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Les outils numériques, nouveaux alliés de la chaîne logistique

Antonin Moriscot

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Les outils numériques, nouveaux alliés de la chaîne logistique

À l’heure où les flux de marchandises sont de plus en plus nombreux et les délais réduits entre commande, expédition et réception, il est important de mettre en œuvre des procédures garantissant la traçabilité des colis. (image d'illustration)

© Unsplash - CC

Garantir les délais de livraison, la traçabilité des colis, programmer les tournées des conducteurs et identifier les véhicules en mouvement ou encore informer le client final de l'avancée des opérations, tels sont les nouveaux défis auxquels doivent faire face les logisticiens... qui s'appuient pour y parvenir sur les télématiciens. 

La livraison de biens et de marchandises remonte à la nuit des temps. De toujours, des denrées ou autres objets variés ont été transportés entre les villes et les campagnes ou inversement, d’un bout à l’autre du territoire. La logistique du dernier kilomètre est également une activité maîtrisée depuis de nombreux siècles. Pour s’en convaincre, il suffit de se plonger dans l’histoire des services postaux européens, héritiers d’une organisation datant de l’Empire romain. Néanmoins, force est de constater, dans le monde contemporain, que les flux traités ne sont plus du tout les mêmes. En courrier, comme en colis. En BtoB comme en BtoC et même en CtoC. Et la pandémie de Covid-19 est encore venue accélérer les choses puisque désormais, les consommateurs s’attendent à ce que tout ou presque (vêtements, courses, nourriture, …) leur soit amené sur le pas de leur porte le plus rapidement possible.

« Le marché du colis est en pleine forme suite au report des consommateurs vers la vente en ligne, dopant les envois en BtoC notamment lors des confinements et des fêtes de Noël. Les volumes de colis traités en France (domestique et import) ont bondi de 12,6 % en 2020. Les revenus ont augmenté de 13 % à près de 7,5 milliards d’euros. Nous estimons à 1,8 milliard d’euros le marché du dernier kilomètre (sur la partie colis). Déjà bien enclenchée avant la crise, la dynamique des ventes en ligne se confirmera. Le report des consommateurs vers le e-commerce étant désormais ancré dans les comportements d’achat. Dans ce contexte, nous prévoyons une hausse de 8 % par an en moyenne des volumes de colis distribués en France (domestique et import) entre 2021 et 2025 », fait savoir Alexandre Boulègue, directeur du bureau d’études Xerfi France, dans un billet de blog publié sur le site de cet institut d’études économiques.

Piloter les flux

Pour faire face à ces flux toujours plus nombreux, tous les acteurs de la logistique – les expressistes comme UPS, DHL, FedEx ou encore Chronopost, les transporteurs, les distributeurs tels que La Poste ou Amazon – ont dû investir et s’équiper en solutions numériques permettant d’assurer la traçabilité des marchandises en transit. De l’entrée dans les dépôts ou plateformes logistiques jusqu’au client final.

« La digitalisation est une brique importante dans nos métiers », relève Delphine Janicot, directrice marketing et communication d’Urby. Filiale de La Poste de la Banque des Territoires créée en 2018, l’entreprise « est venue compléter le réseau des opérateurs existants en s’occupant du premier et du dernier kilomètre dans les zones urbaines denses », résume-t-elle, avec comme credo l’optimisation des coûts de transport et de l’empreinte carbone. Ainsi, la flotte d’Urby est composée de véhicules à faibles émissions carburant au GNV, à l’électricité… ou à la force des mollets dans le cas des vélos-cargos. « Chez Urby, nous avons fait le choix de travailler avec des outils du marché et non de développer nos propres systèmes. Nous fonctionnons avec le TMS [un système de gestion des transports, ndlr] Teliae qui est un choix référent dans le monde de la messagerie. Ce système permet la réception des ordres de commande des clients et d’assurer la traçabilité des livraisons jusqu’au client final : en BtoB comme en BtoC. Que la livraison soit assurée en 19 tonnes comme en vélo-cargo ». Mais alors, la télématique embarquée peut-elle apporter quelque chose dans le pilotage de la flotte ou de l’activité ? Pour Delphine Janicot, la réponse est plutôt non. « Nous disposons d’assez d’informations via le TMS. Ce système permet d’ailleurs de calculer le bilan CO2 de nos livraisons pour les clients mais aussi en interne », ajoute encore la directrice marketing.

