Goodwatt est un programme conçu par « Mobilités demain », une start-up spécialisée dans l’accompagnement vers les nouvelles mobilités.
© Goodwatt
Tester le vélo électrique, c’est l’adopter ! Tel est le credo de ce programme qui prête des vélos à assistance électrique aux entreprises. Des tests grandeur nature pour se décider, en toute connaissance de cause, à pédaler plutôt que conduire jusqu’au bureau.
Et si les entreprises avaient tout faux en abordant le vélo ? La question, certes provocatrice, mérite d’être posée en trouvant des pools de vélos flambants neufs mais sous-utilisés. Le mauvais temps, le relief trop accidenté, les enfants à déposer à l’école avant le travail ou encore l’effort physique, ont dissuadé les volontaires de troquer leur voiture contre un vélo pour leur trajets domicile travail. De ce constat est né Goodwatt, un programme conçu par « Mobilités demain », une start-up spécialisée dans l’accompagnement vers les nouvelles mobilités, elle-même filiale de « Energies demain », un cabinet de conseil dans la transition énergétique des territoires. L’objectif de Goodwatt est de surmonter les obstacles à l’utilisation du vélo car le choix de ce moyen de transport apparaît comme le plus rationnel dans bien des cas. « Un tiers des salariés, soit 7,5 millions de personnes, vivent et travaillent dans la même commune. Dans 51 % des cas, le trajet domicile-travail est alors effectué en voiture », constate l’INSEE*. Sur un trajet urbain inférieur à cinq kilomètres, emprunter un vélo à assistance électrique (VAE) permet d’arriver à destination en une quinzaine de minutes. La voiture individuelle ou le scooter ne font pas mieux, d’après l’Ademe. Cependant, une mauvaise expérience individuelle suffit à balayer tout l’argumentaire. Ainsi a surgi dans l’esprit des instigateurs de Goodwatt l’idée d’un test suffisamment long pour que chaque salarié puisse savoir si le choix de la mobilité cyclable lui convient bel et bien.
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Des prêts presque gratuits
Mobilités Demain a remporté un appel à projets du ministère de la transition écologique, baptisé « O’vélO ! ». Elle a ainsi obtenu des certificats d’économie d’énergie (CEE), qui financent une flotte de prêt de quelque 600 VAE ainsi qu’un accompagnement. Pas question en effet de « distribuer » des vélos à l’aveugle. Le processus débute par cinq questions en ligne destinées à cerner la motivation et le profil de déplacements des salariés. Goodwatt propose ensuite une sensibilisation de tous les salariés, avant un mois de test pour une vingtaine de « happy fews ». « Nous recevons parfois plusieurs centaines de demandes donc nous privilégions les automobilistes en tenant compte d’une distance maximale à parcourir de 12-13 kilomètres ainsi que de la possibilité de sécuriser son vélo la nuit », détaille Elodie Frémaux, directrice marketing & digital de Mobilités Demain. Les testeurs ne sont pas « lâchés dans la nature » avec leur VAE : une heure de formation pratique leur apprend à circuler en sécurité. « Le jour de la remise, on présente le vélo, on le règle et on explique les équipements », ajoute la directrice. Le cycliste repart avec tout le nécessaire : casque, y compris pour les enfants (possibilité d’opter pour un vélo à selle rallongée), cadenas, support pour le smartphone, histoire de garder un œil sur l’application de coaching qui planifie l’itinéraire, donne des conseils, mesure la progression, vient à la rescousse en cas d’urgence.
Le jeu en vaut la chandelle
Pour l’employeur, 85 % du coût est pris en charge par les CEE, ce qui réduit la facture d’un test à 3 500 €. Six mois plus tard, Goodwatt fait un bilan de l’expérimentation. « Plus de 3 000 salariés ont déjà bénéficié du programme dont une immense majorité d’automobilistes, affirme Elodie Frémaux. Six mois plus tard, plus d’un sur deux utilise le vélo plusieurs fois par semaine et pas uniquement pour ses trajets/domicile travail. » Les 200 employeurs qui ont été accompagnés peuvent en tirer des enseignements pour adapter leurs politiques de mobilité : installation de pools de vélos, vélos de fonction, forfait mobilités durables (FMD)… Autant de besoins auxquels Goodwatt peut répondre grâce à un réseau de partenaires même si le test n’engage à rien avec elle.
Les entreprises intéressée par l’expérience Goodwatt devront faire vite car les CEE ne sont disponibles que jusqu’à la fin de l’année. Ensuite, le programme perdurera sans subvention. Un mal pour un bien puisque Goodwatt pourra prêter des flottes de plus de 20 VAE pour des tests encore plus significatifs.
En Saintonge, la communauté hospitalière convaincue
« Les participants ont parcouru 2 236 km et économisé 254 kg de CO2 », explique Renaud Tapon, responsable logistique, mobilité et environnement des centres hospitaliers de Saintes et de Saint-Jean-d’Angély. Sur 75 volontaires, une vingtaine vient de rouler en VAE pendant un mois grâce à Goodwatt. « Des médecins, des agents administratifs, des techniciens, des soignants, hommes et femmes, âgés de 21 à 64 ans », précise-t-il. Avec des horaires différents, parfois des enfants à déposer à l’école. En revanche, tous les participants sont des automobilistes habitant à moins de dix kilomètres de leur travail. A l’issue du test, ils ont noté l’expérience 9,5/10. Désormais, 80 % se disent convaincus par le VAE et 11 salariés veulent en acquérir. Le responsable de la mobilité travaille sur un plan de mobilité avec une prime qui pourrait abonder le FMD existant. Autre mesure envisagée, la mise à disposition de quelques vélos de fonction et en pool ainsi que des stationnements sécurisés. Là encore grâce à des CEE mais provenant d’un autre programme, « Alvéole Plus ».