre à la demande. Une affaire pas si simple pour une filière naissante qui manque cruellement de moyens pour se développer et multiplier leurs offres.
On compte à ce jour un millier de véhicules rétrofités sur nos routes. Et les ambitions sont grandes. Concernant les véhicules particuliers et les 2-3 roues motorisés, si aujourd’hui six systèmes de rétrofit sont homologués, 17 systèmes sont actuellement en développement et neuf autres en cours d’homologation. Au total, ce sont ainsi 32 systèmes qui seront disponibles à horizon 2025, ce qui permet de projeter un parc et 2-3 roues rétrofités à ce même horizon, de plus de 11 000 véhicules.
S’agissant des véhicules utilitaires légers, trois systèmes de rétrofit sont aujourd’hui homologués, trois autres sont en voie d’obtention de leur homologation, 17 systèmes sont à l’heure actuelle en recherche et développement, soit à horizon 2025, 23 systèmes de rétrofit VUL homologués. Ainsi, les acteurs du rétrofit projettent près de 8 000 VUL rétrofités d’ici à 2025.
Une aide gouvernementale de 6 000 euros en projet
Pour parvenir à ce changement d’échelle, les opérateurs espèrent profiter d’un plan d’aide du gouvernement. Le 24 mai dernier, l’État a annoncé l’intégration du rétrofit comme une des solutions à la décarbonation des transports. Une enveloppe budgétaire pouvant atteindre 20 millions d'euros a été débloquée. Une aide pouvant aller jusqu’à 6 000 euros pour l’acquisition d’un véhicule particulier rétrofité et de 10 000 euros pour l’achat d’un VUL est à l’étude. Le gouvernement doit trancher à l’automne prochain.
Il faudra bien cela pour convaincre les automobilistes de franchir le pas car le rétrofit reste coûteux, bien que deux à trois fois moins cher que l’acquisition d’un véhicule électrique. Il faut compter entre 15 000 et 25 000 euros pour convertir son véhicule selon la taille de la batterie désirée. La batterie représente à elle seule 40 % du coût. Pour un VUL, la dépense va de 25 000 à 30 000 euros. Une conversion prend une vingtaine d’heures.
L’État y croit. Il souhaite accompagner la structuration de cet écosystème à travers la mise en réseau des entreprises, en encourageant la mutualisation des investissements. Développer un kit qui pourrait équiper quatre modèles de véhicules représente un investissement de 120 000 euros. Pour abaisser cette somme, les opérateurs cherchent à standardiser les équipements, en particulier la batterie.
Une task-force pour structurer et accélérer
Une task-force sera très prochainement initiée. Au programme : simplification des démarches d’homologation, multiplication des laboratoires délivrant les certificats de conformité des équipements pour accélérer les homologations, l’instauration d’une réglementation permettant l’homologation à l’échelle européenne et simplification d’accès aux données véhicules de la part des constructeurs.
La révision de l’arrêté de mars 2020 est actuellement en cours avec l’idée de simplifier les possibilités de rétrofit et d’introduire des flexibilités techniques et administratives. Cette révision pourrait également permettre un élargissement des plages de puissance afin de couvrir un plus grand nombre de types de véhicules avec une même homologation. D’autres leviers sont également à considérer, comme la prolongation de la validité des homologations partielles des packs batteries. Le projet d’arrêté modificatif vient d’être mis en consultation par le gouvernement.
Avec l’aide de Mobilians, dont les acteurs du rétrofit sont désormais adhérents, la filière travaille sur la formation professionnelle, la projection de cette activité en termes d’emplois ainsi que les passerelles et nouvelles activités que constitue le rétrofit pour les autres métiers de services. On pense en premier lieu aux acteurs de l’entretien-réparation automobile qui pourraient composer le réseau d’installateurs. Plus qu’une spécialisation, rétrofiteur pourrait devenir un nouveau métier des services de l’automobile.