Renseigner les clients

User d’outils numériques permet également à l’encadrement de mieux communiquer avec les chauffeurs-livreurs avancent plusieurs acteurs. « Il est essentiel de savoir si les missions ont été accomplies ou non et, dans ce cas-là pourquoi », relève Beatriz Dutra-Maguilla, chef de produit chez Ocean – Orange Business Services. La filiale de l’opérateur téléphonique dédiée à la gestion de flotte finalise actuellement une évolution de sa plateforme pour mieux piloter la gestion des tournées des livreurs. L’idée est de proposer « un planning de mission pour savoir qui fait quoi et répondre aux urgences, aux imprévus et identifier quelles sont les équipes capables de prendre le relais en cas d’indisponibilité », est-il encore précisé.

Dans le cadre d’activités de messagerie, « les gestionnaires doivent pouvoir trouver le véhicule le plus proche du client » pour accepter de nouvelles missions et inversement « renseigner leurs clients des horaires d’arrivée des livreurs par l’envoi de liens temporaires contenant ces informations », ajoute encore Beatriz Dutra-Maguilla. Des évolutions qui devraient être déployées d’ici à la fin de l’année.

Pour optimiser les tournées, « la télématique est indispensable », souligne François Denis, le directeur de Geotab France dont les solutions adaptées aux véhicules particuliers, aux utilitaires ou encore aux poids lourds permettent de « prévoir les tournées, les optimiser en temps réel, les adapter, re-router les chauffeurs ou leur envoyer des messages en temps réel », explique-t-il.

Au service de la relation employeur

« Les exploitants de ces entreprises ne peuvent pas prendre le risque que les tournées ne soient pas terminées ! », tonne François Denis. Néanmoins, si cela arrive, il faut comprendre pourquoi. « Le chauffeur est le seul à constater la faisabilité de sa journée de travail », abonde David Babin, CEO d’Ubiwan dont les solutions digitales développées depuis 2006 permettent de standardiser les informations traitées, suivre la facturation des biens échangés et géolocaliser la livraison. Néanmoins, « en matière de télématique, le salarié est moteur et non exécutant. Nos outils permettent de guider les chauffeurs : livrer les colis, scanner les codes-barres, recueillir les signatures et photographier des preuves de distribution », explique-t-il.

Des flottes de livraison toujours plus vertes      

La transition énergétique des flottes de livraison est une réalité. Pour garantir leur accès aux centres-villes, les logisticiens ont amorcé le basculement de leurs flottes vers des véhicules à faibles émissions. En remplacement des utilitaires diesel jusqu’alors utilisés, les entreprises se tournent soit vers le GNV soit vers l’électrique. DHL Express vient de faire l’acquisition de 150 VUL zéro émission supplémentaires. Ainsi, d’ici à la fin de l’année, 25 % de son parc (soit 300 véhicules) sera 100 % électrique. Dans ses cartons, l’entreprise prévoit de déployer 75 % de véhicules « propres » en 2025 et 90 % d’ici à 2026. Chez DPD Group, la transition passe par un plan à 200 millions d’euros. Quelque 7 000 véhicules alternatifs doivent être déployés en Europe d’ici à 2025. Il s’agit de VUL électriques ou carburant au gaz naturel mais aussi de vélos-cargos. Dans la foulée, 3 600 points de charge seront également installés sur les sites de l’opérateur. UPS et Amazon affichent également de grandes ambitions en matière de verdissement.

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