Mobilians veut préserver la mobilité des Français

Alexandre Guillet

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Mobilians veut préserver la mobilité des Français

Avec le véhicule électrique comme unique bras armé, les objectifs de transition énergétique de la France ne sont pas tenables.

Le gimmick électoral de la voiture électrique à 100 euros par mois a fait long feu. En clair, personne n’y croit. D’une manière générale, un volume de 100 000 voitures est une goutte d’eau dans un océan de mazout. Mobilians fait l’effort d’envisager des solutions, mais les marges de manœuvre sont étroites, pour dire le moins.

L’annonce d’un leasing social pour ne pas exclure les plus humbles de l’accès aux véhicules électriques a rempli son rôle, le buzz et la bonne conscience d’avoir eu une pensée pour les classes défavorisées. Mobilians s’est néanmoins penché sur la question. D’un point de vue technique, financier s’entend, aucun acteur n’arrive à résoudre l’équation des 100 euros par mois, sauf à utiliser des stratagèmes de glaces déformantes. D’un point de vue plus général, l’ambition de la mesure semble limitée. Un volume de 100 000 voitures ne va rien changer sous l’angle de l’environnement et de la santé publique. Du coup, Xavier Horent et Marc Bruschet, respectivement délégué général et président du métier des concessionnaires VP de Mobilians, estiment que cette enveloppe de 50 millions d’euros pourrait être mieux utilisée, pourquoi pas pour aider à la modernisation des entreprises des services de l’automobile. Prônant le bon sens, ils avancent néanmoins quelques pistes de travail comme « l’articulation du leasing social avec le bonus et la prime à la conversion, dans son esprit de première période, et un soin particulier porté à la répartition des efforts entre différents acteurs ». Un bonus qu'ils n'imaginent pas un seul instant remis en question au 1er juillet 2022, soit dit en passant.

Ouvrir le dispositif aux véhicules Crit'Air 1, dont les VO

Marc Bruschet explore même plusieurs voies techniques pour tenter de faire baisser la mensualité : « On peut travailler sur l’allongement de la durée, en privilégiant la LOA plus que le crédit classique et la LLD. On peut aussi réduire l’assiette, ce qui nécessite des aides de l’État, par exemple, une nouvelle prime à la conversion intégrant les véhicules Crit’Air 1 et les VO récents, mais aussi un travail spécifique sur les valeurs résiduelles, qui pourraient être garanties par l’État ».

On ne peut pas faire Majax avec le parc roulant

En somme, Mobilians voit plus loin et à raison, répétant à l’envi que la transition énergétique ne peut pas reposer sur les seuls véhicules électriques (BEV et PHEV) : « Les véhicules électrifiés (BEV et PHEV) ne peuvent suffire pour atteindre l’objectif fixé par le gouvernement, d’un loyer de 100 euros par mois, car ils représentent une volumétrie insuffisante (20 % du marché du véhicule neuf sur les cinq premiers mois de l’année de 2022, soit 300 000 véhicules en année pleine) et un prix trop élevé ».

Le recours aux véhicules Crit’Air 1 permettrait de sortir de l’impasse, ouvrant un potentiel de 10,6 millions de voitures. Toujours insuffisant, mais plus accessible et porteur d’un impact plus significatif.

Ne pas sponsoriser les voitures « chinoises »

Mobilians suggère que le plafond, en termes de prix d’achat du véhicule soit au minimum de 40 000 euros, hors aides. Il s’agit d’intégrer dans le dispositif les véhicules de segment C et les véhicules électriques de segment B. L’organisation patronale juge aussi logique de favoriser les voitures produites en Europe et en France. L’offre électrique Entry de Dacia est à 19 000 euros avec la Spring, mais la citadine est fabriquée en Chine…

Ne pas trop jouer avec la cocotte-minute sociale

La direction de Mobilians met aussi en garde contre le risque de dérapage social en lien avec le droit universel à la mobilité, les gilets jaunes étant encore présents dans les esprits. Or, il y a une décorrélation grandissante entre le pouvoir d’achat des Français et le prix des voitures : les prix des VN ont progressé de 16 points entre 2011 et 2019 et le taux d’effort a explosé de 20 points. De surcroît, le taux des ménages acheteurs de VN est passé de 7 % en 2000 à 4,7 % en 2011, puis à 2,6 % en 2019. À cela s’ajoutent les ZFE qui réduisent la liberté de circulation d’un potentiel de 15 à 16 millions de voitures. « Le volume des véhicules à traiter est très important et il y a très peu de temps pour s’y atteler, deux ans. Avec un pouvoir d’achat que l’on sait en berne », soulignent Xavier Horent et Marc Bruschet qui estiment que l’État doit débloquer des aides à la hauteur de ses objectifs environnementaux : « Les aides de l’État doivent donc être maintenues, voire augmentées : la prime à la conversion version 200 000 dossiers pourrait être réinstaurée dans ses montants (jusqu’à 5 000 euros), en ramenant le plafond de grammage aux Crit’Air 1 (128 g de CO2/km en WLTP), et modulée selon un revenu fiscal par part de 18 000 euros (cinquième décile inclus) ». Bruno Le Maire vient pourtant d’estimer que le niveau d’alerte venait de sonner pour les finances publiques de la France… Reste enfin à s’inscrire dans une perspective de temps long, avec des jalons calendaires plus réalistes que dogmatiques. Vu l’air du temps politique du moment, m’est avis que c’est un vœu pieux.

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